«Les développements, extrêmement préoccupants», de la situation sécuritaire à Tabankort, «sont de nature à mettre en péril le processus de paix en cours à Alger», ont affirmé les deux parties, dans un communiqué conjoint, publié tard dans la journée du jeudi. M. Lamamra et M. Hamdi Mongi ont appelé à «la cessation immédiate des hostilités, l'arrêt de tout acte de harcèlement et de violence envers la population civile, le respect de la libre circulation des personnes et des biens et l'arrêt de tout acte ou propos provocateur pouvant nuire au renforcement de la confiance entre les parties» impliquées dans cette crise qui perdure depuis cinq décennies. Les deux diplomates ont demandé, à l'issue de leur première rencontre jeudi, aux groupes politico- armés du Nord et aux autorités de Bamako de «favoriser la création d'un climat de sérénité et de confiance, nécessaire à la reprise, dans le courant du mois de février, du processus de paix en cours en vue de parvenir dans les meilleurs délais à un accord global et définitif, seul à même de permettre le rétablissement de la paix et la lutte efficace contre le terrorisme et le crime organisé», a ajouté le communiqué, dont des extraits ont été repris par l'APS. Le quatrième round des négociations de paix était programmé initialement pour la mi-janvier, mais la montée des tensions qui ont viré à l'affrontement armé entre groupes politico-armés interposés, impliquant parfois l'armée malienne et, depuis moins d'une semaine, les soldats de la Minusma, a conduit à son report. La Mission onusienne était pourtant censée protéger les populations civiles en cas d'attaques armées et coordonner les efforts de paix dans le Nord-Mali. Mais cette fois, soupçonnant des rebelles touareg et arabes, appartenant à la Coordination des mouvements de l'Azawad, d'être derrière une récente attaque contre un de ses camps, la mission onusienne a effectué plusieurs raids aériens, tuant une personne et blessant au moins trois autres individus qui roulaient à bord d'un pick-up à Tabankort. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad, ainsi que le Mouvement arabe pour l'Azawad (MAA) ont accusé la Minusma de les avoir attaqué alors qu'ils étaient en train de combattre un groupe terroriste relevant du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Le Mnla a ouvertement accusé Bamako d'être derrière les dernières attaques contre les positions des membres de la CMA, en se servant du Groupe d'autodéfense des touareg de l'Imghad et de leurs alliés (Gatia). Jeudi, Ramtane Lamamra et Hamdi Mongi ont appelé aussi bien les groupes armés que les autorités maliennes au «respect des engagements pris en vertu des accords de cessez-le-feu, la tenue de toute urgence, d'une réunion de la commission technique mixte de sécurité (Ctms) en vue de prendre les mesures devant assurer des dispositions pertinentes de l'accord du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre convenues le 13 juin 2014, notamment dans les localités de Tabankort, Intilit, Tissit et Tarkint». La France, directement impliquée dans le Sahel, via son opération Barkhane, associant cinq pays de la région (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso), avait émis le vœu de voir les parties maliennes signer un accord de paix définitif avant janvier. Mais cela n'a pas eu lieu malheureusement. Paris est par ailleurs accusé par Rabat de monopoliser, avec Alger, le terrain des négociations dans cette interminable crise malienne, selon le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, paru cette semaine. Le Maroc ne fait pas partie des pays participants au Dialogue inclusif inter-malien d'Alger, ce qui n'empêche toutefois pas le Mnla d'organiser en fin de journée d'hier un point de presse, dans un luxueux hôtel à Rabat, autour de la dernière offensive de la Minusma à Tabankort, la première du genre depuis la mise en place de la mission onusienne au Mali en 2013. L. M.