Guerre diplomatique à Alger, lutte armée dans le Nord-Mali. C'est ainsi que se déroule le processus de paix inter-malien en cette fin du mois d'octobre marqué par une reprise des violences armées opposants le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) et ses alliés au mouvement nouvellement créé, le Groupe d'auto-défense touareg de l'Imghad proche des autorités de Bamako, et ses alliés. Après avoir perdu la semaine dernière sa bataille face au Gatia à N'tillilt, dans le sud-est de Gao, le Mnla aurait continué à perdre du terrain, selon les médias maliens. Samedi, le Gatia aurait pris le contrôle d'une autre localité, Tessit, et se dirigerait désormais vers Kidal, une des plus importantes villes du Nord-Mali où les groupes terroristes islamistes essaient eux aussi de s'implanter, grâce à la complicité de certains habitants de la région. Le Mnla, qui a été contraint à battre en retraite à N'tillilit, avant de se retirer complètement de cette ville, accuse l'armée malienne d'être derrière cette offensive, sous-couvert d'un mouvement acquis à la cause de Bamako. Mais il est difficile de vérifier ces informations et d'apprendre davantage sur le bilan des morts et des blessés à cause de ces nouveaux combats qui interviennent dans un moment crucial des pourparlers d'Alger. Tout porte à croire en effet que les autorités de Bamako aient appuyés l'action armée du Gatia qui, à peine créé, a revendiqué un millier de combattants. Aucune raison ne peut justifier cette offensive des membres du Gatia contre le Mnla, car cela constitue une violation de l'Accord de cessez-le-feu du 24 mai 2013 à Ouagadougou. Rien ne justifie en fait ces nouvelles violences, qui pourraient être interprétées comme une tentative des autorités maliennes de peser sur les discussions d'Alger, en affaiblissant militairement le Mnla et ses alliés de la coalition des groupes politico-militaires de l'Azawad. Il est important de rappeler les déclarations du fondateur du Gatia, Fahad Ag Almahmoud, pour saisir la portée des ces nouveaux combats dans le Nord-Mali. Se disant déterminé à participer au dialogue d'Alger en tant qu'acteur clé, ce dernier a estimé nécessaire la création d'un mouvement armé «d'auto-défense», précisait-il en août dernier. «On ne peut pas être impliqué en tant que communauté tout court. Il fallait nécessairement avoir un groupe armé, comme tous les autres, afin de participer au processus de paix», a déclaré Ag Almahmoud, des propos qui contredisent complètement ce qui se passe aujourd'hui sur le terrain. La reprise des combats dans le Nord-Mali à la veille de l'entame du troisième round du dialogue d'Alger risque de compromettre la conclusion de cet accord de paix, tant attendu, entre Bamako et la coalition des groupes politico-armés, pour stabiliser durablement le Mali et lutter efficacement contre les groupes terroristes islamistes dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Eddine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Le Mujao a revendiqué les récentes attaques qui ont été dirigées contre les camps et les convois militaires de la Mission onusienne de maintien de la paix au Mali (Minusma). L. M.