Pas de place possible pour ceux que la raison a désertés, ne serait-ce que momentanément. Le regard des autres envers cette catégorie est fuyant, rarement compatissant mais souvent un regard d'exclusion tant les maladies mentales font peur. Du point de vue médical, les choses ne sont pas plus reluisantes, ces pathologies souffrant encore d'une prise en charge brinquebalante. On ne s'inquiète pas outre mesure du côté des pouvoirs publics en général et des autorités sanitaires, en particulier, quant aux défaillances qui recouvrent comme une chape la santé mentale, des lacunes qui font de cette dernière le pain bénit des cabinets privés où tout le poids est mis sur la prescription de traitements pouvant aller jusqu'à l'abus de «drogues» de toutes sortes. Ce qui n'est pas toujours du goût des familles qui voient l'état de leur malade s'appesantir davantage avec le temps et au gré des visites. L'état de la santé de manière générale reste déplorable alors que l'on multiplie les déclarations de bonnes intentions, que dire de la santé mentale dont on oublie jusqu'à l'existence et à laquelle on n'accorde pas de l'importance. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les troubles mentaux sont en augmentation et seront la deuxième cause de mortalité et de handicap d'ici à 2020. Les politiques nationales de santé mentale ne doivent pas limiter leur champ d'action aux troubles mentaux, lit-on dans un rapport de l'OMS qui préconise «l'intégration de la promotion de la santé mentale dans les politiques et programmes des secteurs public et non gouvernemental». Cette même organisation tient à œuvrer avec les gouvernements à «l'intégration des stratégies efficaces dans les politiques et les plans», ainsi que la mise en œuvre du plan d'action global pour la santé mentale 2013-2020 à travers l'engagement des Etats membres de l'OMS «à prendre des mesures particulières pour améliorer la santé mentale et contribuer à atteindre les cibles mondiales». Le but de ce plan d'action «est de promouvoir le bien-être mental, de prévenir les troubles mentaux, de dispenser des soins, d'améliorer les chances de rétablissement, de promouvoir les droits fondamentaux et de réduire la mortalité, la morbidité et le handicap chez les personnes atteintes de troubles mentaux». R. M.