Avec 151 unités de production en phase de construction, 80 déjà opérationnelles, dans l'industrie pharmaceutique nationale, la filière connaît un dynamisme particulier, a affirmé le président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar dans un entretien accordé à l'APS. Kerrar regrette, néanmoins, que cet effort d'investissement soit privé d'autres mesures d'accompagnement et d'un cadre organisationnel capable de «canaliser, orienter et encadrer efficacement tous ces investissements anciens et nouveaux et pour leur permettre de prospérer et de servir au mieux l'économie du pays». Plus précis, il cite, entre autres, le système d'enregistrement, «qui ploie déjà sous la charge, risque à coup sûr de constituer un goulot d'étranglement au cours des prochaines années, si des mesures radicales de remise en ordre ne sont pas prises». Il est question également, selon Kerrar, «du contrôle de la qualité, du système des prix et de tous les autres aspects touchant à l'encadrement d'une filière en pleine croissance». Pour assurer les besoins liés au développement de la filière, le responsable estime qu'il faudrait mettre à niveau le cadre réglementaire soulignant que deux aspects «majeurs» doivent être pris en charge. Il s'agit de la rareté actuelle sur le marché des personnels techniques destinés à la production pharmaceutique et «l'écoulement des produits» sur le marché. Pour le premier point, Kerrar juge que le «bon fonctionnement de toutes les unités nouvelles commande une planification sérieuse des besoins massifs en formation de techniciens hautement spécialisés». Ce qui suppose «une adaptation profonde de l'appareil d'éducation-formation en liaison directe avec la profession». Quant à la question de «l'écoulement des produits appelés à être mis à l'avenir sur le marché», il avoue que «malgré de fortes perspectives de croissance», le marché national «va se révéler de plus en plus étroit face au surplus de capacités installées». Il s'agira pour y remédier de fournir «un effort sans précédent .... en vue de trouver de nouveaux marchés et cela commande la définition urgente d'une stratégie nationale impliquant aussi bien les opérateurs nationaux que les services compétents de l'Etat algérien». Kerrar estime même qu'«une action en direction des marchés africains, à titre d'exemple, nous semble particulièrement souhaitable». En outre, le même responsable évoque la récurrente question de la modernisation de l'administration afin d'«anticiper» la nouvelle donne qui s'annonce. S'agissant de la question des prix, Kerrar assure que la politique engagée par les pouvoirs publics «a largement contribué à faire baisser, d'une manière globale, les prix du médicament», bien que cette baisse ne profite pas encore au citoyen «dont le pouvoir d'achat reste encore très faible». Toutefois, «en comparaison avec tous les pays voisins, les prix de nos produits sont parmi les plus bas», soutient-il. Globalement, le responsable de l'Unop affirme que le secteur pharmaceutique est un secteur «extrêmement complexe» qui fait appel à des efforts «continus en termes d'innovation, de recherche et de développement de produits de plus en plus efficaces». S. B.