Des membres du Forum des chefs d'entreprises (FCE), la plus importante organisation patronale du pays, seraient prêts à investir dans le football algérien, en prenant des participations dans les clubs professionnels. «Les opérateurs économiques privés sont disposés à devenir actionnaires dans ces clubs», a déclaré, Ali Haddad, le patron du FCE et président de l'USM Alger, en marge d'une rencontre avec le ministre des Sports, Mohamed Tahmi. Ce dernier a, par la même occasion, rappelé que le rôle de l'Etat, en matière de sport professionnel, «devrait se limiter à l'organisation et à la régulation de l'activité, alors que le financement et la gestion des sociétés sportives incombe aux entreprises économiques». L'annonce a été accueillie avec beaucoup d'espoir par le mouvement sportif, de manière générale, et les milieux du football, en particulier. Cependant, les spécialistes se montrent sceptiques quant à l'aboutissement de cette démarche susceptible de tirer de nombreuses formations de la crise financière qui les plombent depuis longtemps. Les projets et les objectifs des opérateurs économiques ne seraient pas en phase avec les «intérêts» des directions en place au sein des clubs. Les actuels présidents des clubs professionnels, pour l'essentiel hérités de l'époque de l'amateurisme, avaient précédemment repoussé plusieurs offres similaires pour garder leur mainmise sur leurs écuries. Sans exception aucune, nos équipes comptent toujours sur les subventions publiques pour boucler leur comptes. Au bord de la faillite, elles continuent paradoxalement de dilapider de grosses fortunes en gros salaires et autres dépenses de prestige (primes de matchs substantielles, stages à l'étranger, engagement d'entraîneurs de renom). L'argent de l'Etat et des sponsors est, pour ainsi dire, jeté par la fenêtre. Résultat : la majorité des clubs des deux ligues professionnelles, cinq ans après le lancement du projet de professionnalisation, sont déficitaires et le niveau des championnats nationaux est au plus bas. Cette manière de faire ne plaira pas à l'investisseur privé qui mise fondamentalement sur la solvabilité, la rentabilité et la performance de l'entreprise. Dans les conditions présentes, aucun patron n'accepterait de se risquer dans une aventure aussi hasardeuse. Les sociétés sportives doivent, d'abord, donner des gages de bonne gestion, de transparence et management pour drainer véritablement des fonds privés. Les présidents en exercice des Sspa ont-ils les compétences requises pour développer l'attractivité leurs sociétés ? A défaut, sont-ils «disposés» à céder la majorité des actions et le contrôle de leurs sociétés aux investisseurs annoncés ? Peu probable. Avec le lancement du professionnalisme en 2011, nombre d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires avaient affiché un grand intérêt pour reprendre beaucoup de clubs, notamment les plus titrés. Ils ont été vite dissuadés par les «rentiers» en place qui cumulent, pour certains, des décennies de règne sans partage. Accoutumés aux subventions et autres aides publiques, ils abusent de la prodigalité de l'Etat pour s'enrichir et faire des «affaires» sur le dos du contribuable. Pour se soustraire du «piège», l'Etat, par le biais du ministère de tutelle, a récemment annoncé son désengagement total du sport professionnel à partir de 2018. Les patrons des clubs professionnels ont théoriquement un délai de trois ans pour se «professionnaliser» ou céder la main à plus compétent et plus fort qu'eux. On a écrit «théoriquement», puisque d'ici-là beaucoup de choses peuvent changer dans le bon sens comme dans le mauvais. Certains clubs, à l'image du CR Belouizdad, ont décidé d'anticiper et s'apprêtent à ouvrir le capital de leur Sspa. «On mise énormément sur l'ouverture du capital de notre SPA afin de donner une autre dimension au club qui continue de faire face à d'énormes problèmes financiers», a déclaré Redha Malek, le président des blanc et rouge. La décision du CRB et son option pour l'avenir aura-t-elle un effet d'entrainement sur le reste des sociétaires des deux ligues professionnelles ? Cela fait beaucoup de questions. Wait and see. K. A.