Les pouvoirs publics se sont fixés l'objectif d'assainir les activités commerciales informelles. De nombreuses mesures ont été ainsi prises par le ministère du Commerce en concertation avec celui de l'Intérieur et des Collectivités locales. Fin août 2012, les deux parties ont effectivement lancé une large opération d'éradication des marchés informels qui causaient des pertes financières à l'Etat estimées à plus de 10 milliards d'euros par an, selon des données du ministère du Commerce. Ces mesures n'ont toutefois pas donné de résultats probants. Aussi, pour endiguer les activités commerciales informelles, certains experts préconisent-ils le développement, entre autres, de la grande distribution en Algérie. La grande distribution, une activité peu développée dans notre pays, peut ainsi jouer un rôle de régulateur dans le marché et se substituer progressivement au commerce des trottoirs, selon Abdelaziz Aït Abderahmane, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce. Ce type d'infrastructures commerciales présente plusieurs avantages liés en particulier à la régulation des prix, la traçabilité des produits et la création directe et indirecte d'emplois. Selon M. Aït Abderahmane, il faut sensibiliser les opérateurs économiques ayant les moyens de financement de ce type d'activités pour créer ces infrastructures commerciales. Aujourd'hui, faut-il le souligner, l'investissement dans la filière de la grande distribution, aussi bien national qu'étranger, demeure insignifiant, et ce, en dépit de quelques progrès réalisés ces dernières années. Pourtant, deux puissants facteurs favorables auraient dû booster ce créneau. Il s'agit de la consommation des ménages en progression continue et l'ouverture de l'économie nationale sur la concurrence. Seuls trois opérateurs privés ont investi le créneau de la grande distribution Aujourd'hui, la grande distribution est assurée par trois opérateurs privés à savoir le Groupe privé Cevital, via sa filiale Numidis, le Groupe Arcofina via sa filiale Ardis et la Société des centres commerciaux d'Algérie (Scca), gestionnaire du Centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar (est d'Alger). Créée en 2006, Numidis s'est fixée l'objectif de développer la grande distribution moderne en Algérie. Le réseau de distribution de Numidis est composé de six hypermarchés créés sous l'enseigne «UNO Shopping Centre», dont trois sont installés à Alger (Kouba, Rouiba et Bab Ezzouar). Le réseau de distribution de Numidis est composé également de trois hypermarchés régionaux installés à Bouira, Mostaganem et Aïn Defla. L'hypermarché Uno Bouira, inauguré en 2011, traite aujourd'hui plus de 30 000 références de produits et exige pour son exploitation un effectif de 200 à 250 employés. Ouvert en avril 2012, l'hypermarché Uno Aïn Defla, s'étale, lui sur une superficie totale de 68 000 m2, dont 16 690 m2 couverts, et traite également plus de 30 000 références de produits. Le troisième centre commercial régional Uno Shopping Centre est implanté dans la wilaya de Mostaganem. Inauguré en juin 2012, il s'étale sur une superficie totale de 77 000 m2, dont 19 265 couverts. Numidis étudie actuellement d'autres opportunités et projets pour développer les métiers de la grande distribution. L'autre opérateur privé qui a investi le créneau de la grande distribution est le Groupe Arcofina. En juillet 2012, cet opérateur privé a inauguré à Alger son premier centre commercial Ardis. Implanté à proximité du Palais des expositions des Pins maritimes, ce centre commercial s'étend sur une superficie de 10 000 m2 et accueille 80 000 références. La société Ardis, filiale du Groupe Arcofina, prépare aussi l'ouverture de son hypermarché Ardis Oran. Un autre hypermarché Ardis sera également construit à Annaba. Quant à la Société des Centres commerciaux d'Algérie SPA, elle s'est, elle, lancée dans ce marché en ouvrant, en août 2010, son premier centre commercial et de loisirs à Bab Ezzouar (Alger) d'une surface de 100 000 m2, dont 7 000 m2 occupés par l'hypermarché. D'autres projets à Oran, Sétif et Tlemcen seront également lancés par la Société des centres commerciaux d'Algérie. Toutefois, vu l'énorme potentiel que représente le marché de la grande distribution en Algérie, la filière «reste faiblement explorée par les investisseurs algériens et étrangers», s'accordent à dire les professionnels de la filière et les observateurs, lesquels avancent généralement quatre contraintes majeures qui freinent le développement de ce créneau : les coûts élevés du foncier et de l'immobilier, l'inexistence en amont de marchés de gros et de centrales d'achat, la trop grande place du marché informel dans les circuits de distribution et enfin, la «rigidité» de la législation des changes. B. A.