Depuis 2010, s'est formé essentiellement un personnel algérien spécialisé dans la grande distribution, qui a le même niveau de connaissances du métier que les salariés des grandes surfaces en Europe, selon des professionnels du secteur. La grande distribution en Algérie en est à ses balbutiements, au regard du peu de centres commerciaux et d'hypermarchés aux standards internationaux en Algérie. Les pionniers dans ce secteur restent Numidis, la filiale de Cevital, le groupe Dahli et la Société des centres commerciaux d'Algérie qui exploite et gère le centre commercial de Bab Ezzouar. Le premier dispose déjà de trois centres commerciaux à la marque Uno à Bouira, Aïn Defla et Mostaganem. Il exploite en location l'hypermarché du centre commercial de Bab Ezzouar, d'une superficie de 7 000 mètres carrés, depuis 2010. Le second exploite le centre commercial de Mohammadia sous le label Ardis. Ce «temple» de la grande distribution a ouvert en juin 2012. Il comprend un hypermarché d'une superficie de 16 000mètres carrés, d'une galerie commerciale de 11 000 mètres carrés et d'un parc aquatique de 5 000 mètres carrés incluant cinq piscines. La galerie commerciale abrite 46 boutiques, notamment celles des franchises internationales. Le centre commercial comprend également huit restaurants et un parking de 4 000 places. Le plan de développement de ces trois pionniers est ambitieux. Le premier veut ouvrir 15 hypermarchés au niveau des grandes villes du pays, les deux derniers un second centre commercial à Oran. Mais leur élan est freiné par les problèmes de foncier et de bureaucratie. Ces opérateurs de la grande distribution accumulent une expérience d'au moins trois ans dans ce domaine. Le nouveau venu, le groupe Dahli, avait déjà géré le centre commercial de Ruisseau en partenariat avec le grand distributeur français Carrefour. Ces trois pionniers ont développé des métiers nouveaux en Algérie. D'abord une armée de vendeurs et de caissiers. Mais en plus moderne. Le métier de caissier a connu sa révolution aussi puisque il est outillé de logiciels qui lui permettent de voir notamment l'évolution des ventes. Le caissier est formé à l'utilisation de ces logiciels. En l'occurrence, l'hypermarché Uno de Bab Ezzouar a recruté pour ce poste des jeunes de terminale, puis des étudiants , confie un ancien cadre de Numidis. Les «fourmis» dans un hypermarché sont les employés de libre-service. Ils commencent le travail à cinq heures du matin pour qu'à 9 heures, à l'ouverture du magasin, les rayons soient bien achalandés. On a ensuite les chefs de rayon qui sont comme des patrons de PME, regardants sur la rentabilité par mètre carré, sur la rotation des produits. Ils enregistrent les manques de produits, les produits les plus demandés pour qu'ils soient rapidement disponibles sur les rayons. Ils se chargent du réapprovisionnement du rayon, et donc d'effectuer les commandes. Il faut savoir que l'hypermarché est divisé en deux pôles : le pôle agroalimentaire et le pôle non agroalimentaire (cosmétiques, electro-ménager, habillement). On a donc deux directeurs de pôle ou chefs de secteur et une trentaine de chefs de rayon. Ils sont diplômés des écoles de commerce, ont un niveau bac plus 4. Mais cela ne suffit pas. Ils reçoivent des formations en interne pour maîtriser les notions leur permettant de bien gérer le rayon ou le secteur. Les chefs de rayon peuvent toucher entre 45 000 à 55 000 dinars par mois, les chefs de secteur jusqu'à 80 000 dinars par mois. "L'hypermarché de Bab Ezzouar a servi d'école de formation. Parallèlement à leur activité, ils recevaient des cours au sein de l'hypermarché et étaient coachés au départ par des responsables expérimentés qui leur permettaient de régler les problèmes opérationnels qui se posaient dans leur rayon", indique M. Remki, ancien directeur de l'hypermarché Uno de Bab Ezzouar. L'hypermarché Uno de Bab Ezzouar a également servi de support aux centres commerciaux de Bouira, Aïn Defla et Mostaganem. Puisque des chefs de rayon de l'hypermarché Uno ont été nommés directeurs de pôle ou directeurs d'hypermarché À un niveau supérieur, on retrouve le directeur de l'hypermarché, le directeur des ventes, le directeur des achats ou approvisionnement, le directeur informatique. Tous ces métiers sont au cœur de la croissance des résultats des centres commerciaux. Ils peuvent toucher entre 200 000 à 250 000 dinars par mois. D'où viennent-ils ? Cevital a d'abord recruté des cadres français qui ont travaillé dans les grandes enseignes de la grande distribution dans l'Hexagone, puis a tablé sur des Franco-Algériens qui ont accumulé une longue expérience dans le domaine. L'un des premiers directeurs de l'hypermarché Uno de Bab Ezzouar est un diplômé en économie de l'université d'Alger qui a fait ses preuves en France via une formation de manager chez Kiabi. Il a été manager chez Kiabi puis Virgin, en France, avant d'être recruté par Cevital. Le fondateur de Numidis, celui qui a mis sur pied l'hypermarché Uno, M. Korichi, est un Franco-Algérien diplômé d'une grande école en France, il a été manager chez Carrefour avant d'être recruté par Cevital pour lancer l'activité grande distribution de Numidis. On ne peut par ailleurs aborder la grande distribution sans évoquer les plates-formes logistiques, les supports indispensables des hypermarchés ou centres commerciaux en Europe. Cevital est la seule entreprise de la grande distribution en Algérie qui s'appuie sur des plates-formes logistiques. À l'instar de ce qui se pratique en Europe. En effet, la plateforme logistique de Bouira ou d'Oran de Cevital approvisionne ses hypermarchés de Bouira, Aïn Defla et Mostaganem. "Au départ, on était alimenté par la plate-forme d'Oran", confie l'ancien directeur de l'hypermarché de Bab Ezzouar. Elle réceptionne des produits fabriqués par Cevital, comme l'huile, le sucre, la margarine, les eaux minérales, sodas et produits électroménagers, mais également ceux d'autres clients, producteurs de biens en Algérie. Les principaux métiers dans ces platesformes logistiques sont le directeur de réception, le responsable des stocks, le responsable des expéditions, le responsable transport, les caristes (manutentionnaires), les préparateurs de commandes. Là, également, l'encadrement était au départ français, puis il a cédé à la place à des Franco-Algériens. Ces derniers, qui assumaient de hautes responsabilités, pouvaient toucher 10 000 euros par mois (salaires payés en devises). Ils avaient cumulé une expérience dans de grands groupes de logistique en France. Ces responsables, en clair, ont travaillé dans des plates-formes logistiques en France. Tout ce personnel algérien ou franco-algérien participe à la modernisation de la grande distribution en Algérie. Mais il reste un long chemin à faire pour que les hypermarchés se généralisent à l'ensemble des grandes villes du pays. K. R. Nom Adresse email