Au cours de ces quatre dernières années, le secteur de la grande distribution avait commencé à montrer son nez dans le circuit de l'appareil commercial national. Et c'est le groupe privé Blanky qui avait ouvert le bal en 2005 en disposant de 6 supermarchés (El-Melian, Promy, Promy Plus) et d'une centrale d'achat fournie par des centrales étrangères thématiques. Groupe qui visait l'ouverture au total de 30 Promy dans le Grand-Alger. Suivis par le supermarché, sis près des abattoirs de la capitale, sous enseigne Carrefour, qui, faut-il rappeler, a été la première implantation étrangère en Algérie, fruit d'un investissement de la société privée algérienne Ardis, filiale du Groupe Arcofina de M. Rahim, et Carrefour qui prévoyaient d'ouvrir 18 hypermarchés d'ici à 2012, notamment à Alger, Oran, Sétif et Constantine. En tête de liste de ce projet, la réalisation d'un hypermarché de la même enseigne de 8 500 m2 implanté dans le quartier des Pins maritimes. Dans ce sillage, on peut citer aussi les investissements de la filiale du groupe Cevital. Filiale créée en 2006 par le second groupe privé Cevital dans le secteur de la grande distribution, Numidis est opérationnelle depuis avril 2007 par le biais de 2 magasins pilotes de détail, de proximité urbaine (500 m2), sis au boulevard Mohamed V et à la cité Garidi (Kouba). Selon les dires d'un de ses responsables, Numidis prévoyait d'ouvrir, en 2008, deux autres supermarchés de plus de 2 000 m2, dans la capitale, «en fonction du foncier disponible». L'enseigne, 100% algérienne, sera Uno et Uno City pour marquer la volonté de Numidis de devenir le «leader de la grande distribution en Algérie», souligne le DG. Qu'en est-il aujourd'hui sur le terrain de cet élan à vouloir créer de plus en plus en plus de grandes surfaces de grande distribution ? Au début, l'euphorie a fait place à la désillusion. Un à un, les Promy, Carrefour Algérie et la surface Uno du centre d'Alger ont fermé leurs portes. Seul Uno City continue son activité. A l'époque, on parlait de la prochaine réalisation de grands hypermarchés qui allaient ouvrir leurs portes en 2008. Une année après, aucune trace de ces grandes surfaces commerciales. Toutefois, on laisse entendre ici et là que, si les toutes les expériences dans le domaine tentées jusqu'ici se sont soldées par un échec, cela est dû essentiellement au fait que les responsables de ces enseignes se sont rendus à l'évidence, après quelques mois d'activité, de la non-rentabilité de leurs business. Il faut croire que ce constat des lieux était attendu du fait que notre appareil commercial est des plus traditionnels et où le gros de ses acteurs voit d'un mauvais œil toute idée de le moderniser. Autre facteur qui a poussé les enseignes Blanky et Carrefour Algérie à fermer boutique : une grande partie de nos producteurs locaux n'arrivent toujours pas à produire en série de qualité constante, en grande quantité et à livrer à temps les grandes surfaces au moment où, d'une part, la grande distribution peut leur offrir un marché immense et, d'autre part, l'activité des grandes surfaces s'appuie sur une production locale. On imagine mal voir dans ces enseignes des rayons vides, quand ce n'est pas des produits locaux vendus plus chers que dans le circuit du petit commerce. Des prix prohibitifs qui vont à contresens du rôle des grandes surfaces. Ce qui est d'autant plus contraire à l'axiome suivant : il n'y pas de grande distribution sans réduction des prix et il n'y a pas de réduction des prix sans une grande distribution moderne. Les consommateurs ont vite décidé de s'approvisionner ailleurs qu'auprès des grandes surfaces. Un comportement qui s'est traduit par un manque à gagner flagrant chez les enseignes citées plus haut. Le bouche-à-oreille a également fonctionné au point que de nombreux points de vente ont été désertés par les consommateurs. Avec des chiffres d'affaires aussi insignifiants, c'est la fermeture des lieux qui s'imposait. Les investisseurs nationaux ont vite compris que le risque de non-rentabilité dans ce créneau d'activité est des plus importants. Pour la population, c'est-à-dire les consommateurs, il s'agit de voir leur pouvoir d'achat augmenter et cela ne peut se faire que par une baisse des prix à la consommation. Une baisse que peut rendre possible la grande distribution. En clair, le pouvoir d'achat augmente quand les prix baissent. Et quand la grande distribution se heurte à des approvisionnement en dents de scie, faute de producteurs professionnels, lesquels préfèrent travailler dans l'informel, le créneau en question n'est pas à la veille de connaître un départ certain et pérenne. Z. A.