Le général Khalifa Haftar dirige l'armée libyenne depuis hier, a annoncé Aguila Salah Issa, le président du Parlement élu à Tobrouk, dans un contexte marqué par un début du dialogue inter-libyen et une menace grandissante de la branche locale de l'Etat islamique. «J'ai choisi le général de division Khalifa Haftar pour le poste de commandant général de l'armée après l'avoir promu lieutenant général», a déclaré M. Issa. Ce dernier n'est pas sans ignorer la controverse qui entoure M. Haftar depuis le début de la révolte populaire ayant conduit à la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011, grâce à l'intervention militaire de l'Alliance atlantique (Otan). L'initiateur, en mai 2014, de l'opération al-Karama (la dignité), dans la ville de Benghazi, contre la milice islamiste Ansar al-Charia, a longtemps été accusé de travailler à la solde des Etats-Unis. Ancien acteur et proche du défunt colonel Mouammar Kadhafi, le général Haftar entretient en effet des relations très étroites avec Washington. Ce qui a poussé de nombreuses parties libyennes à le traiter d'agent des Américains, dont les intérêts en Libye sont plus qu'importants. La nomination de l'ennemi numéro un des islamistes n'est donc pas une surprise, à la vue de la situation sécuritaire qui prévaut en Libye et en raison de la fragilité des institutions politiques libyennes reconnues par la communauté internationale. Les observateurs de la scène libyenne affirment que le poste de «chef général de l'armée», instauré par le Parlement de Tobrouk la semaine dernière, a été créé sur mesure pour permettre à Haftar de réintégrer les rangs de l'armée régulière en toute légalité et sans encombre. Par ailleurs, le porte-parole du chef d'état-major de l'armée, le colonel Ahmed al-Mesmari, a indiqué de son côté que le général Haftar devrait prêter serment aujourd'hui devant les parlementaires, précisant que le militaire se trouvait déjà à Tobrouk (est) où siège le Parlement depuis son élection le 24 juin 2014. L'«officialisation» du poste de Haftar comme chef de l'armée risque de compliquer davantage la tâche de l'ONU qui cherche à instaurer un dialogue dans le pays, dirigé par deux Parlements rivaux, l'un proche des miliciens de Fajr Libya, et l'autre reconnu par la communauté internationale. Le camp de Fajr Libya est en effet très hostile au général Haftar et exclut toute implication de cette personnalité controversée dans une future solution politique. Il faut noter que l'armée et la police régulières sont profondément divisées et affaiblies en Libye, où les autorités ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés ayant combattu le régime déchu de Mouammar Kadhafi. L. M./Agences.