Le Parlement libyen, qui a été élu le 25 juin dernier et qui s'est installé depuis à Tobrouk, dans l'est du pays, a adopté, mardi dernier, une loi relative à la direction générale de l'armée et décidé d'instaurer un poste de « chef général de l'armée ».Selon le député Issa al-Aribin, ce nouveau chef de l'armée prêtera serment dès sa nomination par Aguila Salah Issa, le président de la chambre. Selon un autre député, cité par plusieurs médias, et l'agence libyenne Lana, cette décision vise à donner une légitimité au général Haftar qui est, de fait, le chef officieux de l'embryon de l'Armée nationale libyenne. Une « armée » qu'il a créée avec les officiers qui ont fait défection de l'armée de Kadhafi et des membres des brigades de l'Est et avec laquelle il mène, depuis mai 2014, une opération dite « Dignité » contre les groupes armés qui essaiment Benghazi et Fajr Libya, une coalition de milices qui a pris le pouvoir en août dernier à Tripoli. Cette « promotion » de Haftar pourrait compliquer le dialogue que Bernardino Leon, le représentant de l'ONU, veut instaurer entre Tobrouk et Tripoli. Le Congrès général libyen qui domine le Parlement de Tripoli exclut toute « implication » du général dans la recherche d'une solution politique. Pour le congrès, Haftar, qui a précipité la scission de la Libye, est un homme à abattre. Haftar, qui pourrait sacrifier le gouvernement de Abdallah al-Théni, celui qui est reconnu par la communauté internationale, pour former le gouvernement d'union réclamé par l'ONU, demande, et avec insistance, la levée de l'embargo sur les armes qui pèse sur son pays. A défaut, dit-il aux vendeurs d'armes en Occident, « les terroristes de Daech qui se trouvent en Libye s'exporteront sur leur sol ». Propos que Mohamed Dayri, le ministre libyen des Affaires étrangères, a repris, hier, à son compte. Estimant que la montée en puissance des groupes extrémistes menace de transformer la Libye en une nouvelle Syrie, il demande aux Occidentaux de « renforcer les capacités de l'armée libyenne ». « Le terrorisme ne constitue pas seulement un danger pour la Libye et les pays voisins, il s'agit d'une menace qui s'intensifie contre l'Europe », dit-il. Et de poursuivre avec cet avertissement : « En l'absence d'une solution politique, le pays peut être entraîné dans une véritable guerre civile, comme en Syrie ».