Aucune date n'a été fixée pour la tenue de cet important scrutin, a indiqué la presse malienne. La décision a été prise jeudi soir, à l'issue d'une «réunion d'urgence» entre le ministre malien de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga et des représentants de la classe politique, ont rapporté les médias locaux. «J'ai rendu compte au Conseil des ministres qui a demandé à ce que je revienne vers la classe politique pour valider la décision de report», a laissé entendre le ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, cité par le journal électronique Maliweb. Une demande qui a été acceptée à l'unanimité par les partis politiques qui ont assisté à cette réunion. Le ministre malien a proposé toutefois que la tenue de ce rendez-vous électoral ait lieu avant la fin du premier semestre de l'année en cours. Autrement dit, en attendant que la CMA paraphe l'Accord d'Alger, avant fin mars, tenir des élections au Mali est un pari risqué, au-delà du climat d'insécurité qui prévaut dans le nord du pays, où les groupes islamistes pourraient perturber le déroulement du processus électoral, pour ne pas dire l'empêcher. Ainsi, malgré le refus opposé par certains milieux politiques maliens et l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, ce double-scrutin local et régional est reporté, signe des difficultés attendues à faire appliquer l'accord de paix signé à Alger dimanche dernier. Officiellement, ce report est motivé par des raisons dues au contexte sécuritaires, comme l'ont justifié les partisans de cette décision. Mais d'aucuns ne peuvent nier que le délai demandé par les membres de la CMA, afin de consulter et d'expliquer à la base, les contours du document de la médiation algérienne, avant de le parapher, constitue un sérieux écueil pour faire aboutir le processus électoral en cours et rétablir durablement la paix au Mali. Les pressions exercées par l'Organisation des Nations unies (ONU), les membres observateurs de la médiation internationale et l'Algérie sur la CMA ne sembleraient pas inquiéter les membres de cette coordination, dont les tergiversations et les relations douteuses qu'ils entretiennent avec le royaume chérifien commencent sérieusement à irriter de nombreux acteurs de la crise politique malienne. Et ce n'est pas fini puisque le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, est pris entre le marteau et l'enclume. Car, il est tenu d'atteindre les objectifs d'une paix durable, en répondant aux attentes des groupes du Nord-Mali, sans se mettre sur le dos l'autre partie des Maliens qui le soupçonnent de préparer la partition du pays, avec la complicité de la communauté internationale. Il ne sera pas donc aisé pour l'ensemble des parties concernées de mettre en œuvre un accord qui a été rejeté aussi bien par une frange de la population malienne que par les partisans de la CMA. L. M.