Dans une déclaration lue hier matin à Alger, la médiation a bel et bien expliqué que cet accord de paix n'avait pas la prétention de résoudre tous les problèmes posés par la crise dans l'immédiat. Mais ce texte, selon elle, met en place une «nouvelle gouvernance basée sur la libre administration» et contribuera à la lutte contre le terrorisme. La médiation internationale pilotée par l'Algérie, chargée de plancher depuis juillet dernier sur une solution pacifique et négociée à la crise malienne qui dure depuis 2012, voulait la conclusion d'un accord de paix entre les parties en conflit au bout du cinquième round des négociations. C'est désormais chose faite ou, du moins, à moitié faite puisque l'un des principaux protagonistes de la crise, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) qui regroupe trois importants groupes armés, n'a pas encore apposé sa signature sur le texte de l'accord censé ramener la paix dans ce pays du Sahel. Officiellement, les représentants de la CMA ont demandé «une pause afin de mobiliser le maximum de soutien à cet acte fondateur». En attendant, donc, que la Coordination des mouvements de l'Azawad consulte sa base et revienne donner son OK, le gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du Mali engagés dans la plateforme d'Alger — le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, dissident), la Coordination pour le peuple de l'Azawad et la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance — et l'équipe de la médiation internationale ont paraphé, hier matin à Alger, l'accord de paix et de réconciliation au Mali. Il est à mentionner que le document ne sera formellement «signé» au Mali que dans les semaines à venir. Commentant le refus des représentants de la CMA d'apporter leur caution, dans l'immédiat, à ce texte qui a nécessité près de sept mois d'âpres négociations, Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, s'est montré plutôt compréhensif. «Je sais que la décision difficile qu'ils ont à prendre n'exprime pas, de leur part, une quelconque inhibition mais serait plutôt, les connaissant bien, synonyme d'ambition à mobiliser le maximum de soutien à cet acte fondateur de la paix», a-t-il déclaré à la clôture de la cérémonie de paraphe de l'accord. La CMA face à un dilemme Est-il possible maintenant que les leaders de la CMA changent d'avis en cours de route et décident de remettre en cause les termes de l'accord auquel ils ont participé à donner forme ? Ramtane Lamamra est persuadé du contraire. «Je sais que la pause qu'ils ont réclamé et qu'ils sont en droit d'obtenir n'est point une manière de se désolidariser de ce travail commun que nous avons mené ensemble, avec foi, persévérance et respect mutuel», a assuré M. Lamamra. Peu disert comme à son habitude, le secrétaire général du MNLA, Bilal Agh Cherif, qui se trouve être également le représentant du CMA s'est pour, sa part, contenté de dire que les membre de la CMA ont accueilli le document d'accord «sérieusement», soulignant qu'il était nécessaire maintenant de leur accorder du temps pour bien l'examiner. Il a expliqué, en outre, qu'«il est nécessaire que la population de l'Azawad s'exprime par rapport à cet accord et qu'elle donne son avis définitif car jusqu'à maintenant le temps n'avait pas permis de le faire». Bilal Agh Cherif réussira-t-il maintenant à convaincre la population de l'Azawad de soutenir l'accord de paix négocié à Alger avec Bamako ? A dire vrai, les choses ne s'annoncent pas simples pour lui et ses compagnons. Ce texte, croit-on savoir, est encore loin de satisfaire les Azawadiens. A ce propos, des échos en provenance du terrain soutiennent que la population est notamment mécontente du fait que texte ne parle ni d'autonomie et ni de fédéralisme comme elle l'avait souhaité. Des médias ont rapporté que des manifestations ont même eu lieu samedi après-midi dans plusieurs localités du nord du Mali. Le texte proposé par la médiation aurait été ainsi brûlé à côté de l'arbre dit «de la Liberté», une place située près de l'aéroport de Kidal. Dans le même temps, les responsables de la CMA subissent de très fortes pressions de la part des principaux partenaires du Mali qui les pressent de cautionner l'accord de paix. Il n'y a pas de doute, le MNLA, le MAA et le HCUA (qui composent la CMA) sont pris entre deux feux. Ceci pour dire que rien n'est encore vraiment acquis.