Contre toute attente, c'est le long métrage Fièvres du réalisateur marocain Hichem Ayouch qui a décroché, samedi dernier, l'Etalon d'or de Yennega, distinction suprême du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui a célébré cette année sa 24e édition. Autre grande surprise de cette biennale cinématographique, le long métrage Fadhma N'Soumer de l'Algérien Belkacem Hadjdaj, qui a raflé à lui seul quatre distinctions dont l'Etalon d'Argent de Yennenga. À son palmarès aussi les prix du meilleur son, scénario et montage. Quant au pays hôte, le Burkina Faso, ce sont trois prix qui lui ont été attribués grâce au long métrage L'œil du cyclonede Sékou Traoré. En plus de l'Etalon de Bronze de Yennenga, il a arraché les prix des meilleures interprétations masculines et féminines ainsi que le Prix Oumarou Ganda (meilleure première œuvre). Hicham Ayouch (qui n'est autre que le frère cadet de Nabil Ayouch à qui on doit les fabuleux Ali Zaoua, le prince de la rue, Etalon d'or 2001, et Les Chevaux de Dieu, meilleur scénario du Fespaco 2013) a déclaré pour sa part : «Je suis Africain et fier de l'être. On nous a volé notre passé, on a tenté de voler notre histoire, mais notre culture nous appartient et il est temps de prendre les choses en main maintenant.» «Je n'ai pas besoin d'aide, j'ai besoin d'une coopération qui cesse d'exploiter notre continent et qui cesse de faire couler des rivières de sang. Nous sommes un continent beau, noble et riche, nous sommes la mère de toute la terre, nous sommes les sages du monde», a-t-il conclu, appelant à «changer les mentalités grâce à l'art, à l'imaginaire et à l'éducation». Le grand favori de cette compétition, Timbuktu de Abderrahmane Cissako, le film aux sept césars, s'est contenté cette fois de prix minimes du meilleur décor et meilleur son. Le réalisateur n'a pas vraiment été déçu et dira qu'«il faut respecter le choix du jury. Il y avait beaucoup de cinéastes, c'est peut-être le meilleur film». Par ailleurs, dans la section court métrage c'est aussi une œuvre marocaine qui a raflé le Poulain d'or avec De l'eau et du sang de Abdelilah Eljaouhary. Quant au Poulain d'argent, il a été attribué à Madame Esther du Malgache Luck Razanajoana, tandis que le Poulain de bronze est revenu à Zakaria de la Tunisienne Leyla Bouzid. Quant à la section documentaire, Miners shot down, du Sud-Africain Rehad Desai s'est vu attribué le premier prix tandis que le second est revenu à Devoir de mémoire du Malien Mahmadou Cissé. Quant au troisième prix il a été décerné à Tango Negro, les origines africaines du tango de l'Angolais Dom Pedro. Inauguré le 28 février, le 24e Fespaco s'est déroulé cette année dans des conditions particulières, quatre mois après la chute du régime de Blaise Comparé. Inquiétés par les conditions sécuritaires entourant cet événement, les organisateurs se sont finalement félicités, affirmant que le Fespaco s'est bien déroulé. W. S. M.