L'union pour la Méditerranée (UPM) est un projet purement européen qu'on tente d'«imposer» aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Le président français, Nicolas Sarkozy, initiateur du projet, n'a pas jugé utile d'associer les pays de la rive sud au processus de mise en place de l'UPM. Pour convaincre les pays arabes de la Méditerranée d'adhérer à son projet, M. Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères ont multiplié les visites et organisé des séminaires pour vendre un produit élaboré par un «laboratoire» européen. En plus de leur exclusion du processus de préparation de la nouvelle initiative, les pays arabes de la Méditerranée, dont l'Algérie, n'ont pas eu droit aux clarifications nécessaires sur le fonctionnement de l'union, le financement des projets… et, bien sûr, les conséquences de l'entrée d'Israël dans le processus. Au lieu de clarifier toutes les zones d'ombre qui entourent son projet, le président français n'a pas trouvé mieux que de manœuvrer pour diviser les pays de la rive sud, qu'il refuse de traiter comme des partenaires. L'essentiel pour M. Sarkozy est, semble-t-il, d'éviter les divisions au niveau de l'Union européenne. D'ailleurs, faut-il le souligner, l'UPM est passée d'une union regroupant exclusivement les pays riverains de la mer Méditerranée à une union regroupant tous les pays de l'Union européenne. Il convient de rappeler que la décision a été prise suite à la dénonciation par la chancelière allemande, Angela Merkel, des risques de «division» de l'Europe. L'implication de toute l'Europe dans le projet fait que l'UPM se substitue au processus de Barcelone totalement paralysé. Si l'UPM a pris en considération la nécessité d'unir l'Europe, ce sont les pays arabes qui risquent de se diviser. D'ailleurs, cette question a été soulevée hier par le guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, à l'ouverture de ce mini-sommet arabe tenu à Tripoli. M. Kadhafi a affirmé dans son allocution que les Etats arabes font partie d'une entité internationale connue qui est la Ligue arabe. «Nous sommes des pays membres de la Ligue arabe et aussi de l'Union africaine et nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer l'unité arabe ou africaine. Il faut que nos partenaires [européens] comprennent bien cela», a déclaré M. Kadhafi. En effet, les inquiétudes exprimées par le guide libyen sur le risque de division du Monde arabe sont aussi légitimes que celles exprimées par la chancelière allemande. Mais si les réticences allemandes sont prises en compte par M. Sarkozy, celles de M. Kadhafi ne risquent pas d'être prises en charge. Ainsi, l'UPM risque de connaître le même sort que le processus de Barcelone. C. B.