Dans sa politique de lutte contre le chômage, le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs afin de permettre aux jeunes d'avoir un emploi ou de créer leur propre entreprise. Ces dispositifs concernant la création de postes d'emploi et l'encouragement à l'investissement, notamment l'aide au financement des projets Ansej et autres formules aux mêmes objectifs, semblent provoquer l'intérêt des jeunes actuellement à la recherche d'un emploi ou voulant lancer leur propre projet. On constate souvent au niveau des organismes chargés de gérer les différents dispositifs en place une forte affluence de jeunes en quête de financement pour leurs futures entreprises. Les conditions et le dossier de création de microentreprises pour postuler au financement d'un projet ont été allégés pour permettre ainsi à plus de jeunes de pouvoir se lancer dans la réalisation de leurs projets. Concernant le dossier, il convient de noter que plusieurs documents officiels, à l'image de l'attestation de non affiliation (Cnas-Casnos), ne sont plus demandés. En outre, l'apport personnel n'est que de 1% ou 2% selon le coût du projet. La libération des obligations vis-à-vis du Service national n'est plus une exigence, à l'exception des promoteurs âgés entre 19 et 20 ans. Ces nouvelles mesures ont permis à plus de jeunes de pouvoir s'engager dans la mise en œuvre de leurs projets. «J'ai trouvé énormément d'obstacles administratifs lorsque je voulais déposer un dossier Ansej, beaucoup trop de documents nous ont été demandés et l'attente était interminable. Je me réveillais à 4 heures du matin pour être à l'Agence nationale du soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) parmi les premiers afin de terminer les procédures», nous dira Ahmed, un jeune ayant bénéficié de cette formule. «Actuellement les procédures et les démarches sont plus souples et plus faciles. L'allégement des procédures a beaucoup aidé les jeunes voulant concrétiser leurs projets», ajoute Ahmed précisant que «le problème qui se pose actuellement, c'est le manque de projet et d'idées. La majorité des jeunes ont presque les mêmes projets, l'Agence en refuse aussi certains. Un jeune parmi mes connaissances s'est présenté pour un projet de salle de bowling, personnellement je trouve que cette idée est positive car il y a un manque flagrant de sites de loisirs dans notre pays, mais son dossier a été refusé». D'autre part, l'Agence nationale de l'emploi (Anem) a aussi permis la résorption un tant soit peu du chômage. Cette agence est un intermédiaire entre les entreprises à la recherche de main-d'œuvre qualifiée et les jeunes diplômés, ce qui a facilité la tâche aux nombreux jeunes à la recherche d'un emploi. D'autant plus que cette agence propose des offres dans presque tous les domaines professionnels (construction et agriculture notamment). «C'est grâce à l'Anem que j'ai réussi à décrocher un emploi. Quelques mois seulement après avoir déposé mon dossier, l'agence m'a appelé et m'a mis en contact avec l'entreprise en question, et j'ai bénéficié d'un emploi», dira Amine, une jeune que nous avons rencontré. Il faut rappeler que le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi, a appelé les jeunes à s'insérer dans les différents dispositifs d'emploi mis en place par l'Etat et à créer leurs propres entreprises pour se prendre en charge et générer des emplois. Il a indiqué dans ce sens que «les jeunes algériens ont du talent, des projets et des idées extraordinaires pour une auto-employabilité» et qu'«il faut leur donner l'occasion de relever le défi». Cette déclaration montre la volonté du gouvernement à accompagner les jeunes et leur permettre de réaliser leurs projets. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait aussi déclaré que le volume de crédit accordé aux jeunes en 2014 a augmenté de 51% par rapport à 2013, assurant que «la politique du gouvernement en matière de soutien à l'emploi des jeunes sera maintenue». Il faut signaler toutefois que les dispositifs mis en place ont, certes, des insuffisances qui nécessitent d'être améliorées au fur et à mesure. Des difficultés sont relevées dans l'octroi des autorisations administratives pour la création de microentreprises dans bon nombre de secteurs, dénoncées aussi bien par les concernés eux-mêmes que par le gouvernement. Des centaines de milliers d'emplois ont été générés par la mise sur pied de micro activités pilotées par des jeunes entrepreneurs. Le plus gros problème auquel sont confrontés les jeunes investisseurs est l'octroi des autorisations administratives, exigées dans certains secteurs, avant le lancement des projets. Une évaluation des différents mécanismes d'appui à la création de microentreprises est nécessaire afin d'analyser leur apport à la création d'emplois, sans elle on ne saura pas si le dispositif Ansej marche vraiment. Car il est impossible de faire son évaluation dans la situation actuelle. Des milliers de projets lancés grâce à ce dispositif vivent des situations difficiles alors que certains sont au bord de la faillite. Les jeunes qui ont bénéficié de crédits pour leurs projets, ont investi, pour la plupart d'entre eux, dans des véhicules de transport de marchandises ou de transport de voyageurs, cela a eu un impact négatif plutôt que positif, vu la saturation du secteur. «J'ai bénéficié d'un véhicule pour le transport de marchandises, dans le cadre de l'Ansej. Quand j'ai commencé à travailler, je me suis aperçu qu'il existait de nombreux jeunes ayant bénéficié de la même offre, ce qui rend le travail difficile actuellement car il y a une saturation dans ce secteur et les entreprises ne recrutent plus de transporteurs de marchandises», nous dira Mohamed. On ne connaît pas l'impact sur les bénéficiaires et le niveau de remboursement des dettes, pour pouvoir apprécier l'efficacité des dispositifs d'aide à la création d'emplois, sans cesse objet de critiques. Des questions qui s'imposent, car à ce jour il n'y a pas de données réelles sur l'apport de ces dispositifs. Il y a certes des cas de réussite et d'autres d'échecs, avec des difficultés persistantes sur le terrain pour les jeunes entrepreneurs. Cependant, ces données restent vagues, mais surtout inexploitées pour voir si l'opération devrait être poursuivie, revue ou remplacée par des dispositifs innovants. D'autre part, l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) a permis la création de plus d'un million d'emplois à l'échelle nationale en l'espace de dix ans, selon la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem. La Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) a également permis le financement de projets et l'emploi de plusieurs jeunes porteurs de projets. A. K.