C'est désormais officiel, la Palestine est devenue membre de la Cour pénale internationale (CPI), ce qui lui permettra d'y faire juger les Israéliens pour crimes de guerre ou crimes liés à l'occupation. Lors d'une cérémonie à huis clos au siège du tribunal à La Haye, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad al-Malki, a reçu une copie symbolique du Statut de Rome, fondateur de la CPI. Il s'est alors adressé aux Israéliens qui menacent d'user du même outil juridique croyant intimider les Palestiniens. «Benjamin Netanyahu, ne devrait pas avoir peur (...), si Israël a des plaintes contre les Palestiniens il devrait les présenter à la CPI», a dit le ministre. Netanyahu avait accusé le gouvernement palestinien de «manipuler» la Cour. Déçus par des négociations qui n'ont produit que davantage de colonisation les Palestiniens ont fait le choix d'aller vers les instances internationales et mettre le monde devant ses responsabilités. Fin 2014, ils ont décidé de rejoindre la CPI, qui a pour vocation de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Et pour cause le Conseil de sécurité, sous l'influence manifeste du protecteur américain, a rejeté un projet de résolution pour mettre fin à l'occupation. L'Autorité palestinienne a déjà envoyé à la CPI des documents autorisant le procureur à enquêter sur les crimes commis dans les Territoires palestiniens depuis juin 2014. L'agression menée par Israël en juillet-août 2014 contre la population de la bande de Ghaza avait causé un massacre. Près de 2 200 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements, dont des centaines d'enfants. L'usage par Israël d'armes interdites contre la population civile de Ghaza est aujourd'hui avéré par notamment des organismes neutres. Bien qu'Israël ne soit pas membre de la CPI, le tribunal pourrait poursuivre des Israéliens pour les nombreux crimes perpétrés en territoire palestinien. Cependant la CPI pourrait se heurter à la difficulté d'arrêter des Israéliens, tant cela dépend de la coopération des Etats membres. L'Etat d'Israël jouit d'une impunité internationale malgré le fait qu'il occupe des territoires de façon illégale et bafoue des dizaines de résolutions de l'ONU. Les Palestiniens peuvent désormais porter devant la Cour les différentes violations israéliennes, comme la construction de colonies juives en Cisjordanie occupée. Le recours à la CPI devient l'une des armes des Palestiniens pour défendre leurs droits. En représailles, Israël avait cessé de reverser à l'Autorité palestinienne les taxes qui lui reviennent de droit. Lors de sa campagne électorale, Netanyahu, qui a été réélu, avait de façon ostentatoire éloigné l'idée d'un Etat palestinien sans que cela n'ait la moindre répercussion dans ses relations avec l'UE ou les Etats-Unis, d'habitude scrupuleux sur les questions de droit international. L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, s'est félicité de l'adhésion de la Palestine à la CPI, et affirmé qu'Israël et les Etats-Unis, qui y sont opposés, devraient «immédiatement mettre un terme à leurs pressions» sur les Palestiniens. M. B./Agences