La situation humanitaire est «catastrophique» à Aden clame la Croix-Rouge, alors que la grande ville du sud du Yémen est le théâtre de combats quotidiens entre yéménites sur fond de bombardements d'une coalition de pays arabes menée par l'Arabie saoudite. «La situation humanitaire est très critique au Yémen, pays qui importe 90% de ses produits alimentaires», s'est alarmée la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) à Sanaa. Le pays du sud de l'Arabie est soumis depuis le 26 mars aux raids aériens intensifs d'une coalition arabe menée par Riyadh, une action armée à la finalité encore floue. Outre les liaisons aériennes et maritimes désormais coupées, les infrastructures sont sérieusement affectées par les raids et l'aggravation des combats, en particulier dans le Sud. En raison des combats et des bombardements la plupart des quelque 800 000 habitants «ne peuvent même pas s'enfuir». «Des cadavres restent parfois abandonnés dans la rue», raconte la porte-parole du Cicr. «La situation est encore pire dans les hôpitaux», déplore l'ONG qui demande en vain une pause humanitaire pour acheminer les secours. Médecins sans frontières (MSF) juge également que la situation «empire de jour en jour» à Aden. Les combats, qui se sont concentrés ces derniers jours dans le Sud, ont fait depuis dimanche au moins 159 morts, dont 63 à Aden. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu'au moins 540 personnes ont été tuées et 1 700 blessées au Yémen depuis le 19 mars, une semaine avant le début de la guerre. De son côté, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) estime qu'«au moins 74 enfants ont été tués et 44 blessés depuis le 26 mars». Un million d'enfants ne peuvent pas aller à l'école, selon l'organisation. Pour l'Unicef les enfants sont «victimes d'armes directement» et aussi du fait notamment des problèmes d'approvisionnement en matériel médical. Plus de 100 000 personnes ont été déplacées en raison de la guerre, selon l'Unicef. Les Houthis qui ont investi Sanaa et de vastes régions du Nord et du Centre, ont réussi début mars à avancer vers Aden. Les forces réfractaires aux Houthis tentent de desserrer l'étau sur la ville, avec le soutien des bombardements de la coalition. Le Pakistan allié de l'Arabie saoudite et sollicité par celle-ci pour la suivre dans son «aventure yéménite», s'est dit «peu pressé» de le faire. Le Pakistan semble vouloir ménager son allié saoudien et son voisin iranien, pour qui l'opération au Yémen est une «agression». De nombreux parlementaires pakistanais mettent en garde contre les répercussions d'une participation à la guerre au Yémen qui peut avoir des conséquences désastreuses sur toute la région. Le conflit au Yémen devait également s'imposer au menu des discussions au cours de la visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en Iran. Erdogan a eu des mots très durs envers l'Iran l'accusant de velléités de «domination» au Yémen. En réponse, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, avait accusé Ankara d'alimenter l'instabilité au Moyen-Orient. M. B./Agences