Pour la première fois, le Président cubain et celui des Etats-Unis devraient se trouver face à face lors d'un Sommet continental. Une occasion qui devrait consacrer le rapprochement des deux ennemis historiques. Le Sommet des Amériques doit célébrer, vendredi à Panama, une nouvelle concorde entre les 35 Etats américains, à la faveur du dégel annoncé depuis décembre entre Washington et La Havane. Mais les menaces proférées ces dernières semaines par les Etats-Unis contre le Venezuela pourraient venir gâcher la fête, l'Amérique latine ayant rejeté d'une seule voix les accusations de «menace pour la sécurité des Etats-Unis» lancées par la Maison-Blanche à l'encontre du gouvernement socialiste de Nicolas Maduro. Nul doute que ce dernier entend profiter de la tribune panaméenne pour dénoncer la croisade initiée par Washington contre le Venezuela. Maduro envisage d'ailleurs de présenter à cette occasion une pétition anti-impérialiste de millions de signatures. Voir Raul Castro et Barack Obama côte à côte devrait être le clou du Sommet. La dernière rencontre de Présidents des deux pays date de 1956, déjà au Panama. C'était entre Fulgencio Batista et Dwight Eisenhower. En décembre 2013, une brève poignée de main entre Castro et Obama avait été échangée à Johannesburg, en marge des hommages à Nelson Mandela. La question vénézuélienne pourrait particulièrement parasiter le rapprochement Cuba-USA, La Havane affichera un soutien sans faille à son allié Caracas pour qui les Etats-Unis représentent toujours un pays à volonté hégémonique. La Maison-Blanche a tenté de calmer le jeu en affirmant que «les Etats-Unis ne pensent pas que le Venezuela représente une quelconque menace», arguant l'usage de terminologie subsistant d'anciennes sanctions contre Caracas. Après trois séries de rencontres entre hauts responsables, Washington souhaitait la réouverture d'ambassades en avril, mais Cuba la conditionne à son retrait de la fameuse «liste américaine des pays soutenant le terrorisme», longtemps utilisée comme objet de pression politique. Les deux pays sont engagés dans un processus de longue haleine après plus de 50 ans de relations interrompues et marquées par une méfiance historique. Malgré la levée ces dernières semaines de sanctions commerciales américaines contre Cuba, les Etats-Unis continuent d'imposer à l'île un injuste embargo économique et financier qui remonte à 1962. Washington semble vouloir changer de politique envers le continent américain qui lui est resté particulièrement hostile. Après avoir dépassé l'épineuse question cubaine, Washington semble vouloir user du soft power pour s'imposer dans cette région. La situation économique délicate de plusieurs pays, affectés par la chute des cours des matières premières, pourrait jouer en faveur des Etats-Unis. M. B./Agences