En août dernier, le président Fidel Castro, âgé de plus de 80 ans, aurait bouclé ses 46 ans de règne s'il n'eut été un mois auparavant, le 31 juillet 2006, dans l'obligation de céder le pouvoir à son frère Raul. « Président à vie », depuis 1976, il a connu dix présidents américains et comme le rappelait le cinéaste américain Michael Moore, dix Olympiades et le retour de la comète Halley. Malade, suite à une crise intestinale et ayant subi, semble-t-il, plusieurs interventions chirurgicales, il est depuis l'été dans l'incapacité d'exercer le pouvoir. Son état de santé ne semble pas avoir évolué en ce début du mois de janvier, si on croit le quotidien espagnol El Païs. Toutes les chancelleries occidentales sont dans l'expectative, d'autant que rien ne filtre des milieux officiels de La Havane. Beaucoup de critiques au régime de Fidel Castro voient dans la fermeture du système politique cubain qui ne tolère aucune opposition, la « plus belle des réalisations » du Lider Maximo, depuis 40 ans. C'est sans doute pour cela que, peu de temps après les révélations du quotidien espagnol, le premier démenti n'a pas émané de La Havane où l'on a observé un silence total, mais de la bouche du président vénézuélien Hugo Chavez, ami et admirateur du dirigeant cubain. Certains diront que c'est le propre des régimes totalitaires et discrédités de faire démentir par des tierces personnes pour convaincre. Chavez n'est pas le seul dirigeant latino-américain à se réclamer aujourd'hui de Castro. Le Bolivien Alvaro Moralès, le sandiniste et chef de l'Etat du Nicaragua Daniel Ortéga et le tout récemment investit, le président équatorien Rafael Correa. D'ailleurs, c'est à l'occasion de la cérémonie d'investiture de ce dernier à Quito et à laquelle il a assisté, qu'Hugo Chavez a annoncé que la convalescence de Castro serait longue et difficile. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le président vénézuélien se prête à ce petit jeu. En été, des images qui se voulaient rassurantes et diffusées par la télévision cubaine le montrait en compagnie de son mentor que l'on disait en convalescence. Depuis, l'état de santé du Lider Maximo s'est sensiblement dégradé au point que les services de renseignements ont commencé à parler vers la fin de l'année d'un cancer au stade terminal. Il est vrai que ce n'était pas la première fois que les Etats-Unis essayaient de neutraliser celui qui fut la bête noire des dirigeants américains pendant plus de quatre décennies. La cible à abattre aussi, et contre laquelle ont été envisagés plusieurs centaines de scénarios de neutralisation qui vont du renversement politique jusqu'à son élimination physique. Car le gros problème des Américains c'est que Fidel Castro avait réussi à façonner le régime de Cuba à son image au point de parler de « castrisme ». C'est donc au charisme du Lider Maximo qu'il fallait s'attaquer. Un charisme forgé depuis son entrée à La Havane aux côtés des autres « barbudos » (barbus) Ernesto Che Guevara et Cienfuegos en janvier 1959 tandis que le dictateur Fulgencio Batista fuyait le pays avec 40 millions de dollars dans ses bagages. C'était à Cuba le début de la révolution vert olive de la couleur des treillis que portaient les guérilleros dirigés par les trois « commandantes ». D'ailleurs, l'expression est de Castro lui-même, en réponse à des journalistes qui s'empressaient de demander de quelle couleur sera la révolution qui succédera à la dictature. C'est dire qu'au début, les Américains ont été quelque peu désorientés par ce grand barbu, avocat de formation, condamné par le régime de Batista pour avoir essayé de fomenter une rébellion armée. Il ne semblait pas représenter alors une menace pour les Etats-Unis. Bien au contraire, puisque les rapports de renseignements américains le présentaient plutôt, sur la base de ses déclarations faites à la presse et à certains observateurs, comme un adepte de la philosophie de Thomas Jefferson. Ils le présentaient également comme quelqu'un qui n'était pas insensible aux idées de Lincoln à propos de la « coopération entre le capital et le travail »… Castro n'était pas encore communiste à la veille des années 60. Il a même affirmé à la même époque au journal américain US News and World Report qu'il n'avait pas l'intention de nationaliser une quelconque industrie à Cuba. Les Etats-Unis ne s'embarrassent pas de reconnaître le nouveau régime mis en place à La Havane avec la révolution. Fidel Castro est même reçu par le vice-président Richard Nixon à Washington alors Eisenhower avait refusé de le rencontrer. Le second n'hésitera pas à présenter son interlocuteur cubain comme étant plutôt un personnage naïf, plutôt humaniste que communiste.