Le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, s'est prononcé hier sur la révision prochaine de la loi fondamentale du pays, sans toutefois donner le moindre détail sur le contenu du nouveau texte ni la voie de son adoption, parlementaire ou référendaire. Intervenant en marge d'une activité sectorielle avec le ministre de l'Habitat, il a affirmé son «souhait de voir la nouvelle Constitution consolider davantage la démocratie», soutenant que «la révision de la Constitution est d'une importance capitale pour la nation algérienne». Medelci n'a laissé filtré aucune information concernant les amendements apportés au texte initial, du fait notamment, a-t-il dit, que le Conseil n'a pas été saisi pour son examen. «Le Conseil constitutionnel est toujours en attente de sa saisine concernant la copie du projet de la révision du texte fondamental du pays». Et d'insister : «La Constitution est régie par des règles claires et lorsque le président de la République décide de procéder à sa révision il le fait à travers une saisine officielle du Conseil constitutionnel, et nous sommes en attente de cette saisine jusqu'à présent.» Voilà un autre haut responsable de l'Etat qui évoque, sans le dire clairement, l'approche de la procédure d'adoption de la nouvelle mouture de la Constitution. Celle-ci est attendue depuis la fin août 2014, date qui correspond à la remise au chef d'Etat du rapport final des consultations menées par son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia. Depuis, aucune réponse du président Bouteflika, chose qui a alimenté les rumeurs et les polémiques. Le Président, dans un discours lu en son nom à la nation, s'est défendu par le fait que la chose est trop sérieuse pour la prendre à la légère. «Il est clair que l'objectif visé est de faciliter le processus d'ouverture de la société algérienne, en œuvrant à la préservation de sa stabilité et en lui épargnant les perturbations que connaissent différents pays du monde en cette ère marquée par de profondes mutations», a-t-il indiqué. Non sans poursuivre : «Pour ce faire, nous veillons particulièrement à ne pas verser dans l'imitation ni dans l'improvisation. Notre pays qui a subi les affres du terrorisme, refuse de s'aventurer dans pareille entreprise, qui souvent engendre des drames et que notre société rejette d'emblée.» La révision de la Constitution, de l'avis de beaucoup, est imminente. La nouvelle mouture semble être enfin prête et même distribuée à certaines institutions, entre autres l'APN dont le président, Larbi Ould Khelifa, a affirmé récemment détenir une copie. Selon Ould Khelifa, «Le projet de révision de la Constitution apporte de profonds amendements et constitue un grand pas vers la consécration d'une véritable démocratie». Le troisième homme de l'Etat a assuré que le nouveau texte comprend «des principes en faveur de la séparation des pouvoirs, l'octroi de larges prérogatives au Parlement dans le domaine législatif et de contrôle et l'accès à la responsabilité à travers le vote». La nouvelle Constitution, selon ses dires, va enfin réhabiliter l'APN considérée jusque-là comme simple chambre d'enregistrement. À la faveur du nouveau texte, s'il est adopté tel qu'il est, le Parlement pourrait même procéder à un retrait de confiance au Chef du gouvernement étant donné que ce dernier sera sous sa responsabilité. De son côté, Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation et secrétaire général du RND, dans une déclaration, hier, avant une réunion de coordination avec les secrétaires de wilayas du parti, a appelé ces derniers à «expliquer les objectifs de la révision constitutionnelle auprès des bases du RND et du peuple afin de gagner davantage de soutien au profit de cette démarche». Bensalah soutient que «la révision de la Constitution constitue un tournant important dans l'histoire du renforcement de l'édification institutionnelle et la consécration de l'exercice démocratique dans le pays». Aussi, «nous sommes convaincus qu'avec la nouvelle Constitution, notre pays amorcera une ère nouvelle en termes de consolidation de sa stabilité et d'exercice démocratique». Le SG du RND et président du Conseil de la nation estime que «cette révision est à même de renforcer l'Etat de droit, garantir le principe de séparation des pouvoirs et consacrer le rôle et la place de l'opposition. Elle constitue également un nouveau jalon dans l'adaptation du système constitutionnel aux développements en cours dans le monde». La même journée, le secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a affirmé son «attachement» à la révision de la Constitution et s'est dit «favorable à l'adoption du régime semi présidentiel qui consacre l'exercice démocratique dans l'intérêt du pays». Pour le représentant du MPA, également ministre du gouvernement Sellal, «la révision de la Constitution est extrêmement importante car elle représente un projet de société définissant les contours de l'avenir pour les générations futures». Le FNA affiche une position autre. Son président, Moussa Touati, à partir de Médéa, a affirmé que «la révision de la Constitution doit se faire avec l'implication de tous les acteurs de la scène politique nationale et les représentants de la société civile». Pour le FNA, «il s'agit d'une question cruciale qui devrait prendre en compte les aspirations de la population et la classe politique». Pour le FFS, la solution à la «crise» ne peut être autre que la reconstruction d'un consensus national. Son premier secrétaire national, Mohamed Nebbou, a réaffirmé, hier à Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, que son parti est «plus que jamais attaché à son projet de reconstruction du consensus national, malgré les obstacles et les résistances rencontrés jusque-là». Pour le représentant du FFS, «Il n'y a pas d'autres issues pour sortir de la crise, et on va tout faire pour y arriver». K. M.