Le Conseil de sécurité de l'ONU a fait montre de fermeté en imposant un embargo sur les armes contre les Houthis au Yémen, mais le scepticisme demeure quant aux effets de cette résolution dans un pays subissant une campagne militaire d'une coalition de pays arabes menée par l'Arabie saoudite. Le Yémen est le théâtre depuis vingt jours de raids qui compliquent toute solution à la crise. Des centaines de pertes de civiles ont été dénoncées par des responsables des Nations unies. Les raids aériens et les combats ont fait 52 morts mardi, majoritairement des Houthis, dans le Sud. Signe de la déliquescence de l'Etat, des hommes armés de tribus sunnites du Sud se sont emparés, dans le Golfe d'Aden, de l'unique terminal gazier du Yémen. La résolution de l'ONU somme les Houthis de se retirer des zones conquises depuis leur offensive, à partir de leur fief dans le Nord, contrôlant ainsi la capitale Sanaa et de vastes régions du pays. Les Houthis avaient pris le pouvoir en janvier à Sanaa, poussant à la fuite le président Abdrabbou Mansour Hadi, avant d'avancer dans le Sud où ils ont atteint la ville d'Aden. Une évolution qui a poussé des parties étrangères à intervenir militairement. Quatorze des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution. La Russie s'est abstenue. La résolution, mise au point par des pays du Golfe et parrainée notamment par la Jordanie, demande à «toutes les parties» au conflit de négocier dans les plus brefs délais une «cessation rapide» des hostilités. Mais elle n'impose pas à la coalition arabe qui combat les Houthis de suspendre les raids aériens. Tout au plus exhorte-t-elle les combattants à préserver la population civile et charge-t-elle le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de «redoubler d'efforts pour faciliter la livraison de l'aide humanitaire». À Ryadh un porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, a estimé que l'embargo était «avant tout une victoire pour le peuple yéménite». Pour l'ambassadeur saoudien à l'ONU, Abdallah al-Mouallimi, la résolution fournit «un soutien sans équivoque» à l'offensive militaire de la coalition. Le Conseil de sécurité s'était contenté jusqu'ici de proclamer son soutien au président Hadi, réfugié en Arabie saoudite. Avant le début de l'intervention aérienne, il avait imposé des sanctions contre deux commandants houthis et contre l'ex-président Saleh. Mardi le Conseil a pris les mêmes sanctions contre le chef des Houthis Abdel Malek al-Houthi et contre le fils de l'ex-président, Ahmed Ali Abdallah Saleh. Les Etats-Unis lui ont emboîté le pas en annonçant leurs propres sanctions financières contre les deux hommes. Néanmoins des membres du Conseil se montrent sceptiques sur ces mesures. Ils rappellent que, selon des experts de l'ONU, le Yémen compte déjà plus de 40 millions d'armes et que les Houthis ne voyagent pas régulièrement, ni ne disposent d'importants comptes bancaires à l'étranger. R. I.