Le décès d'une élève à l'intérieur d'une école suite à des sévices corporels, pas encore confirmés de manière tranchée, est venu relancer la question des comportements de violence dans cet espace où devaient régner l'intelligence et la tolérance. Dans sa posture, tout à légitime, de défenseur du secteur qu'il dirige depuis plusieurs années, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, refuse l'idée selon laquelle la violence serait le produit de l'école. Il est clair que les comportements de violence ne ratent pas le moindre coin, y compris ceux qu'on prétend avoir mis à l'abri de toute dérive. Curieusement, les responsables de notre système éducatif semblent être surpris par l'intrusion de la violence dans la paisible cour de la famille de l'éducation. Pourtant rien n'a été entrepris pour que ce genre de dérapage ne se produise pas. Aujourd'hui, l'Algérie entière observe un phénomène de violence dont elle n'arrive pas à situer les sources. Faute d'une anticipation qui aurait pu alerter le sommet de la hiérarchie pour une intervention en temps réel, il ne reste, à l'heure actuelle, qu'un traitement de ce fléau dans sa cause principale. Palabrer autour des conséquences ne fait jamais avancer le débat. Il est plutôt de nature à noyer les responsabilités des uns et des autres. En déclarant que «cette violence, nous la constatons de plus en plus : elle est le fait des élèves entre eux, d'enseignants vis-à-vis des élèves, des enseignants entre eux, de l'administration contre les élèves», le ministre de l'Education confirme l'étendue et l'omniprésence de la violence dans nos écoles. La lucidité du constat laisse néanmoins un goût d'inachevé chez le récepteur dans la mesure où elle n'a pas été accompagnée du nécessaire rappel des responsabilités. C'est de cela qu'il s'agit. La pacification des rapports entre les différents acteurs d'un secteur devient une chimère si on s'abstient à ignorer la notion des droits et des devoirs que l'école a la charge d'inculquer aux générations futures. Si l'école algérienne vire aujourd'hui vers la production des comportements de violence, sous ses diverses formes, c'est parce que le principe liant droits et devoirs, comme régulateur des missions, est étrangement banni aussi bien par ceux qui sont censés veiller à son application que ceux qui devraient le respecter. Si la communauté de l'éducation se refuse à subir la violence sociale, elle n'a rien également à gagner en s'identifiant comme victime de cette violence. Le capital expérience qu'elle a acquis avec le temps lui offre les atouts nécessaires pour se prémunir contre toutes les dérives d'où qu'elles viennent. Mais il faudrait qu'elle-même ne produise pas les germes de la violence. Ce qui passe par la réhabilitation de l'école des droits et des devoirs. A. Y.