En marge de ce sommet, Lamamra a affirmé que les Etats africains revendiquaient une «démocratisation» de l'Organisation des Nations unies en conférant davantage de crédibilité au Conseil de sécurité à travers une représentation plus équitable de toutes les régions du monde. Dans une déclaration à la presse, M. Lamamra a qualifié de «légitime» la revendication des pays africains, au regard des multiples crises qui secouent le continent, soulignant la ferme détermination des pays africains à contribuer à la recherche de solutions aux problèmes liés à la sécurité et à la paix de par le monde. L'occasion était donné pour M. Lamamra de mettre en avant le rôle de l'Algérie sur la scène internationale et la confiance dont elle est investie de la part des pays membres de l'UA. Rappelant que l'Algérie poursuivra ses efforts en faveur de la paix et de la sécurité aux niveaux continental et international, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que le Comité des dix constituait un organe influent au sein de l'UA, de par la volonté de ses membres de convaincre le reste des pays de la nécessité de tenir compte des intérêts légitimes du continent. Evoquant la célébration du 70e anniversaire de la création de l'ONU, M. Lamamra a réaffirmé que l'Afrique «continuera à soumettre et à imposer ses revendications, notamment celles relatives à la réforme du Conseil de sécurité et au droit du continent à disposer de deux sièges au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, en tant que membre permanent jouissant du droit de veto». Par ailleurs, il a déploré le très peu de développements positifs enregistrés sur la voie de la concrétisation des efforts pour que le Conseil de sécurité de l'ONU, l'organe exécutif de l'ONU, reflète la composante de l'organisation universelle et soit «plus représentatif des peuples et leurs aspirations», a relevé M. Lamamra lors du Sommet du Comité des dix sur la réforme du Conseil de sécurité. «Nous avons tous soutenu la nécessité de faire preuve d'une volonté commune et de tout mettre en œuvre pour demander avec force et conviction, réparation de l'injustice historique faite au continent africain», rappelle-t-il. Il a également rappelé que toutes les propositions faites au groupe africain à New York par les autres groupes d'intérêts, dans le but de faire avancer les négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité sont restées en deçà des aspirations africaines. Selon le ministre, le fonctionnement du Conseil de sécurité «ne gagne, pendant ce temps, ni en transparence, ni en capacité, d'écoute des parties aux crises et encore moins des organisations régionales concernées telle l'Union africaine». Expliquant que «l'Algérie est plus que jamais convaincue que dans le cadre du processus de négociations intergouvernementales, l'Afrique doit maintenir son esprit d'ouverture dans la promotion de sa position, et œuvrer pour réduire les divergences avec les autres groupes d'intérêts sur les questions de fond et de procédures». Le chef de la diplomatie algérienne a soutenu que cette réduction de divergences «doit avoir lieu sans compromettre la recherche persévérante de la satisfaction de ses intérêts propres qui s'identifient, en l'occurrence aux intérêts bien compris des Nations unies elles-mêmes». Il a indiqué que les initiatives «qui auraient pour but ou pour conséquences de porter atteinte à la cohésion de l'Afrique et de mener à la fragmentation de la position africaine commune, sans aucune garantie de prise en charge future des revendications du continent, ne sont pas susceptibles de contribuer efficacement à l'enrichissement du débat et, encore moins, à une nécessaire régénération de l'organisation des Nations unies». Le ministre a dans ce cadre rappelé que le Comité des dix s'est déjà prononcé contre toutes les initiatives qui viseraient à résumer ou à fusionner des textes sans l'accord préalable des Etats membres sur les principes et les critères des thèmes de négociations. «La position conservatrice qui ne rend pas justice à l'Afrique ne doit cependant pas ébranler notre foi dans la poursuite de notre légitime revendication jusqu'à son aboutissement», a-t-il insisté. Cette position consiste à «être pleinement et de façon permanente représentée au Conseil pour y jouer le rôle qui doit être le nôtre dans le règlement des crises et conflits qui interpellent la communauté internationale dans son ensemble tout en étant majoritairement situées en Afrique», a-t-il expliqué. La représentation de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité en tant que membre permanent jouissant du droit au veto, a été le point le plus revendiqué par les représentants du Comité des dix chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (C10) sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Lors de l'ouverture officielle des travaux de la réunion préparatoire du Sommet du C10, les intervenants ont estimé que la représentation actuelle au sein du Conseil de sécurité de l'ONU «ne peut pas continuer ainsi et qu'il était temps de procéder à sa réforme». Pour eux, la quasi-totalité des dossiers traités au sein de ce Conseil de sécurité ont une relation directe avec ce qui se déroule en Afrique, plaidant, dans ce sens, pour que l'Afrique, représentée par 54 Etats membres au sein de l'ONU, puisse disposer du droit de siéger en tant que membre permanent avec droit de veto. Dans une déclaration à la presse, le président du C10 au niveau des ambassadeurs permanents à New York, le Sierra Léonais Vandi Chidi Minah, a indiqué que l'objectif de la réunion est de sortir avec une vision claire concernant le processus de négociations et une interaction sur la réforme du Conseil de sécurité avec les autres groupes et de savoir comment renforcer les intérêts du continent africain. «L'Afrique a un mandat clair et déterminé par le consensus d'Ezulwini, adopté en 2005. Toutes nos positions et engagements dans les négociations sont déterminés dans ce document de référence. Nous n'allons pas changer cette position constante», a-t-il insisté. De son côté, la vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Namibie, Netumbo Nandi Ndaitwah, a souligné que «c'est partant de la représentation injuste de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité que cette réunion a eu lieu». Rappelons, enfin, que les chefs de la diplomatie du C10 de l'UA est composé de l'Algérie, la Libye, le Sénégal, la Sierra Leone, la Namibie, la Zambie, le Kenya, l'Ouganda, la Guinée équatoriale et le Congo. Y. S. /APS