Le timing choisi par le président de la République pour le remaniement ministériel, annoncé jeudi dernier, semble répondre à de nombreuses exigences et impératifs dictés par la conjoncture politico-économique que connaît le pays depuis quelques mois, notamment avec la chute des prix du pétrole et la nécessité d'accentuer et d'intensifier davantage l'action de l'Exécutif sur le terrain. Certes, le président de la République, à travers sa décision de «reconfigurer» l'équipe gouvernementale, a pris de court de nombreux observateurs et même l'opinion publique. De nombreux ministres ont même appris «la nouvelle» alors qu'ils étaient en pleine activité sur le terrain. Mais, au vu des changements opérés, il apparaît clairement que le premier magistrat du pays a voulu donner du sang neuf à une équipe confrontée à des dossiers d'une actualité brûlante. De la question de la fuite de la devise à l'exploitation du gaz de schiste, en passant par la hausse des importations, les marchés parallèles de la devise, la production nationale, la baisse des exportations des hydrocarbures et les dernières nouvelles relatives aux équilibres des finances du pays, il faut dire que de nombreux fronts se sont imposés aux différents départements ministériels. Et ce n'est qu'un échantillon des défis qui attendent le gouvernement Sellal 4, qui sera désormais majoritairement technocrate. Sellal aura ainsi à composer avec des «techniciens» dans les différents départements ayant connu des changements à leur tête. Des changements qui ont touché, il faut le dire, des ministères clés dont l'énergie, les finances, les télécoms, les ressources en eau, les transports ou encore les travaux publics. En d'autres termes, le remaniement partiel de jeudi dernier répond à des impératifs économiques, mais il apparaît aussi, selon des observateurs, comme «un correctif» en cours de route à l'équipe Sellal. Une reconfiguration qui arrive à une période cruciale sur le plan politique puisqu'il est question de la révision de la Constitution, dont l'échéance n'est pas encore connue, et d'une activité partisane intense dans les prochains mois avec, en prime, les congrès des deux partis politiques majoritaires à l'Assemblée populaire nationale en l'occurrence le FLN et le RND. Mais à y regarder de près, les changements opérés traduisent la volonté du Président de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne certains dossiers économiques «pressants». Il est question, en particulier, de l'énergie et des finances. Les deux départements sont, en fait, depuis quelques mois sous les feux de la rampe pour plusieurs raisons. Pour l'énergie, inutile de rappeler le mouvement anti-schiste, né au cœur même de la région choisie pour abriter les premiers forages de puits de gaz de schiste. Youcef Yousfi, le désormais ex-ministre de l'Energie, a eu, pour rappel, à faire face à une large opposition à l'exploitation de cette énergie non conventionnelle à In Salah. Mais le cœur du problème est lié à un défaut de communication qui a accentué le mouvement. Le secteur a également connu un cycle de pénurie de carburant qui a paralysé de nombreuses wilayas du pays. Yousfi a eu également à gérer la nouvelle donne de la chute des prix du pétrole qui a quelque peu faussé les calculs du gouvernement. C'était même l'une des raisons qui est derrière la fameuse déclaration de Mohamed Djellab, désormais ex-ministre des Finances, sur la fin de la gratuité de certains services publics, dont celui de la santé. Mais plus sérieusement, le département des finances a été, tout comme l'énergie, le ministère censé apporter des solutions et proposer des mesures face à une situation de déséquilibre des finances publiques et de déficits qui se sont creusés pour les raisons que l'on connaît. Djellab avait aussi pour tâche de rééquilibrer et rationaliser les dépenses publiques, devenues ces derniers temps une nécessité recommandée même par les institutions internationales. Les chiffres alarmants ont même poussé le Premier ministre à adresser une instruction aux différents départements en vue de renforcer le contrôle sur les opérations d'importation et de transfert de devise. L'autre gros chantier des finances, resté en suspens, est celui de la réforme des banques et du marché financier. Par ailleurs, d'autres membres du gouvernement ont été remerciés et remplacés par de nouvelles têtes. Le secteur des télécoms en fait partie. Géré par Mme Zohra Derdouri, le département de la Poste et des TIC revient désormais à une compétence nationale issue du secteur. Derdouri qui a eu à chapeauter le lancement de la 3G, avait hérité d'un secteur sensible, mais aussi complexe. Les interminables questions d'amélioration du service public de la Poste demeurent toujours d'actualité. Sa collègue de la culture, Mme Nadia Labidi, aura aussi occupé l'espace public durant le lancement de l'événement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». La préparation et le déroulement de la manifestation ont fait, pour rappel, l'objet de critiques, ciblant principalement la personne de la ministre. Enfin, parmi les ministres sortants figure Hocine Necib qui était aux commandes du département des Ressources en eau. Il a été remplacé par Abdelouahab Nouri. S. B.