Malik Boumati «Comme nous avons mis en garde en 1962 et comme nous avons mis en garde en 1992, nous mettons en garde aujourd'hui contre un avenir incertain, si le statu quo persiste et si l'on reste sans rien faire.» Cette déclaration est de Mohamed Nebbou, premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) qui animait hier samedi un meeting populaire à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le responsable du FFS prévient le pouvoir sur les risques du statu quo sur l'Algérie et son refus du consensus national proposé par ce parti d'opposition, parce que les plus forts de ce monde dessinent les cartes des pays. «Les grandes puissances dessinent les cartes des pays comme elles l'entendent dans l'impunité garantie. Comme elles l'avaient dessiné par Sykes-Picot, en 1948, elles les dessinent actuellement, en Irak, en Lybie, en Syrie, au Yémen et le tour viendra, sans doute, de l'Algérie si aucun changement n'est opéré pour mettre un terme à la crise multidimensionnelle», avertit Mohamed Nebbou qui tire la sonnette d'alarme sur le danger qui guette l'Algérie, notamment le risque de «désintégration et d'effondrement de l'Etat», en rappelant que ce n'est pas la première mise en garde du FFS après celles notamment de 1962, 1992 et 2001. «Nous avions appelé à la démocratie en 1962 mais on ne nous a pas écoutés à temps. Nous avions appelé à la réconciliation en 1992 mais on ne nous a pas écoutés à temps. Nous appelons aujourd'hui au consensus et nous espérons être écoutés en ce moment et avant qu'il ne soit trop tard», ajoute encore Mohamed Nebbou, insistant sur la démarche de reconstruction du consensus national qui a reçu un écho favorable de la part de certains partis, personnalités et organisations de la société civile. C'est pour cela qu'au FFS, «nous restons convaincus et nous ferons de notre mieux pour en faire un succès national». Le FFS se prononce contre la politique d'austérité prônée par les responsables du pays, même si le mot n'a pas été utilisé. «Au FFS, nous sommes contre les politiques d'austérité qui toucheront, encore plus, les couches les plus défavorisées de la société», souligne le premier secrétaire du FFS pour qui «si sacrifices il y a, ils doivent être équitables et ce n'est pas au citoyen lambda de payer la facture, seul. Toutes les composantes de l'Etat et de la société sont concernées et les couches les plus fragiles doivent être protégées en toutes circonstances». Pour le FFS, les inégalités, l'injustice sociale et la corruption «flagrantes et intolérables», empêchent le retour de la confiance, de la solidarité et des liens sociaux, et le FFS considère que «le retour de ces valeurs conditionne la mobilisation du peuple pour faire face aux défis qu'il doit affronter» «Travaillons pour la protection et le maintien de l'Algérie unie, souveraine et démocratique, travaillons à purifier l'atmosphère intérieure, parce que nous pourrons faire face au danger extérieur si nous sommes unis, et cela ne peut venir que par le biais d'un consensus national», conclut Mohamed Nebbou après avoir exprimé son incompréhension sur le refus des responsables de certaines formations politiques (membres de la Cnltd, sans les citer) d'adhérer à la démarche de reconstruction du consensus national au moment où ils insistent sur le départ de la personne du chef de l'Etat, à travers leur appel à l'application de l'article 88, et, ensuite, à l'organisation d'élection présidentielle anticipée. L'animateur du meeting les confond ensuite avec le système en affirmant : «Cette partie de la classe politique oublie ou tente de nous faire oublier que la machine qui a fabriqué ce président peut en fabriquer un autre sans que la situation des Algériennes et des Algériens ne soit changée et sans la réappropriation de leur souveraineté usurpée. Il n'a y a pas lieu de s'étonner, car cette partie de la classe politique n'est autre que le produit de la même machine et elle fait partie de ce système ». De son côté, Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle du FFS a saisi l'occasion de ce meeting pour commenter les derniers changements opérés au sein du gouvernement, dans les entreprises et organismes publics, dans certains partis politiques et dans le secteur de la justice. «Manifestement, on veut donner l'impression qu'une volonté existe de moraliser la vie publique, de liquider les anciennes affaires, de lutter contre la corruption qui ont empoisonné le pays depuis plusieurs années et qui devrait surtout restaurer la crédibilité, l'autorité et la popularité des dirigeants», indique Rachid Halet, qui exprime son scepticisme en ajoutant : «La réalité est que nous perdrions beaucoup de temps et d'énergie à pénétrer les vrais desseins du pouvoir. Nous n'oublions pas que dans le système politique actuel l'opacité, la ruse, la propagande, la violence et la contrainte demeurent des outils irremplaçables du pouvoir pour gérer la société.» M. B.