Les Chebab ont lancé hier une attaque suicide contre une base des services de renseignement dans la capitale somalienne Mogadiscio. Selon le ministre de l'Intérieur somalien, les trois assaillants ont été tués, tandis que les forces de sécurité n'ont pas subi de pertes. Un porte-parole des Chebab, affiliés à Al-Qaïda, a revendiqué l'attaque. « Les assaillants ont utilisé une voiture piégée pour pénétrer dans le complexe. Il y a eu un intense échange de coups de feu», a déclaré un responsable de la sécurité somalienne. Dans un communiqué, l'Agence nationale du renseignement et de la sécurité (Nisa) a indiqué que l'attaque avait échoué. Trois corps ont été montrés par les services de sécurité après l'attaque, qui intervient en ce début du mois du Ramadhan, une période où les Chebab intensifient leurs actions. «Les services de sécurité ont fait échouer une attaque des terroristes désespérés», a déclaré le porte-parole du ministre de l'Intérieur, Mohamed Yusuf. «L'un d'eux s'est fait sauter et les deux autres ont été tués par balle. Ils tentaient de se ruer dans les bâtiments, mais ils ont été stoppés avant d'atteindre leur objectif. Au Kenya voisin, un représentant de l'administration locale a été assassiné à la sortie d'une mosquée, la police kényane a attribué l'attaque aux Chebab. Mohamed Barre Abdullahi, un chef de la localité de Wajir, proche de la frontière somalienne, a été tué samedi par balle après la prière du soir. L'attaque aurait été menée par des miliciens Chebab, basés en Somalie, mais qui ont aussi des hommes au Kenya, notamment dans le nord-est du pays, région frontalière où ils ont perpétré de nombreuses attaques ces derniers mois. Les Chebab ont établi une liste de cibles à abattre visant des responsables locaux kényans, les qualifiant d'«agents des infidèles». Cet assassinat intervient trois jours après la levée du couvre-feu du crépuscule à l'aube qui était en vigueur depuis deux mois dans la région. Cet assouplissement des mesures de sécurité avait été décidé pour faciliter le Ramadhan, qui vient de débuter. Les Chebab, littéralement «les jeunes», à la tête d'une insurrection armée en Somalie depuis 2007, attaquent régulièrement les autorités de Mogadiscio. Défaits sur le terrain militaire par la Force de l'Union africaine (Amisom) qui épaule l'embryon d'armée somalienne, ils multiplient les attaques, les attentats et les actions de guérilla dans le pays. La Somalie est privée d'un réel Etat central depuis la chute en 1991 de l'autocrate Siad Barre, qui l'a plongée dans le chaos et livrée aux milices claniques, bandes criminelles et groupes islamistes. Depuis plusieurs mois, les Chebab ont également intensifié leurs attaques au Kenya, fer de lance de l'Amisom, particulièrement dans les provinces frontalières de Mandera, Wajir et Garissa. Les islamistes ont notamment assassiné 148 personnes, dont 142 étudiants, à l'université de Garissa début avril. R. I.