Jusque-là relativement épargné par la violence sévissant dans la région, le Koweït a été ébranlé, hier, par un sanglant attentat qui a fait des dizaines de morts et qui ne fera qu'exacerber la haine communautaire déjà fortement exacerbée avec la guerre toujours en cours au Yémen. Une explosion a eu lieu dans une mosquée chiite de la capitale Koweït City pendant la grande prière du vendredi, qui attire de nombreuses personnes dans l'édifice religieux, particulièrement lors de cette période du mois sacré du Ramadhan. L'explosion a frappé la mosquée Al-Imam Al-Sadek. Au moins 24 personnes ont été tuées, et près de 200 blessés selon les premières estimations données par la chaîne satellitaire Al-Arabya. Le bilan risquant fortement d'aller à la hausse. L'assaillant se serait fait exploser aux milieux des fidèles en plein prière. Les images horribles des dégâts à l'intérieur de la mosquée ont vite fait de faire le tour des réseaux sociaux et des médias internationaux. Des appels aux dons de sang ont été lancés par les hôpitaux et structures sanitaires. L'Etat islamique, plus communément appelé Daech, qui a perpétré des attaques similaires ces dernières semaines en Arabie saoudite et au Yémen, a revendiqué cet attentat faisant plonger le pays dans la consternation. Ce second vendredi du mois sacré du Ramadhan aura été sanglant pour le Koweït. La communauté chiite qui forme le tiers de la population de ce pays du Golfe reste marginalisée politiquement et le thème de la fracture confessionnelle y reste tabou. La recrudescence des violences sectaires dans la région creuse l'antagonisme entre les radicaux chiites koweïtiens et leurs rivaux salafistes, les sunnites les plus conservateurs. L'émir du Koweït Sabah Al Ahmad s'est rapidement rendu sur le lieu de l'attentat. En pleurs, l'émir dira que c'est le Koweït qui a été frappé et non une communauté. Fin mai, l'émir du Koweït avait appelé les pays musulmans à intensifier leur lutte contre l'extrémisme lors d'une conférence panislamique destinée à coordonner le combat contre les groupes djihadistes, dont Daech. Dans un communiqué, «la province de Najd», qui s'est récemment manifestée comme la branche saoudienne de Daech, affirme qu'un kamikaze, Abou Souleiman Al-Muwahhid, a perpétré l'attentat contre une mosquée qui «répandait l'enseignement chiite parmi la population sunnite». Le groupe dénommé «la province de Najd» avait revendiqué en mai deux attentats meurtriers contre les chiites en Arabie saoudite. Ce vendredi sanglant plonge le Koweït dans la violence meurtrière. Un député Koweitien, Salah Achour, a déclaré que le «gouvernement se doit de sévir contre ceux qui qualifient d'apostats les chiites et leurs mosquées», critiquant certains médias du pays. L'ancien ministre de la Santé du Koweït, Saad Bentaflah, a déclaré que «c'est un jour triste et sanglant pour le Koweït, mais personne n'est à l'abri du terrorisme». M. B./Agences