Les Ghardaouis, qui ont toujours été un exemple éloquent de tolérance, de clémence et de sagesse, semblent avoir répudié tous ces concepts pour en adopter leurs opposés. Et aujourd'hui, ils semblent y avoir pris goût puisque depuis plus de deux ans le calme n'arrive pas à retrouver son chemin dans la région. D'ailleurs depuis le début du mois de juillet, les nuits ramadanesques de la capitale du M'zab sont mouvementées, avec des cycles de violences nocturnes éclatant ça et là, après le f'tour et la prière des tarawih. Deux violents affrontements ont d'ailleurs éclaté dans la soirée de dimanche dernier et d'hier causant la mort de trois personnes. Ces dernières ont succombé à leurs blessures après des échauffourées entre Malékites et Ibadhites, qui ont eu lieu à Berriane et Guerrara. La première victime est un jeune de 22 ans qui a été grièvement blessé par un projectile et qui est décédé dans la nuit de lundi à hier à l'hôpital de Guerrara. Deux autres personnes blessées dans des heurts entre jeunes à Berriane ont succombé hier à leurs blessures. Les deux victimes, âgées de 30 et 40 ans, ont été grièvement blessées par des projectiles lancés par des inconnus. Elles ont succombé à leurs blessures lors de leur transfert respectivement vers l'hôpital de Berriane et celui de Ghardaïa. Rappelons que les affrontements qui n'ont jamais cessé dans la région, ont violemment repris il y a une semaine, juste après la visite, jeudi dernier, du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Bedoui. En effet, à peine quarante-huit heures après cette visite, les heurts entre les jeunes des deux communautés ont repris. Les premières escarmouches sont parties dimanche dernier, vers 2 heures 30 minutes du matin du quartier populaire de Kef Hamouda qui surplombe la ville. Les violences se sont étendues ensuite à toutes les ruelles du quartier pour atteindre ensuite le quartier de Baba Sâad. À coups de jets de pierres, de cocktails Molotov et de bouts de métal propulsés par des lance pierres et des frondes, les jeunes des deux communautés (Ibadites et Malékites), se sont affrontés pendant plusieurs heures avant que les forces anti-émeutes de la police, très dépassées au départ, ne réussissent à les séparer. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées durant ces affrontements. Les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux, ont tenté de disperser les émeutiers en recourant aux bombes lacrymogènes. Les mêmes scènes d'affrontements sporadiques entre des groupes de jeunes ont été également enregistrées dans la localité de Berriane, et se poursuivaient toujours, hier en milieu de journée. Les affrontements ont été émaillés par des incendies et des actes de vandalisme contre des habitations, des locaux commerciaux, des véhicules particuliers et des palmeraies, le mobilier urbain ainsi que des édifices publics. Des notables locaux de différentes composantes de la société ghardaouie ont appelé les habitants à la «vigilance et à la sagesse» pour éviter ces affrontements qui, selon eux, «nuisent à la réputation de la région et ternissent son image». Une commission interministérielle chargée de l'examen des voies et moyens pour consolider le retour à l'ordre public dans la région de Ghardaïa a été installée jeudi dernier par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Rappelons que le ministre avait affirmé que l'Etat veillera à l'application «rigoureuse» de la loi contre tous ceux qui «s'avisent de porter atteinte à l'ordre public ou de compromettre l'avenir de cette wilaya». Malgré ces avertissements et la présence d'un dispositif quasi militaire de plus de 8 000 agents de l'ordre, postés en permanence dans la vallée du M'zab, les violences ont à nouveau éclaté dans la ville de Ghardaïa. Ce qui prouve donc que la démarche suivie jusque-là est inefficace et que l'Etat, pour ce qui concerne le dossier sécuritaire à Ghardaïa, doit absolument et impérativement revoir sa copie avant que qu'il ne soit trop tard. H. Y.