Le mois de Ramadhan censé être une période de fraternité et d'unité entre les musulmans aura été destructrice pour le Yémen soumis inlassablement aux bombardements des «frères». Même la trêve visant à permettre l'acheminement d'une aide humanitaire aux milliers de personnes en détresse au Yémen a été violée à plusieurs reprises quelques heures seulement après son entrée en vigueur. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait exhorté vendredi tous les belligérants à respecter cette pause humanitaire, censée durer jusqu'à la fin du Ramadhan. Mais le pays a été de nouveau le théâtre de violents combats et de bombardements de la coalition arabe menée par Riyad. Des avions de la coalition ont visé la ville de Taëz où faisaient rage des affrontements fratricides. L'agence de presse officielle du Yémen, contrôlée par le gouvernement en exil, a accusé les Houthis et les troupes loyales à l'ancien président Ali Abdallah Saleh d'avoir envoyé des renforts à Taëz avant la trêve. Dans le sud du pays, la coalition a également bombardé d'autres provinces voisines de Lahj. Peu avant le début annoncé de la trêve de six jours, Abdel Malek al-Houthi avait déclaré que sa réussite dépendait «de l'engagement du régime saoudien et (...) d'un arrêt total de (son) agression». La coalition menée par l'Arabie saoudite avait fait silence sur cette trêve décrétée par l'ONU, un responsable saoudien l'avait même jugé «inutile». Les 15 pays membres du Conseil de sécurité avaient demandé vendredi aux différents acteurs de la guerre au Yémen de «suspendre leurs opérations militaires pendant la pause» et «de faire preuve de retenue au cas où des incidents isolés viendraient rompre cette trêve, et d'éviter toute escalade». Il les avait aussi exhortés à «faciliter la livraison urgente d'aide humanitaire dans tout le Yémen». Selon l'ONU, 80% de la population (soit 21 millions de personnes) ont besoin d'aide ou de protection et plus de 10 millions ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau potable alors que la guerre a fait plus de 3 200 morts depuis la fin mars. «Il est impératif et urgent que l'aide humanitaire atteigne toutes les personnes vulnérables (...) tout au long de la trêve», a estimé un porte-parole de l'ONU plus d'une semaine après l'inscription du pays au niveau maximal d'urgence sanitaire. En effet la situation humanitaire est arrivée à un niveau critique dans ce pays déjà en difficulté économique. Et les organismes humanitaires trouvent le plus grand mal à activer. Cette trêve est «notre dernier espoir», a déclaré le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM). Le PAM est parvenue depuis une semaine à livrer 9 000 tonnes de nourriture à son entrepôt au Yémen. Et pour pouvoir distribuer cette aide et atteindre toutes les régions du Yémen une trêve est inévitable. Une précédente trêve à la mi-mai n'avait duré que cinq jours, les bombardements destructeurs avaient repris de plus belle. M. B./Agences