Il s'agit là d'une des propositions du FCE, pour les dix prochaines années, présentées hier au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sous forme de document baptisé «Plan d'émergence économique de l'Algérie». Ainsi, selon cette organisation patronale, bien que «louable» et «juste», la politique de soutien des prix des produits de large consommation et de subvention d'autres produits et secteurs que les pouvoirs publics mènent depuis de longues années, a engendré «des abus», «des déviations», «des gaspillages» et de «l'informel». Preuve à l'appui, pour l'année 2014, les sommes consacrées au soutien des prix et aux diverses subventions (transferts sociaux) se chiffraient à 60 milliards de dollars, soit 30% du PIB. Pire encore, plus de 1 700 milliards de dinars vont aux produits alimentaires. Cet effort, selon M. Haddad, ne peut être soutenu au même rythme, au moment où les prix des hydrocarbures connaissent une baisse sans précédent. Le FCE pense ainsi qu'il est «urgent» de s'orienter vers une autre politique devant soutenir les personnes sans revenu, les ménages à revenu très faible ou à revenu faible, au lieu de soutenir les prix des produits. «En soutenant directement les ménages qui en ont le plus besoin, l'Etat abandonnera la pratique du soutien indiscriminé ciblant les produits», a souligné M. Haddad, estimant que le système proposé sera plus «juste», car, a t-il expliqué, il permettra à l'Etat d'allouer son aide directement et plus efficacement sous forme de revenus entièrement versés aux catégories sociales les plus fragiles qui sont réellement dans le besoin. Cette nouvelle politique, poursuit le patron du FCE, permettra aussi de revoir le système des subventions accordées aux entreprises publiques, telles Sonelgaz, Naftal, ADE, Oiac et Onab, en contrepartie du gel des prix. Les subventions empêchent ces entreprises d'avoir une gestion rigoureuse et affaiblit leur efficacité, selon le Forum des chefs d'entreprises. Le nouveau système sera ainsi «plus économique», car il contribuera, selon le FCE, à éliminer les gaspillages, à réduire les importations et à lutter contre les fuites des produits hors-frontières nationales. «Des économies qui peuvent être estimées entre 20 et 25%», estime Ali Haddad. En outre, l'organisation patronale plaide notamment pour la libération de l'acte d'investir en ouvrant «effectivement» aux investisseurs nationaux tous les secteurs d'activité, à l'exception des secteurs de souveraineté. Saluant les dernières mesures prises lors du Conseil des ministres de mercredi dernier, le président du FCE a estimé que le développement de l'entreprise est tributaire de la libération des initiatives. De plus, l'organisation patronale propose d'opérer une réforme profonde de l'administration économique afin de lever toutes les contraintes sur l'acte d'investir. De même, écrit le FCE dans son plaidoyer, il est nécessaire d'engager une réforme fiscale profonde visant à simplifier l'environnement fiscal de l'entrepreneur. Se fixant un objectif de réaliser un taux de croissance allant de 5 à 7% dans les cinq prochaines années, le FCE suggère, entre autres, d'élever la part de marché de la production nationale en particulier dans les secteurs où il y a une forte demande et un grand potentiel, comme les matériaux de construction (acier et ciment). Par ailleurs, M. Haddad a annoncé la création d'un Forum des jeunes entrepreneurs, qui vise à promouvoir et à soutenir les jeunes porteurs de projets. A signaler que les recommandations du FCE ont été déclinées en trois chapitres : des mesures structurelles urgentes, des mesures sectorielles urgentes et des mesures pour la révision de la politique des subventions et de soutien des prix. B. A.