Après quatre mois de guerre la situation au Yémen continue à basculer entre les acteurs en belligérance tentant chacun de prendre l'ascendant sur l'autre. Les forces anti-houthis semblent avoir repris l'initiative dans le sud du Yémen, tentant de reconquérir des territoires qui leurs échappent comme la stratégique Aden. Au lendemain de la reconquête de Houta, chef-lieu de la province de Lahj, au nord d'Aden, des combattants Houthis se sont repliés abandonnant cette ville et la base aérienne d'Al-Anad restées encerclées par les forces fidèles à l'ancien gouvernement. Cette base aérienne à l'importance tactique a basculé à l'issue d'une offensive lancée avec le soutien aérien et matériel de la coalition saoudienne. Cette coalition est intervenue unilatéralement le 26 mars au Yémen pour influer sur le cours des événements sur le terrain et soutenir le président Abdrabbou Mansour Hadi aujourd'hui exilé en Arabie saoudite. Les combats ont fait des centaines de morts et de blessés et maintenu le Yémen, un des plus pauvre pays du monde arabe, dans une situation de grande précarité politique, économique et aujourd'hui sécuritaire. Pour mieux contrôler Aden, la deuxième ville du Yémen, les forces pro-Hadi ont reconquis la province de Lahj et tentaient à présent de reprendre la province d'Abyane, plus à l'Est, dont le chef-lieu Zinjibar toujours sous contrôle Houthis. Le pays subit toujours une guerre d'usure interne avec des corrélations externes évidentes. Les forces pro-Hadi, soutenues par l'aviation de la coalition dirigée par Riyad, bénéficient de l'avantage de l'espace aérien et de l'appui de forces terrestres «qui ont débarqué récemment à Aden avec du matériel militaire moderne, dont des chars et des pièces d'artillerie», selon certaines sources proches de Riyad. Dans cette confusion seule quelques rares voix poussent à un règlement pacifique de la crise. Le chef des Houthis Abdelmalek al-Houthi, s'était dit prêt à un règlement politique du conflit au Yémen. «Nous accueillons tout effort d'une quelconque partie neutre arabe ou internationale», a-t-il dit. En attendant que la raison revienne la situation humanitaire frise le chaos. A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé une nouvelle aide humanitaire de 12 millions d'euros au Yémen où la situation a été jugée «catastrophique» par le commissaire pour l'aide humanitaire. Partis de Saada, leur fief dans le nord du Yémen, les Houthis, issus de la minorité chiite zaïdite et aidés par des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé l'an dernier une offensive contrôlant la capitale Sanaa et de vastes secteurs du nord, du centre et de l'ouest du pays. Pour stopper leur progression vers le sud, l'Arabie saoudite a pris le 26 mars la tête d'une coalition arabe qui mène depuis une campagne aérienne aux résultats mitigées. Les groupes extrémistes djihadistes dans le sud du pays ont largement profité de cette guerre d'usure pour se renforcer. R. I.