Un attentat au camion piégé perpétré au centre de Kaboul a fait au moins 15 morts et plus de 200 blessés hier. C'est la première attaque d'envergure dans la capitale afghane depuis la nomination du successeur du mollah Omar à la tête des talibans. L'explosion a détruit de nombreux immeubles d'habitation ainsi qu'un marché et creusé un énorme cratère d'environ dix mètres de profondeur non loin d'un bâtiment de l'armée, dans le quartier de Shah Shaheed, dans l'est de Kaboul. Des Afghans appelaient leurs compatriotes à donner de leur sang pour soulager des hôpitaux débordés à la suite de cette attaque vivement condamnée. Les enquêteurs de la police estimaient que le bâtiment militaire situé à proximité du lieu de l'attaque était en fait la cible des assaillants. Les talibans avaient tué neuf personnes jeudi au cours d'une série d'attaques dans le pays. Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) publié cette semaine. Dans la première moitié de l'année, qui a été marquée par la fin de la mission de combat de l'Otan, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1 592 morts et 3 329 blessés, a relevé l'Unama. C'est sans compter les victimes au sein de la police et de l'armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection s'étendant désormais à la quasi-totalité de l'Afghanistan, et non plus au seul sud de ce pays. Les violences à Kaboul, Kandahar et dans le Logar constituent la première vague d'attaques d'envergure depuis la désignation du mollah Akhtar Mansour à la tête des talibans la semaine dernière, en remplacement de leur chef historique, le mollah Omar. Une frange de la rébellion refuse de faire allégeance au nouveau chef, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé du mollah Omar, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans. Preuve de ces discordes : lundi, Tayeb Agha, chef du bureau politique des talibans établi au Qatar pour faciliter un éventuel dialogue de paix avec Kaboul, a démissionné. Les négociations de paix avec le gouvernement afghan sont le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier cycle de pourparlers organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre entre les deux parties devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar. Aucune date n'a encore été fixée pour la reprise de ce dialogue qui demeure la «seule option crédible» afin de stabiliser la région, a plaidé cette semaine le chef de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif. R. I.