La décision du gouvernement de geler les projets publics non engagés a relancé la question du financement de l'économie nationale, qui se pose déjà depuis quelques années, et fait craindre le pire aux entreprises nationales dont qui dépendent, en majorité, de la commande publique. Le débat sur la question pourrait même concerner l'option de création d'un fonds souverain, écartée par les autorités en raison des risques élevés que cela comporte notamment sur le marché international. Cette idée, qui a germé suite au débat lancé au lendemain de la crise financière de 2009, reste toujours d'actualité aujourd'hui, mais posée différemment par le patronat. Ce dernier a proposé la création d'un fonds d'investissement privé national, qui serait destiné à accompagner les différents investissements publics et privés du pays. Le gouvernement n'a pas encore donné de signe d'aller vers une telle option. Mais quoi qu'il en soit, en l'absence d'un marché financier performant et d'une culture financière, le pays reste privé, dans la conjoncture actuelle, de mécanismes à même de tirer profit de la manne financière circulant en dehors des circuits bancaires. L'amenuisement des ressources financières du pays impose ainsi de recourir à des modes de financements alternatifs répandus dans le monde et ayant démontré leur efficacité que ce soit pour des investissements d'équipement ou de production. Outre la Bourse d'Alger qui n'arrive toujours pas à capter les capitaux, se limitant à une poignée d'entreprises, le paysage économique ignore superbement les moyens de financements fiables pour d'innombrables raisons, dont le manque de confiance, l'incompatibilité de la réglementation dans certaines situations. Le ministère des Finances avait fait part, il y a quelques mois, de son intention de mettre en place des actions en faveur du développement du marché financier, mais le concret tarde à voir le jour. D'aucuns pensent aujourd'hui que, face à la chute des prix du pétrole, il faut maintenir un rythme régulier de l'activité économique. Les experts s'accordent à dire dans ce cadre que l'option d'un plan d'austérité, ou du moins les coupes budgétaires prônées par le gouvernement, n'est pas dans l'intérêt de l'économie nationale. Cette dernière risquerait même de subir un second coup dur du fait d'un ralentissement de la croissance induit par le désengagement partiel de l'Etat de la sphère économique. Certes, de nombreuses institutions multilatérales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, n'ont cessé d'appeler à une rationalisation des dépenses d'équipement, mais cela passerait par des solutions de rechange à même de permettre aux entreprises de maintenir leur carnet de commande à un niveau acceptable. Il est utile de rappeler que les investissements d'équipement ont toujours été autofinancés. Ce que confirme la Banque d'Algérie. Selon les chiffres communiqués par cette institution l'autofinancement, un mode privilégié par les investisseurs, a enregistré une forte croissance à des rythmes de 71,4% et de 24,1% respectivement en 2010 et 2011. Durant cette période, 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés, représentant essentiellement des investissements de l'Etat et du groupe Sonatrach. C'est ce le cas aussi des investissements hors hydrocarbures qui ont aussi été fortement autofinancés à hauteur de 59,7%. A travers ces chiffres, il apparaît que la décision du gouvernement de geler une partie des projets d'équipement, quoique justifiable, comporte des risques sur le système économique étant donné que certains secteurs prioritaires nécessitent toujours des mises à niveau et des investissements qui ne pourraient être sacrifiés. Il est question notamment de la santé, l'éducation et l'habitat. Mais en attendant les réformes que décidera le gouvernement, le pays resterait suspendu au bon vouloir du marché pétrolier. S. B.