Le temple 5-Juillet-1962 a rouvert, ce week-end, ses portes aux footballeurs et au public sportif. Après une énième rénovation qui aura duré plus de deux ans, le plus grand stade du pays a accueilli, dans la soirée de jeudi dernier, le derby algérois de la Ligue1 Mobilis, qui a opposé les Jaune et Noir du l'USM El Harrach aux navigateurs du NA Hussein-Dey. L'infrastructure a fait peau neuve. Les tribunes, désagrégées et dont l'effondrement d'un pan avait causé la mort de deux supporters en 2013, ont été entièrement rénovées permettant la pose de 62 000 sièges dont 33 000 nouveaux bancs. La pelouse a été aussi totalement refaite pour remédier au problème récurrent de drainage des eaux pluviales qui transformaient le terrain en piscine à la moindre averse. L'éclairage, jusque-là défectueux, a subi aussi un profond lifting. De nouveaux écrans géants ont été installés. Des espaces multimédias ont été également créés pour faciliter la tâche aux journalistes et aux professionnels. La tribune d'honneur a été modernisée pour offrir plus de confort aux personnalités et aux invités de marque. Cependant, la 3e et dernière phase du projet, comprenant l'agrandissement des gradins et la couverture du stade, a été reportée pour d'évidentes raisons budgétaires. Le coût initial du projet de rénovation, qui s'élève selon les chiffres rapportés par la presse nationale à 600 millions d'euros, a été, donc, amputé suite à la chute des cours mondiaux du pétrole, principale ressource budgétaire du pays. L'Office du complexe olympique 5-Juillet, un gouffre financier Depuis son inauguration en 1972, le stade 5-Juillet et ses structures annexes ont fait l'objet de plusieurs opérations de réfection et de rénovation qui ont coûté des milliards de dinars au Trésor public. Tout l'argent ainsi inutilement dépensé aurait suffit pour doter tout le pays d'infrastructures de haut standing, disent certains connaisseurs du dossier. La pelouse du stade 5-Juillet a été, par exemple, refaite à maintes reprises sans succès. A chaque échec ses fausses excuses. On évoque, pêle-mêle, la nature chimique des sols, l'imperfection du système de drainage, la qualité du gazon ou le manque d'entretien. Mais, on ne parle jamais de mauvaise gestion. Des entreprises étrangères (hollandaises, espagnoles et françaises) repartent, à chaque fois, avec toute la cagnotte contre des travaux bâclés, expédiés en un temps record. Plusieurs responsables de l'OCO ont été congédiés dans des conditions troubles. La vox populi parle de corruption, de trafic et de détournement de derniers publics. Le désamiantage de la coupole Mohamed-Boudiaf, l'incendie et la remise à neuf de la salle Harcha-Hassène sont, entre autres, autant d'affaires qui ont fait couler beaucoup d'encre et de salive. A l'évidence, les équipements publics de sports sont très mal gérés. Improductifs et très mal exploités, ils comptent exclusivement sur les subventions substantielles de l'Etat où, à défaut de contrôle et de suivi sérieux, il y aurait à boire et à manger. Le problème ne se pose pas uniquement à l'OCO. Il déteint sur toutes les wilayas. Les OPOW, une bureaucratie laxiste Les Offices publics omnisports de wilaya (Opow) sont pareillement défaillants dans la gestion et la valorisation et le développement du patrimoine sportif. De belles infrastructures, flambant neuves, se sont vite altérées faute d'entretien, de prise en charge adéquate et de valorisation. De grands stades (19-Mai-1956 de Annaba, Mohamed-Hamlaoui de Constantine et Ahmed-Zabana d'Oran pour ne citer que ces trois-là) sont rapidement tombés en désuétude. Dans beaucoup de cas, les terrains en gazon naturel, qu'on a délibérément abandonnés, ont été remplacés par des pelouses synthétiques dans des circonstances qu'il convient d'éclaircir. De grosses sommes d'argents ont été dépensées dans cette reconversion régressive. Placés sous l'égide du wali (à travers la DJS), la gestion bureaucratique de ces infrastructures pose aussi beaucoup de problèmes au mouvement sportif (FAF, Ligues et clubs). Tout le monde a à l'esprit le conflit latent qui a longtemps opposé la FAF à la wilaya de Blida autour de l'organisation des matchs de l'équipe nationale au stade Mustapha-Tchaker. On a aussi vu d'impardonnables pannes d'éclairage sur de nombreux terrains à travers le pays. Et, ce sont les clubs locaux qui payent les pots cassés (sanctions financières et sportives). La dégradation des gradins, le verrouillage des portails d'accès, l'absence de commodités élémentaires (toilettes, eaux), le délabrement des guichets et le vieillissement rapide du matériel sont autant de tares qui caractérisent toutes nos arènes sportives. Pour ne parler que du football, les stades de l'Unité-Africaine de Mascara, Ahmed-Kaïd de Tiaret, l'Unité-Maghrébine de Béjaïa, le 8-Mai-1945 de Sétif, le 1er-Novembre de Tizi Ouzou, Tahar-Zouaghi de Relizane et Messaoued-Zougar d'El Eulma, parmi d'autres encore, ont beaucoup perdu de leur superbe, malgré les gros budgets consommés en réfections et autres réparations expéditives. Il est grand temps de remédier à cet épineux problème. Faut-il penser à la sous-traitance ? La bonne gestion d'une infrastructure suppose, d'abord, un entretien adéquat à travers la réparation instantanée toutes les avaries qui surviennent aussi minimes soient-elles. Le gérant doit avoir constamment à l'esprit ce souci du maintien de son établissement en parfait état de fonctionnement. Il y a, ensuite, une œuvre de modernisation permanente à accomplir, suivant le développement des techniques et des technologies employées. Pour cela, la direction doit disposer de ces propres moyens pour agir à temps et bien. L'OCO et les Opow sont visiblement loin de répondre à ces deux critères élémentaires. Ils ont manifestement failli à leur mission. La tutelle doit absolument se pencher sur la question de leur remplacement par d'autres organismes. On peut, par exemple, leur substituer des établissements publics autonomes à caractères commercial et industriel (Epic). Un stade de football, comme cela se fait en Europe, peut rapporter gros. On y organise, durant les périodes de trêve sportive) des concerts de musique, de grandes manifestations culturelles, des foires et des expositions. Une telle variété de services attire des foules d'usagers, appâtent les sponsors et intéressent les sociétés de communication. Tout cela génère naturellement beaucoup d'argent qui servirait, ensuite, à la rénovation, l'extension et la modernisation de l'infrastructure. Sinon, on pourrait aussi envisager la sous-traitance au profit d'opérateurs privés sur la base d'un cahier des charges, clair et strict. Par voie d'adjudication (un peu comme on procède avec les marchés publics) on attribue à l'entrepreneur la gérance du stade pour une période définie (5 ou 10 ans). Les revenus engendrés permettront au propriétaire (l'Etat, en l'occurrence) d'opérer la mise à jour nécessaire. En somme, on ne peut pas continuer sur la même voie qui a largement prouvée son inefficacité. Ce type de remèdes reste aussi valable pour la mauvaise gestion des biens culturels qui cumulent aussi les déficits et les ratés. K. A.