A en croire le projet de loi portant règlement de l'exercice budgétaire 2013, de faramineuses sommes proposées par le ministère de la Jeunesse et des Sports seront destinées à accroître le nombre d'infrastructures construites et à réhabiliter celles existantes. Oubliant que les multiples projets initiés dans cette optique par le passé ont connu un échec retentissant. La construction des stades de Baraki et Douéra, entrant dans la cadre du plan de soutien à la croissance économique lancé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en 2007, avance au ralenti, tout comme les cinq autres stades olympiques qui sont en cours de réalisation à Tizi Ouzou (50 000 places), Sétif (50 000), Oran (50 000), Constantine (50 000) et Mostaganem (35 000). Pour ce dernier volet justement, grande est la déception des sportifs algériens quant à la matérialisation des grands projets annoncés dans l'optique de redonner un souffle nouveau à la pratique sportive en Algérie. On veut bien croire que ces nouvelles enveloppes contribueront à la construction de nouveaux stades, de centres de formation, à la mise à niveau des équipements sportifs existants, ainsi qu'à l'organisation de manifestations sportives de grande envergure. Au premier regard, ces axes stratégiques, dont le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, entend faire les bases de sa politique sportive, sont prometteurs puisqu'ils associent à la fois les infrastructures, la formation, les partenariats et le financement. Une politique qui, comme le soutiennent certains cadres du sport, devrait «permettre au sport national de connaître un véritable décollage». Seulement, les expériences antérieures suffisent pour comprendre qu'il s'agit d'une autre navigation à vue qui se prépare. Car, faut-il rappeler à cet effet que c'est depuis plus de dix ans, que le problème du stade 5-Juillet se pose avec acuité. Pour en finir avec les déboires de cette enceinte, faut-il la raser et reconstruire en lieu et place une enceinte ultramoderne avec des milliers de places. Certes, détruire ce stade coûterait beaucoup d'argent et beaucoup de temps. Mais du côté des dirigeants des sportifs algériens, l'obsession est claire : offrir le meilleur pour assurer l'avenir du sport et des clubs. Et, entre un stade rénové qui bouffe l'argent du contribuable et un stade moderne de 80 000 places, les retombées sont incomparables. Même si le choix n'est pas simple. Alors, faut-il détruire le mythique stade 5-Juillet ? L'histoire du stade 5-Juillet et sa pelouse, l'eternel recommencement Après une fermeture qui a duré presque trois années, le stade 5-Juillet fait peau neuve. En 2008 la société hollandaise Queens Grass, spécialisée dans le revêtement de terrains de football, a obtenu le marché de réfection de la pelouse du 5-Juillet pour un montant de 11 milliards de centimes (environ 1,3 million de dollars). Cette société s'était déjà occupée du Stade de France, du San Siro à Milan ou du Old Trafford, le mythique stade de Manchester United. Outre la pose d'une pelouse en gazon naturel, le contrat entre Hollandais et Algériens prévoyait l'obligation de former des techniciens algériens pour prendre le relais des Hollandais une fois le projet achevé. Ces derniers, après l'achèvement des travaux, ont beaucoup insisté sur le délai de 70 jours à respecter avant l'utilisation du terrain. N'ayant pas d'autre stade pour accueillir la formation uruguayenne pour un match amical comptant pour la préparation des Verts pour le Mondial -2010, le match s'est déroulé sur la pelouse récemment mise en place. Le végétal, qui n'a pas eu le temps de se consolider dans le sol, s'est détérioré, formant par endroits des nids de poules, sec dans d'autres, boueux et décollant par mottes, causant de multiples blessures aux joueurs et le terrain s'est dégradé. Et comme l'histoire est un eternel recommencement, le mercredi 15 novembre 2011, la même pelouse avait offert le même spectacle désolant lors d'un match amical, monté par le coach Vahid Halilhodzic entre titulaires et remplaçants de l'équipe algérienne pour combler la défection du onze du Cameroun.
L`improvisation, le népotisme Le football, c'est l'opium des peuples dit-on ! C`est le numéro un des sports en Algérie, c`est même le sport majeur. Mais, rien n'est fait à temps chez nous, on attend toujours la dernière minute pour agir alors qu`on connaît les échéances, de longue date. C`est comme si ceux en charge de la gestion des instances sportives, des infrastructures, de la chose sportive dorment d`un long sommeil et se réveillent quand les compétitions sont à la porte. Ce sont des incompétents qui n`ont aucune capacité d`anticipation ni de perspective. Sinon comment expliquer l'état de ce gazon refait il y a trois années seulement ? A qui incombe la faute ? A la firme hollandaise Queens Grass qui s'est chargée de l'implantation de ce gazon ou aux responsables du complexe olympique Mohamed-Boudiaf ? Nouredine Benmihoub, l'ex-directeur général de l'OCO, estime que la faute revient en grande partie à la société Queens Grass qui a failli lors de la mise en place de la terre végétale, en se fiant au rapport d'expertise effectué par le laboratoire d'analyses des sols du bureau national d'études pour le développement rural (Bneder) sous la coupe M. Sahbi Lyazid, directeur de cette firme. Toutefois, les experts dudit laboratoire, chargés par le MJS de trouver l'origine du mal, nient tout en bloc, Pour eux, c'est la qualité du substrat sur laquelle est posée l'herbe qui en est la principale cause. Mais, en réalité, la pelouse n'a pas bénéficié du respect des prescriptions techniques qui lui sont dues. Le substrat a été sous-traité avec une entreprise algérienne, alors que les Hollandais voulaient apporter leur propre terre, avec le dosage requis, mais pour des considérations financières, la partie algérienne s'est rabattue sur le marché local. Le directeur de la firme n'a pas cessé d'attirer l'attention sur le fait que les échantillons analysés par son laboratoire ont diagnostiqué des disproportions de la texture par rapport aux exigences de la pelouse. Rien qu'à penser que cette firme hollandaise est spécialisée et reconnue mondialement dans la fourniture et la pose des pelouses en gazon naturel, les sportifs algériens pensaient déjà à un Eldorado. Mais grande fût leur surprise lorsque par un certain mercredi 14 novembre soir au stade 5-Juillet, lors du match amical international entre l'Algérie et la Bosnie, organisé par la FAF à l'occasion de son cinquantenaire, la fête a été gâchée par l'état catastrophique de la pelouse du stade olympique. Décriée depuis de longs mois, la pelouse du Stade 5-Juillet est tout simplement un fiasco. A chaque rencontre, notamment les derbies algérois de la Ligue 1, la pelouse en question offre un spectacle attristant.
Les pylônes géants du 5-Juillet menacent ruine La mauvaise exécution du contrat sur la pause du gazon au stade 5-Juillet n'est pas le seul scandale, aujourd'hui public, dans la gestion de l'OCO. L'éclairage du stade est un autre danger de mort pour les supporters. L'état catastrophique de la pelouse du 5-Juillet, qui a soulevé le courroux des présents et de la presse lors d'une honteuse soirée de match amical pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, n'est pas le seul problème auquel font face les clubs et les sélections. L'éclairage du stade aussi est défectueux. Seuls 60% des projecteurs fonctionnent normalement. Le système d'éclairage est aussi vieux que le stade, inauguré en 1972. Les pylônes de 30 mètres au dessus de la crête supérieure sont un danger permanent pour les spectateurs. Pour rappel, en mars 2010 lors de la venue de la formation serbe au stade 5-Juillet, les pylônes se balançaient au gré des vents, laissant les supporters en proie au doute. Pris de panique, ils ont déserté les lieux, laissant les travées vides. Dépêchés sur les lieux, les gestionnaires de l'OCO ont eu l'ingénieuse idée, le lendemain, de cacher la rouille à la base des immenses pylônes à coups de bidons de peintures. Les fils de fer qui retenaient les mâts sont également enlevés. Pour rappel toujours, les gérants du stade 5-Juillet ont lancé juste après un avis d'appel d'offres pour les mâts du stade de football. L'ouverture des plis qui était prévue pour le 25 janvier dernier a été prolongée au 28 février 2012. Or, depuis ce jour aucune suite n'a été donnée à ce marché de quelque 400 millions de dinars, y compris les kilomètres de câbles électriques à refaire pour éviter d'autres catastrophes. Cette affaire d'appel d'offres gelé sans aucune forme de procès, vient rappeler toutes les difficultés de l'OCO dans le choix des fournisseurs lorsqu'ils échappent au gré à gré. Comme cela a été le cas pour de nombreux contrats de rénovation des années 2 000 pour les deux échéances des Jeux panarabes en 2004 et des Jeux africains en 2007. Difficulté aussi à bien exécuter les contrats. Pour un bon essor de la pratique sportive et soucieux d'avoir des installations appropriées à chaque discipline, fiables et homologuées par les instances sportives à l'échelle internationale, regroupées au sein du Comité olympique international, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, pense qu'il ne suffit pas d'aménager des terrains de pratique de sport, mais le plus important reste le soin et l'entretien qu'on y apporte. Ceci passe par une politique de maintenance bien adaptée et bien suivie. La gestion des installations sportives suppose donc, entre autres, la mise sur pied d'une structure viable à court, moyen et long terme afin de maintenir ou consolider non seulement les performances sportives mais aussi servir d'un cadre idéal de ressources. A. L.