Le drapeau palestinien rouge, noir, blanc hissé sur son mât est désormais installé aux côtés des 193 bannières des Etats membres de l'ONU, avec statut d'Etat non membre. Devant l'ONU le président Mahmoud Abbas était affirmatif : la Palestine méritait d'être reconnue comme un Etat à part entière. Cependant «les énormes sacrifices consentis par les Palestiniens» et leur «patience au cours de toutes ces années de souffrance et d'exil», les ont poussés à prendre les décisions qui s'imposent. Abbas a signifié que les Palestiniens ne sont plus tenus par les accords avec Israël, Etat occupant qui jouit d'une impunité incompréhensible sur le plan international, l'Etat hébreu continue non seulement de ne pas respecter ces dits accord, mais poursuit invariablement sa politique de colonisation et de grignotage des terres palestiniennes et la répression de tout acte de refus du dictat colonial. En déclarant ne plus être lié par les accords avec Israël, le président palestinien, Mahmoud Abbas, exprime la grande déception des Palestiniens face notamment à la «communauté internationale», qui s'est engagée à faire respecter les accords. «Nous déclarons que nous ne pouvons continuer à nous tenir liés par ces accords, qu'Israël doit assumer toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante parce que le statu quo ne peut plus durer», a annoncé Abbas mercredi devant l'Assemblée générale de l'ONU. Cette décision courageuse a été longtemps réclamée dans le camp même de Mahmoud Abbas. Mais les actes suivront-ils ses paroles s'interrogent les acteurs palestiniens pour qui Abbas n'en est pas à sa première valse. Pour Abbas, il est inutile de «perdre son temps en négociations pour le plaisir des négociations». Après des années de négociations infructueuses et des décennies d'attente d'un Etat indépendant les Palestineins seront obligés de revenir aux fondamentaux de la résistance : «Ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force». «Les accords d'Oslo, c'est terminé, et les autres accords avec Israël aussi», a confirmé Mustapha Barghouti, membre de la direction palestinienne. Le Président palestinien, de moins en moins populaire, a illustré à l'ONU une réalité de la situation dans les territoires occupés, une réalité que le monde refuse de voire : Israël continue d'occuper la Cisjordanie et Al-Qods, poursuit la colonisation des Territoires, maintient la bande de Ghaza sous un inhumain blocus et des milliers de Palestiniens croupissent dans les prisons de l'occupant. La question palestinienne, l'une des toutes premières des Nations unies semble inlassablement reléguée. Et pourtant l'Etat de Palestine attend sa création depuis 67 ans. Les fameux accords d'Oslo prévoyaient un Etat palestinien indépendant en 1999. De part leur attitude d'arrogance et la perpétuation de la politique d'apartheid les Israéliens ne «laissent pas d'autre choix» aux Palestiniens que de s'affranchir des accords existants. La direction palestinienne avait déjà annoncé en fin mars que la «coopération» sécuritaire avec l'occupant était suspendue. Une décision difficile à confirmer sur le terrain. Depuis la prison à ciel ouvert qu'est Ghaza, le Hamas a jugé le discours de Mahmoud Abbas «sentimental» et l'attend sur les actes. Le retrait des accords d'Oslo implique la dissolution de l'Autorité palestinienne initialement créée pour les appliquer. Les récentes provocations des extrémistes israéliens autour de l'Esplanade des Mosquées n'ont pas suscité de réaction des différents parrains des multiples processus de paix. A l'ONU, Barack Obama n'en a pas exprimé le moindre mot. Les infinies négociations ponctuées par des accords bancales se sont avérées finalement un gain de temps pour authentifier le fait accompli de la colonisation. Aujourd'hui les Palestiniens semblent résolument engagés dans une démarche internationale pour défendre leur cause, matérialisée concrètement par cette présence du drapeau palestinien au siège de l'ONU. M. B./Agences