Des enfants se baladant dans les ruines d'une cité romaine en compagnie de leur prof, interprétant un morceau de musique ou une pièce de théâtre lors d'une compétition inter-lycées, exposant des œuvres dans un salon «spécialisé»... Comme on s'en doute, ce sont des scènes inspirées de l'imagination. La réalité, en Algérie, est à l'opposée. La ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, dès son installation, a clairement affiché son intention de changer cet état de fait. L'acte ne tardera pas à suivre la parole. Et si ça n'a pas marché une première et une deuxième fois, ça n'a pas pour autant désarmé la combative Benghebrit qui est revenue à la charge. Elle va à la rencontre de son homologue de la Culture, Azzeddine Mihoubi, pour discuter de la mise en place du programme exécutif de l'accord de coopération et de partenariat signé entre les deux secteurs en mars dernier. Ce programme a tout prévu pour le retour des arts et de la culture à l'école. Des extraits d'œuvres d'auteurs algériens devront intégrer les programmes scolaires. Mais pas seulement. Il est aussi prévu de sortir les élèves pour leur faire découvrir des musées et des sites archéologiques. En intra-muros, ils auront des activités artistiques comme le théâtre, le cinéma la musique et le dessin, promet-on encore. Car cette promesse a déjà été faite par le passé et est restée lettre morte. Pour ne pas se désengager complètement, les responsables avaient alors consentis deux petites heures par semaines pour la musique et le dessin, sans plus. Les écoles devaient se débrouiller ou pas pour assurer ces heures, sans autres moyens ni enseignants spécialisés, une blague quoi ! Mme Benghebrit ne veut pas reconduire cet échec déguisé et annonce d'ores et déjà un texte de loi en cours d'élaboration pour le recrutement de professeurs de musique et de dessin et l'insertion de ces deux matières dans le programme scolaire au même titre que les autres matières. Ce n'est pas pour demain, mais le premier pas est esquissé, avec le soutien du ministre de la Culture qui, en homme de lettre, est non seulement pour l'intégration de la dimension culturelle dans le système éducatif, mais défend aussi l'introduction de la littérature algérienne dans les programmes d'enseignement. Mieux, M. Mihoubi s'est dit disposé à former une commission conjointe regroupant hommes de lettres, éditeurs et enseignants qui contribuera au choix des ouvrages et textes littéraires devant être enseignés dans les différents cycles. Le ministre défendra aussi l'idée du retour des hommes de lettres et intellectuels à l'école où ils donneraient des conférences et animeraient des débats avec les élèves pour stimuler l'envie de lire et, peut être même, révéler des talents cachés. Mettre tout ça en pratique ne demande pas des décennies ni des milliards de dinars, mais de la bonne volonté et un sens de la responsabilité vis-à-vis de nos enfants. On veut croire que le duo Benghebrit-Mihoubi a les deux, et que tous ces rétrogrades qui freinent des quatre fers pour maintenir l'école dans son trou seront dégagés, au propre et au figuré. H. G.