La situation dans les territoires occupés tend vers l'exacerbation. L'occupant israélien sourd au cri de douleur de tout un peuple et surtout jouissant de l'impunité internationale continue à tuer froidement, à refuser de remettre les corps à leurs familles, à détruire les maisons et à emprisonner sans procès. La colonisation bat son plein et l'occupant poursuit son rôle de répression et de crimes. Les jeunes palestiniens affranchis de tout caporalisme politique semblent convaincus que le temps est venu pour passer à une phase nouvelle de lutte. Le soulèvement contre l'ordre inique établi depuis plus de soixante ans s'est imposé de lui-même. Les jeunes palestiniens nés sous la colonisation ne le savent que trop bien. Ils sont prêts aux douloureux sacrifices qui s'imposent pour libérer la terre des griffes du colonisateur. Les accords d'Oslo auront été une grande supercherie. Cela aura permis au colonisateur d'imposer le fait accompli avec, comble de l'ironie, la coopération de l'Autorité Palestinienne livrée pieds et mains liées au dit accord. Même les négociateurs d'Oslo à l'image de Elias Sanbar actuel ambassadeur de la Palestine auprès de l'Unesco en est convaincu : «Le choix d'une solution de ‘‘deux Etats'' avec leurs frontières de 1967, donc sur 20% du territoire palestinien d'origine; un Etat palestinien bien ‘'symbolique'' quand la réalité est celle des Territoires occupés et des espaces non continus - n'implique pour ‘‘nous'' (à l'extérieur) aucun renoncement à la dénonciation du contenu sioniste de l'Etat d'Israël dans les divers facettes de sa politique : colonisation par expulsion, par occupation et par statut discriminatoire d'une partie de ses citoyens.» Aujourd'hui l'on se retrouve avec plus de 520 000 colons habitant sur le territoire palestinien. Ghaza est toujours une prison à ciel ouvert où les Palestiniens étouffent en attendant le prochain bombardement des F16 israéliens. Seule évolution notable durant ces vingt dernières années, sur le plan de la symbolique, les efforts entrepris dans la sphère diplomatique. Le fait que le drapeau palestinien flotte désormais sur le siège des Nations unies avec statut d'observateur est certes une variation remarquée dans la grande lutte pour un Etat palestinien. Mais face à une situation de déni manifeste de la part de l'Etat colonisateur, soutenu tous azimuts par les grandes puissances occidentales, ne subsiste aucun choix pour les Palestiniens. La résistance et la lutte par tous les moyens restent l'unique voie vers la création de l'Etat palestinien. Pour Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) la signature des accords d'Oslo fut «un formidable moment d'euphorie collective. Aujourd'hui les perspectives d'un accord semblent très lointaines, voire irréalisables. On peut même se demander si la solution des deux Etats est encore possible matériellement du fait de l'émiettement des Territoires palestiniens et de la poursuite de la colonisation israélienne». La colonisation, violence originelle Comme à l'accoutumée le traitement médiatique des grands médias internationaux, c'est-à-dire en grande partie occidentaux, se caractérise par une partialité insoutenable. Comme à chaque fois lorsque les Palestiniens réagissent contre l'insoutenable agressivité des colons ils sont systématiquement qualifiés de violents dans les comptes rendus et autres chroniques des médias les moins partiaux. Ces derniers se donnent un malin plaisir à mettre le bourreau et la victime sur la même ligne ayant même davantage de compassion pour «des Israéliens agressés au couteau». L'on parle soudain de violence lorsqu'un Israélien est touché au couteau et on feint d'oublier la violence d'avant, celle que subit le Palestinien depuis des lustres. Comme si l'occupation et la colonisation n'étaient pas des violences. Julien Salingue auteur du livre La Palestine d'Oslo le rappelle sans ambages : «Les jeunes palestiniens ne se mettent pas à assassiner des Juifs parce qu'ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui bloquent leur horizon. Les jeunes palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme douleur, parce que l'ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa cruauté n'a pas de limites.» Les Palestiniens sur leurs terres ont fait beaucoup de concessions depuis Oslo pour qu'ils acceptent aujourd'hui les provocations des colons juifs venir se pavaner sur l'esplanade des mosquées avec l'encouragement d'une armée d'occupation à la gâchette facile. Faut-il rappeler que la violence originelle de cette situation de grande injustice qui prévaut au Proche orient possède un nom : la colonisation. Et tant que cette dernière perdure il ne saurait y avoir de calme dans cette région explosive. M. B.