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«WYE I»: Un accord pour mettre en œuvre l'accord d'Oslo II
Wye River (Mémorandum)
Publié dans La Tribune le 27 - 10 - 2015

Ce texte prévoyait le retrait par l'armée israélienne de 13% de la Cisjordanie en plusieurs étapes – notamment après la révision de la Charte de l'OLP -, l'ouverture de l'aéroport de Gaza, un «passage sûr» entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie, la répression antiterroriste, réduction du nombre de policiers palestiniens et libération par Israël d'un certain nombre de prisonniers palestiniens.
La mise en œuvre de ce memorandum fut stoppée une première fois par Netanyahou le 2 novembre 1998, le jour même où elle était sensée commencer, sous prétexte que ce texte ne pouvait lier Israël tant qu'il n'avait pas été approuvé par le Cabinet israélien et la Knesset.
La ratification par le Cabinet israélien fut assortie d'une série de nouvelles conditions, notamment: une définition de la marche à suivre pour la révision de la Charte de l'OLP; la nécessité pour le Cabinet israélien d'évaluer la situation avant chaque étape de la mise en œuvre du texte; l'annonce que le retrait d'Israël après les redéploiements prévus à Wye River, ne dépasserait pas 1% de la Cisjordanie; et une déclaration selon laquelle Israël annexerait toutes parties de la Cisjordanie encore sous son contrôle en cas de proclamation d'un Etat palestinien indépendant.
Dans le même temps, Netanyahou annonça la réactivation de sa politique de colonisation des Territoires Palestiniens.
Le 20 novembre 1998, l'armée israélienne entama finalement la mise en œuvre de la première étape du Mémorandum en se retirant de 2% des territoires palestiniens près de la ville de Jénine (il s'agissait là du premier redéploiement israélien depuis près de deux ans, le dernier ayant concerné la ville de Hébron). Un autre élément très important de la première phase de mise en œuvre de ce texte fut l'ouverture de l'aéroport international palestinien à Gaza le 24 novembre.
En dépit de la ratification de l'Accord de Wye River par la Knesset, Netanyahou fut sévèrement critiqué par les partis d'extrême droite et les partis religieux, y compris ceux de sa coalition gouvernementale, qui s'opposaient à tout nouveau retrait israélien de territoires palestiniens. Il annonça alors, le 18 décembre, que la seconde phase de retrait n'aurait pas lieu et, le 20 décembre, suspendit totalement la mise en œuvre de l'accord.
D'un côté, extrême droite et partis religieux ne firent plus confiance en Netanyahou, de l'autre, le Parti Travailliste crut qu'il n'avait pas l'intention de remplir ses engagements et ferait tout pour éviter un redéploiement supplémentaire des Territoires palestiniens: le 21 décembre, la Knesset vota une motion de censure à l'encontre du gouvernement. Netanyahou lui-même vota en faveur de cette motion ...et des élections législatives furent organisées en mai 1999, élections remportées par le candidat travailliste, le « faucon» Ehoud Barak, lequel n'appliqua pas les autres redéploiements prévus par l'accord de Wye River, provoquant ainsi une forte suspicion au sein de l'OLP et précipitant l'échec des négociations de Camp David (juillet 2000) sur le «statut définitif» des territoires occupés.
«WYE II»: un accord pour mettre en œuvre le «WYE I».
Après des semaines de négociations difficiles, une version révisée de l'accord de Wye River est signée par Ehoud Barak et Yasser Arafat à Charm el-Sheikh sur les bords de la mer Rouge le 5 septembre 1999. Le secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright, le président égyptien, Hosni Moubarak, et le Roi Abdallah II de Jordanie y prennent part. L'accord a été approuvé le jour même par le cabinet israélien par un vote de 21 voix pour et de 2 voix contre (celles du ministre de l'Intérieur Natan Charansky (Israël B'Aliyah) et du ministre de la Construction Yitzhak Levy (Parti national religieux)). Il a été ratifié par la Knesset le 8 septembre 1999.
Selon les termes de ce nouvel accord israélo-palestinien – «Wye II» ou «Accord de Charm el-Sheikh» –l'entité israélienne va entamer immédiatement un retrait en trois étapes de 11% supplémentaires de Cisjordanie d'ici le 20 janvier 2000. Il va également libérer 350 prisonniers politiques palestiniens. Si le calendrier de cet accord est respecté, un accord de paix final devrait être signé en septembre 2000, réglant les questions les plus épineuses, celles entre autres d'El Qods et de la création de l'Etat palestinien.
Après un début d'application prometteur, avec le premier redéploiement israélien dans les temps prévus et l'ouverture le 8 novembre des négociations sur le statut final, de nouvelles difficultés sont apparues. Le second redéploiement n'a pas pu avoir lieu à la date prévue du 15 novembre, les deux parties ne parvenant pas à se mettre d'accord sur les zones concernées, et, alors que ce blocage persistait, la partie palestinienne a arrêté le 5 décembre les négociations sur tous les sujets autres que les colonies de peuplement. L'administration de M. Barak a en effet autorisé en un an plus de constructions nouvelles dans les colonies que son prédécesseur en moyenne annuelle, et les commentaires de cette administration selon lesquels ces constructions nouvelles ne concernent que des colonies qu'Israël entend conserver n'ont pas amélioré les choses.
La Feuille de route du Quartet (2002)
En décembre 2002, une Feuille de route rédigée par le Quartet (Etats-Unis, Union Européenne, Nations-unies et Russie) prévoit la création, en trois étapes, d'un Etat Palestinien avant 2005. Ce document est publié le 30 avril 2003. La première phase qui aurait dû s'achever en mai 2003 est lancée au sommet d'Aqaba en Jordanie, le 4 juin, mais les discussions piétinent à nouveau et l'application de ce plan de paix s'interrompt dans les faits avec la démission du Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas, le 6 septembre.
Néanmoins la Feuille de route reste à ce jour (fin 2007) la base des différentes rencontres pour la paix.
L'ACCORD DE GENÈVE (2003)
L'Accord de Genève (voir le texte ci-dessus), signé en Jordanie le 12 octobre 2003, est le résultat de plus de deux années de négociations entre modérés des côtés israélien et palestinien. Ces négociations ont été soutenues par le gouvernement suisse.
Le document fournit une alternative à la Feuille de route, stratégie en cours de négociation. Cependant, ces deux stratégies reposent sur des principes différents. Alors que la Feuille de route cherche à créer les conditions favorables à un accord de règlement, l'Accord de Genève pour la première fois, établit un accord de règlement directement destiné à amener la paix.
L'équipe de négociation israélienne était conduite par l'ancien ministre travailliste, Tossi Beilin, et se composait, entre autres, d'Amram Mitzna, Amos Oz, Yuli Tamir et du Lieutenant Général Ammon Lipkin-Shahak. Du côté palestinien, l'équipe était emmenée par l'ancien ministre Yasser Abd Rabo.
L'Accord de Genève n'a aucune valeur juridique dans la mesure où le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne n'ont pas participé à sa rédaction. Ses auteurs espèrent que les idées contenues dans le projet seront adoptées par les gouvernements actuels ou à venir. Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a choisi d'écarter le document pour son manque de légitimité. Le leader palestinien, Yasser Arafat, se serait constamment tenu informé de l'évolution des négociations (bien que le degré de son soutien reste peu clair).
Le cadre de base de cet accord:
la reconnaissance d'Israël par les Palestiniens, le retrait israélien des frontières de 1967 (un ou deux transferts de Palestiniens seraient consentis), le renoncement des Palestiniens au droit au retour des réfugiés (certains pourraient revenir en accord avec le gouvernement colonial israélien), la division administrative d'El Qods (pas de division physique), la souveraineté des Palestiniens sur le Mont du Temple (une force internationale garantirait l'accès aux visiteurs) et la souveraineté israélienne sur le Mur des Lamentations, la conservation par Israël de certaines colonies notamment autour de El Qods (l'importante colonie d'Ariel – West Bank serait incluse dans la zone palestinienne), la démilitarisation de l'Etat palestinien.
Mise au point par l'ancien ministre israélien de la Justice, M. Yossi Beilin, et l'ancien ministre palestinien de l'information, M. Yasser Abed Rabo, elle est signée en présence de nombreuses personnalités à Genève le 1er décembre 2003. Différant de peu avec la Feuille de route, elle résout les problèmes épineux d'El Qods, des colonies et des réfugiés. L'initiative de Genève a reçu un vif soutien de la part de plusieurs puissances européennes. Les Etats-Unis, bien que réticents au départ parce qui la voyaient comme une concurrente à la Feuille de route, l'ont également soutenue. Yasser Arafat l'a saluée tout en soulignant qu'il ne s'agissait pas d'un texte officiel. Mais cet accord civil a par contre rencontré une vive opposition de la part du gouvernement d'Ariel Sharon qui en refusa même la publication pour les «citoyens» israéliens. Bien que remarquable, cet accord resta sans lendemain. Les médias ont tout de même souligné à l'époque que les futurs accords de paix ressembleraient forcément à celui-là.
Unilatéralisme israélien et mort d'Arafat (2003-2005)
Le 19 novembre 2003, le Conseil de sécurité adopte la Résolution 1515 approuvant la Feuille de route du Quartet. Ariel Sharon annonce cinq jours après son plan de désengagement de Gaza, dont la mise en œuvre est prévue en 2005.
Mais la période qui suit est marquée par une politique israélienne radicale en matière de terrorisme. Non seulement les services israéliens mènent des assassinats ciblés sur des chefs palestiniens, mais l'Etat colonial entreprend également la construction d'un mur de protection tout le long de sa frontière avec la Cisjordanie. Ces deux initiatives furent violemment critiquées par l'opinion internationale. Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice rend un avis déclarant le nouveau Mur israélien illégal.
La situation semble donc à nouveau totalement bloquée lorsque le 1er novembre 2004, le monde apprend la mort du Président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Cette disparition inaugure une nouvelle phase du processus de paix.
Elle est inaugurée par la rencontre d'Ariel Sharon et du nouveau Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas à Charm-al-Cheikh le 8 février 2005. Les deux parties acceptent de reprendre les efforts vers la paix, suivant le programme prévu par la Feuille de route. Mahmoud Abbas obtient bientôt des groupes armés palestiniens qu'ils respectent une trêve et cessent leurs actions violentes contre l'état colonial.
Du 15 août au 12 septembre, le Président israélien entreprend, quant à lui, de mettre en œuvre son plan de démantèlement des colonies de la Bande de Gaza. Ce territoire, peu contrôlé par l'Autorité palestinienne, tombe sous l'influence du Hamas. Le parti islamique gagnera d'ailleurs les législatives palestiniennes quelques mois plus tard, en janvier 2006. Or le Hamas ne reconnait pas l'existence de l'«Etat d'Israël», ce qui engendre de nombreuses crispations à la frontière entre la Bande de Gaza et l'«Etat» hébreu. De juin à août, les affrontements le long de cette ligne seront ouverts, et cela en même temps que le conflit contre le Hezbollah à la frontière Nord.
Parallèlement les relations entre le Fatah et le Hamas se détériorent jusqu'à ce que ce dernier proclame la sécession de la bande de Gaza.
Le processus de paix semble alors non seulement gelé, mais subit également des retours en arrière. Une médiation est indispensable. Immobiles depuis trop longtemps, les Etats-Unis décident d'intervenir.
La conférence d'Annapolis (2007)
Suite à l'invitation de G.W. Bush, Israéliens et Palestiniens se rencontrent une nouvelle fois à Annapolis dans le Maryland le 27 novembre 2007, entourés de représentants d'autres pays arabes. Les conséquences d'un échec pourraient alors être néfastes non seulement pour les relations israélo-palestiniennes, mais aussi pour la situation politique interne des différentes parties quant à la légitimité de leur gouvernement (pour Olmert, Mahmoud Abbas ou même G.W. Bush).
Le Hamas a d'ores et déjà déclaré qu'il rejetterait le résultat des négociations, quels qu'ils soient. Les négociations commencent le 12 décembre 2007.
Le versant économique du conflit israélo-palestinien est le parent pauvre du processus de négociations. Cette prise de conscience a poussé Gilbert Benhayoun, professeur d'économie, à réunir des Israéliens et des Palestiniens à Aix-en-Provence, parmi eux des gens ayant négocié à Oslo et Camps David, des gens de la commission européenne et de la Banque mondiale. Tous ont répondu à l'appel, alors qu'en 2002 l'Intifada les séparait progressivement. Pari fou, mais pari réussi.
Ce rassemblement informel est devenu ce qu'on appelle aujourd'hui le «groupe d'Aix», formé en France sous les auspices de l'Université Paul Cézanne-Aix-Marseille III, en coordination avec le Centre Peres pour la paix en Israël et Data (Centre d'études et de recherches) en Palestine. Il regroupe des économistes palestiniens, israéliens et internationaux qui cherchent à promouvoir des solutions économiques «gagnant-gagnant» pour les colons israéliens et les Palestiniens. Leurs travaux nous éclairent sur la situation économique actuellement critique des Territoires palestiniens soumis aux restrictions coloniales israéliennes. Ils nous offrent aussi l'espoir d'un redressement rapide si les deux camps venaient à accepter de s'attaquer aux questions de fond qui font perdurer un statuquo aux effets destructeurs.
Qu'est-ce que le groupe d'Aix ?
«Au départ, nous ne savions pas ce que nous ferions», se souvient Gilbert Benhayoun, mais très vite «nous sommes entrés dans le vif du sujet. Un échec économique peut remettre en cause tout accord politique. Nous avons donc travaillé pour échafauder un accord économique entre Palestiniens et Israéliens». En 2002, les discussions s'avèrent fructueuses et la décision est prise de se constituer en groupe permanent, original s'il en est puisque, sous la présidence de G. Benhayoun, il rassemble des personnalités aussi diverses qu'Ariel Arnon, professeur d'économie à l'Université Ben Gourion, Saeb Bamya, ancien vice-ministre de l'Economie de l'Autorité Palestinienne, Ron Pundak, ancien directeur du Centre Peres pour la paix et négociateur des accords d'Oslo ou encore Samir Hazboun, professeur d'économie à l'Université Al-Qods (Jérusalem).
Leurs travaux font autorité dès leur publication. En 2004, leur Feuille de route économique, destinée à accompagner la Feuille de route du Quartet du président Bush, est présentée à Bruxelles et à Washington, puis soumise au gouvernement israélien et à l'Autorité palestinienne. «Un diplomate français m'a confié que nous avions réussi notre mission car nous avons respecté quatre conditions essentielles», confie G. Benhayoun : «Nous n'avons pas cherché la publicité, nous n'avons travaillé qu'avec des experts, nous avons respecté notre calendrier indépendamment des événements sur le terrain, et enfin, nous avions réussi à créer un climat de confiance dans le groupe, si bien qu'un membre palestinien du groupe a admis que lorsque les participants s'exprimaient, il en arrivait à oublier sa nationalité». Et c'est là un point essentiel. Ils ne négocient pas, ils préparent les éléments de la négociation, des documents de travail pouvant servir de base à un accord de paix final.
Le Groupe a aussi travaillé sur le désengagement de Gaza opéré par l'Etat colonial en 2005. Ses membres se sont ensuite attaqués aux questions plus sensibles, à savoir les réfugiés, Jérusalem et les frontières. «Au début, c'était très mouvementé» reconnait G. Benhayoun, mais le travail en valait la peine car «en abordant la question sous l'angle économique, nous avons ouvert une brèche intéressante». Après deux ans de réflexions, leur document est présenté dans la discrétion à Paris en 2007 en présence de ministres français, colons israéliens et palestiniens. Depuis, le Groupe se penche sur l'initiative de paix de la Ligue arabe présentée en 2002 à l'initiative de l'Arabie saoudite et reformulée à plusieurs reprises. Si les négociations lancées récemment par John Kerry avancent et qu'une coopération économique se met en place, leurs travaux seront sûrement entre les mains des négociateurs.
Quel développement pour les territoires palestiniens sous l'occupation sioniste ?
Depuis la guerre des Six jours en 1967, l'entité israélienne occupe et contrôle la Palestine en lui imposant le régime économique de l'Union douanière, se traduisant par des droits de douane inexistants entre les deux communautés. La circulation des hommes, des biens et des marchandises est contrôlée par l'Etat colonisateur, qui fixe également de manière unilatérale les droits de douane appliqués aux pays tiers par l'entité israélienne et par les Territoires palestiniens. En d'autres termes, les Palestiniens n'ont aucune souveraineté économique. C'est l'Etat colonisateur qui fixe le taux d'imposition et remet à l'Autorité palestinienne le montant de la TVA et des droits de douane perçus sur les marchandises destinées à la Cisjordanie et à Gaza. Les Palestiniens ne contrôlent ainsi ni leur politique fiscale, ni leur politique monétaire, soit aucun des moyens qui pourraient leur permettre de lutter contre la crise économique. Car la Palestine est dans une situation économique difficile. C'est un des pays les plus pauvres du monde arabe avec un niveau de vie à peine égal à 10% de celui des colons israéliens, soit un PIB/habitant proche de celui du Yémen et du Soudan. Sans l'aide internationale, qui constitue sa principale source de revenus avec le numéraire apporté par la diaspora et le recours aux banques, la situation serait catastrophique. Au lieu d'être investi dans le secteur privé pour encourager l'investissement et la création d'entreprises, tout le budget du secteur public sert à payer les salaires des Palestiniens dans le but d'éviter les manifestations, explique l'ancien vice-ministre de l'Economie de l'Autorité Palestinienne Saeb Bamya. La Palestine ne dispose pas d'assez de revenus et de marge de manœuvre pour «construire» quelque chose, soutenir le secteur privé et diversifier sa production. Les revenus des Palestiniens proviennent presque exclusivement des activités exercées dans les territoires occupés, et de l'aide internationale. Cette dernière se concentre d'ailleurs aujourd'hui sur les volets «humanitaire» et «budgétaire», délaissant le «développement économique».
Le problème ne réside pas seulement dans l'écart économique entre l'entité israélienne et la Palestine, mais aussi dans les inégalités régionales. Le fossé économique entre Cisjordanie et Gaza se creuse durablement, d'autant plus que l'aide mondiale se concentre presque exclusivement sur la seule Cisjordanie. On pourrait faire le même constat pour l'économie israélienne, une partie seulement du pays étant marquée par l'innovation et les start-up. La société tend à se polariser, se fragmenter, voir à s'ignorer. Il y a donc un problème de convergence tant dans le pays qu'entre les économies israélienne et palestinienne.
Pourtant, les Territoires palestiniens détiennent un indiscutable potentiel économique. Ils disposent, toujours d'après Saeb Bamya, des meilleurs accords de libre-échange possibles : les mêmes que l'Etat colonial avec les Etats-Unis et le Canada. Ils sont aussi membres de la zone arabe de libre-échange et le seul pays du Proche-Orient à avoir obtenu un accord de «duty-free, quota-free» avec l'Union européenne, sur la base de l'Accord d'association intérimaire sur le commerce et la coopération signé en 1997, lui permettant d'y exporter une partie de ses produits sans aucunes restrictions.
Son potentiel réside en outre dans son agriculture, du fait d'un climat favorable et d'un sol fertile, mais l'occupation israélienne freine toute possibilité de l'exploiter. Le territoire palestinien a ainsi été amputé depuis 1948 d'une partie de ses terres côtières, phénomène aggravée par la colonisation qui vient morceler encore davantage le territoire, la construction du mur qui désorganise les cultures, les routes de contournement réservées aux colons israéliens, et le zonage institué par les Accords d'Oslo. Trois zones sont alors distinguées en Cisjordanie : la zone "A" comprenant essentiellement les grandes villes sous administration de l'Autorité palestinienne ; les zones "B" et "C" comprenant surtout les territoires ruraux sous administration mixte ou exclusivement israélienne. En tout et pour tout, Il ne reste donc plus que 10 à 15% du territoire de la Palestine historique alors que l'agriculture emploie plus de 10% de la population active et participe pour plus de 5% au PIB du pays. La culture horticole, de l'olivier, des fruits, des légumes et des agrumes est aussi limitée par les restrictions en eau pour les Palestiniens contrairement aux colons israéliens qui jouissent du monopole de Tel-Aviv sur la ressource hydrique. Avant 1967, l'agriculture était pourtant la première activité productive et exportatrice de la Palestine (près de la moitié du PIB), mais les obstacles à la mobilité restreignent aujourd'hui leur marché à une dimension locale, sans évoquer les opérations de déracinement des oliviers, souvent centenaires, effectuées par l'Etat colonial.
Ce qui est vrai pour l'agriculture l'est aussi pour l'économie palestinienne dans son ensemble, soit une dépendance extrême à l'égard du marché israélien pour le commerce extérieur. La balance du commerce extérieur palestinien reste ainsi largement déficitaire puisque, privés d'exportations, les Palestiniens ont en revanche massivement recours à l'importation, encouragée par l'aide internationale. En 2010, le volume des exportations palestiniennes de biens et services était ainsi inférieur au milliard de dollars.


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