Artisan majeur des accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne (1993), le président du Parlement palestinien, Ahmad Qoreï, 66 ans, a été appelé par le dirigeant Yasser Arafat à succéder à Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre. Le comité central du Fatah, principal mouvement palestinien, et le comité exécutif de l'OLP (CEOLP), réunis dimanche soir à Ramallah (Cisjordanie), ont donné leur accord pour que M. Qoreï succède à Mahmoud Abbas. Le nom de M. Qoreï (alias Abou Alaa) était, en effet, revenu régulièrement ces derniers jours comme un successeur potentiel, alors que la crise entre MM. Abbas et Arafat faisait rage. “Abou Alaa est le candidat le plus capable de gérer les crises et aucun autre nom n'a été mentionné dans les coulisses”, avait affirmé récemment le ministre des Télécommunications, Azzam Al-Ahmad. “Abou Alaa est le candidat le plus fort et il le mérite”, avait affirmé, de son côté, le ministre des Affaires étrangères, Nabil Chaath. Pour ses proches, M. Qoreï est “l'homme des missions difficiles”, auquel M. Arafat a confié à maintes reprises la direction de négociations importantes avec Israël. Ahmad Qoreï est né à Abou Dis, un faubourg de Jérusalem-est, en 1937. Il travaillait dans le secteur bancaire avant de participer au lancement du mouvement Fatah de M. Arafat. Il a joué le rôle de coordinateur des délégations palestiniennes aux négociations de paix avec Israël, dès leur lancement en 1991 et a dirigé cette délégation pour les accords d'Oslo. Il est élu membre du Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement), pour le siège de Jérusalem, lors des premières élections dans les territoires autonomes, en 1996. Cette année-là, il prend la présidence du CLP. Il rencontrera, avec la délégation palestinienne, le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu à treize reprises pour arriver à l'accord de Wye Plantation, qui est signé à Washington en octobre 1998. Avant son élection au CLP, M. Qoreï a mené plusieurs missions sur le développement des territoires palestiniens, dont un plan économique (1994-2000). Il avait été l'un des premiers hauts responsables palestiniens à s'entretenir avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Jérusalem, après son entrée en fonction en mars 2001. Abou Alaa avait eu des discussions suivies avec le travailliste Shimon Peres, l'un des artisans des accords d'Oslo. Ce dernier dirigeait alors la diplomatie israélienne dans le cabinet d'union nationale mis sur pied par M. Sharon, après son entrée en fonction, pour trouver une solution négociée au conflit israélo-palestinien. Ces discussions devaient déboucher sur un plan de paix, connu sous le nom de “plan Peres-Abou Alaa”. Conformément à ce plan, Israël devait retirer ses forces des zones palestiniennes réoccupées depuis le début de l'Intifada en septembre 2000. Dans un premier temps, l'Etat palestinien verrait le jour sur l'ensemble des territoires contrôlés entièrement ou partiellement par l'Autorité autonome, soit environ 42% de la Cisjordanie et 80% de la bande de Gaza. Ce plan qui était à l'époque la première initiative sérieuse pour résoudre le conflit israélo-palestinien, seize mois après le déclenchement de l'Intifada, fin septembre 2000, devait rester lettre morte en raison de la poursuite des violences. Ahmad Qoreï est l'auteur de plusieurs essais et études économiques et lauréat de divers prix, dont le prix du roi de Norvège (1994).