Malgré l'égalité de principe devant la loi, l'égalité entre les femmes et les hommes n'est pas une réalité dans l'Algérie de 2015. Pourtant, aux multiples conventions internationales protégeant les droits de la femme ratifiées par l'Algérie, à l'exemple de la Convention Internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (adoptée en 1996) et la Convention sur les droits politiques de la Femme (adoptée en 2004), vient s'ajouter la législation nationale qui renforce, d'année en année, les droits des femmes. Dernièrement, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi qui prévoit des sanctions, même contre «les violences attentatoires à la dignité de la femme dans des lieux publics». Ce qui veut dire que ces sanctions sont aggravées quant il s'agit de violence physique, de viol et de harcèlement sexuel. Il y a lieu de rappeler que dans ce projet de loi, il est notamment énoncé des «sanctions envers l'époux coupable de violence contre son conjoint ayant entraîné une incapacité temporaire, un handicap permanent ou une amputation». Le projet de loi prévoit, également, des «sanctions contre l'abandon de l'épouse enceinte ou non», comme il «dispose contre les pressions ou intimidations visant à priver l'épouse de ses biens». Dans toutes les situations évoquées ci-dessus, les poursuites sont abandonnées si la victime décide de pardonner à son conjoint. Le projet de loi énonce des sanctions à l'encontre de l'auteur d'agression sexuelle contre la femme. Ces sanctions sont aggravées si le prévenu est un parent de la victime ou si celle-ci est mineure, handicapée ou enceinte. Le projet énonce des dispositions contre «les violences attentatoires à la dignité de la femme dans des lieux publics». Dans le même sillage, il a été décidé de créer un fonds de pension alimentaire. Ce mécanisme interviendra en cas de carence du père ou de l'ex-époux, constatée par voie judiciaire, à verser la pension alimentaire allouée aux enfants ou la femme divorcée. Seulement et il faut le souligner, ce projet de loi, adopté par la chambre basse est toujours bloqué au niveau du Sénat. Quelles sont les raisons ? Mystère et boule de gomme. De toutes les façons, même si ce projet de loi venait à être adopté, est-ce pour autant que la femme algérienne arrivera à jouir de ses droits ? Pas évident avec la mentalité «rétrograde» de la société. Déjà que pour l'accès aux revenus, aux droits et aux pouvoirs, l'inégalité se fait sentir à tous les niveaux et dans tous les groupes sociaux, même dans le milieu politique où la femme rencontre, aujourd'hui encore, des obstacles à sa participation. Sans parler des mariages forcés, des crimes d'honneur ou tout simplement du calvaire au quotidien de nombreuses femmes qui subissent le harcèlement. En Algérie, une femme ne peut pas circuler seule et tranquillement dans les rues. La preuve en a été donnée, cette semaine encore à M'sila où Razika, une femme de 40 ans, a été écrasée par la voiture d'un homme qui la harcelait dans la rue, en plein centre-ville. La scène est bouleversante. Personne n'a rien pu faire pour sauver l'infortunée Razika, dont le seul tort est d'avoir refusé de céder aux avances de son agresseur. Cette réalité d'harcèlement au quotidien est confirmée par une enquête menée en juin 2014 par la Fondation algérienne pour la promotion de la santé et de la recherche (Forem) et selon laquelle «une femme sur deux en Algérie est concernée par le harcèlement sexuel». Malgré cette amère réalité, la femme en Algérie continue de lutter pour gagner sa place au sein de la société. Elle continue d'être remise en cause par des hommes qui veulent garder leurs privilèges dits historiques, culturels et religieux et cela malgré les derniers amendements décidés par le chef de l'Etat. Le président avait même tenté une révision minime du code de la famille car sujet à polémique. Le président a, en modifiant le code de la famille, reconnu à la femme le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants nés de mariage avec un étranger. Il a, par ailleurs, restreint la polygamie en la limitant à des cas précis tels que le handicap de la première épouse ou son incapacité à procréer, et en la soumettant à l'autorisation d'un juge après consultation de la première épouse. La réforme du code de la famille a supprimé l'obligation aux femmes mariées d'avoir une autorisation de sortie du territoire signée par l'époux. Elle a instauré également la possibilité aux femmes divorcées de signer l'autorisation parentale de sortie du territoire pour leurs enfants pour qu'ils puissent voyager à l'étranger, alors que seul le père pouvait émettre cette autorisation auparavant. Les amendements du code de la famille et la nouvelle loi qui bannit la violence contre les femmes sont certes des avancées considérables pour la femme algérienne mais restent en deçà de ses attentes. Car, cela n'offre toujours pas à la femme son droit d'être autonome, de décider et de mener sa vie en toute liberté. Il faut rappeler que le statut juridique de la femme fait d'elle une mineure à vie. H. Y.