Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a affirmé lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision privée Dzaïr News, que la santé du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est stable et qu'il se porte bien, ajoutant qu'«il gère et dirige le pays comme il se doit». Le chef de l'Etat «est en possession de toutes ses facultés pour assumer sa mission. Le Président n'est pas dans un cachot», a-t-il martelé. «Le gouvernement lui soumet des propositions et agit selon ses orientations et instructions», affirme M. Ouyahia qui assume également les charges de directeur de cabinet de la Présidence. «Il dirige les forces armées dans le cadre de ses prérogatives et veille sur la politique extérieure», ajoutera-t-il. Concernant la lettre des 19 personnalités qui ont demandé à rencontrer M. Bouteflika, M. Ouyahia estime qu'«il s'agit d'un non événement». Est-ce que «le pluralisme consiste à suivre la voix de l'opposition et à écarter, comme l'entendent certains, celle qui soutient le Président ?», s'est-il interrogé. Il a ajouté que le soutien au Président n'est pas seulement d'apporter son appui dans la mise en œuvre de son programme, mais de «réagir aussi aux atteintes à sa dignité ou à l'image de l'institution présidentielle à travers l'opinion publique nationale et étrangère». Il a conclu que l'opposition doit présenter des programmes et des propositions plutôt que de «s'adonner à l'insulte et à l'invective». Par ailleurs, M. Ouyahia a longuement évoqué la situation économique du pays soulignant que «tous les indices laissent prévoir que les cours du pétrole ne se redresseront pas de sitôt» et que la baisse des recettes de pétrole «exige également de remettre en question certaines choses». Cependant, a-t-il affirmé, «l'Algérie possède de nombreux atouts pour sortir de sa forte dépendance aux hydrocarbures». L'orateur a estimé dans ce sens que la politique de soutien qui profite aux pauvres et aux riches «devra inévitablement changer à l'avenir». L'effacement des dettes «doit aussi cesser», a-t-il ajouté, relevant que deux défis s'imposaient aujourd'hui sur la scène économique : la qualité du produit et la compétitivité. Selon lui, l'Algérie doit impérativement éviter de recourir une nouvelle fois à l'endettement pour ne pas dépendre financièrement de l'étranger, sans renoncer aux principes sociaux fondamentaux. Il s'agit surtout d'exploiter les potentialités existantes, a-t-il insisté. M. Ouyahia a, en outre, souligné la nécessité de protéger le droit de préemption qui «permet à l'Algérie de préserver ses biens». Il convient également de maintenir la règle 51/49%. Il a également salué l'instauration par le gouvernement de la licence d'importation en ce sens qu'elle «régule le marché et réduit les importations». Evoquant l'économie parallèle, M. Ouyahia a estimé que «ce n'est pas le marché parallèle qui menace les intérêts du pays, mais plutôt la fraude à la loi et la contrebande qui rongent l'économie du pays». Quant à la dévaluation du dinar algérien, M. Ouyahia a précisé que «c'est la conséquence de la baisse des recettes en devises et des réserves de change». Quant à ceux qui réclament la restitution de l'emprunt proposé par l'Algérie au FMI, M. Ouyahia répond que les 5 milliards de dollars sont en Algérie et le FMI n'en a pas encore fait usage. «L'Algérie s'est engagée à mettre ce montant à la disposition du FMI en cas de besoin», a-t-il expliqué. A propos de la révision de la Constitution, M. Ouyahia dira que les éclaircissements apportés par le Chef de l'Etat à ce sujet laissent entendre que «le projet sera annoncé prochainement», précisant que la date sera fixée par le Président. Répondant à ceux qui soutiennent que la révision de la Constitution tarde à venir, il affirmera que le projet proposé par le président de la République en 2011 «a été reporté en raison de son état de santé». «L'Algérie ne vit pas un vide constitutionnel qui impose de hâter cette démarche.» A ceux qui appellent à une période de transition et à ceux qui ne reconnaissent pas la légitimité du président de la République, il dira que l'Algérie «ne peut être prise en otage et n'accepte pas de faire l'objet de surenchères». Tranchant, M. Ouyahia dira qu'il ne croit pas en une démocratie où tout le monde parle au nom du peuple pendant que la décision de ce dernier est mise en marge. Il a en outre rappelé que le Président «tire sa légitimité du peuple qui l'a élu. L'appel à une présidentielle anticipée est irrationnel». A ceux qui disent que l'Algérie vit une crise politique, Ouyahia répond qu'il s'agit d'un discours politicien, sans plus, car l'Algérie est sortie de la crise politique en 1995 à travers des élections qui ont rétabli la légitimité institutionnelle. M. Ouyahia a appelé ceux qui soutiennent le programme du président de la République à «œuvrer ensemble au service de l'Algérie et pour le pluralisme car le pays fait face chaque année à de nouveaux défis». La politique «n'est pas de l'exhibitionnisme ou une quête de leadership», soutient-il. Concernant la situation en Libye, le secrétaire général par intérim du RND a souligné que la meilleure protection aujourd'hui pour notre pays est le retour de la sécurité dans ce pays voisin. «Les conflits qui se passent actuellement en Libye constituent une véritable menace pour la stabilité de l'Algérie qui partage avec elle 900 km de frontière.» Le peuple est appelé à «la vigilance» et à aider les forces armées et de sécurité à protéger les frontières du pays et à lutter contre le terrorisme. «Ce qui se passe en Libye et qui réédite le scénario qui s'est produit en Irak, en Syrie et en Egypte, s'inscrit dans un plan de division du monde arabe mis en place en 1982, et que ses auteurs ont mis en œuvre en commençant par l'Algérie dans les années 90», a-t-il soutenu. Invité à s'exprimer sur les affaires examinées par la justice et concernant l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, le général en retraite, Hocine Benhadid et le général Abdelkader Ait Ouarabi, dit Hassen, M. Ouyahia a indiqué qu'«il respectait la présomption d'innocence et que l'éthique politique ne lui permettait pas de commenter des affaires traitées actuellement par la justice qui est une autorité indépendante. Enfin, M. Ouyahia a fait savoir qu'un congrès extraordinaire se tiendra au cours du premier semestre 2016 afin de discuter des affaires internes du RND. F. O.