Ouyahia a rejeté, jeudi dernier, l'initiative du FFS pour une conférence du consensus national sous le motif que ce dernier n'a pas de sens, y compris dans son volet relatif à une période de transition. Le RND s'oppose aux tentatives de substituer l'opinion d'un groupe politique à celle du peuple. Autre cible d'Ouyahia : la secrétaire générale du PT et l'opposition. Il a rappelé que la révision de la Constitution relève des prérogatives du président de la République et que cela est tributaire d'un calendrier. S'adressant à ceux qui disent que le président de la République « a échoué » dans la réalisation d'un consensus autour de l'amendement constitutionnel, il a rappelé que les parties intéressées avaient pris part aux consultations même celles qui estimaient que « cela n'était pas d'actualité ». Ouyahia a tenu à recadrer le débat invitant la classe politique à ne pas verser dans la spéculation qui a tendance, selon lui, à devenir une culture ancrée. Ainsi, sur l'après-Bouteflika et les prétendues ambitions présidentielles de son frère Saïd Bouteflika, Ouyahia lance : « Je ne pense pas que le peuple algérien soit un peuple monarchique. Je ne pense pas que le président de la République ait des visions monarchiques. Et ceux qui connaissent Saïd Bouteflika savent que ce n'est pas quelqu'un qui est en train de jouer dans cette direction ». Il a donné rendez-vous à ceux qui s'adonnent à ce genre de spéculations, soulignant que le temps lui donnera raison. Pour Ouyahia, le président de la République est à 150% de ses facultés intellectuelles. Il a affirmé que le chef de l'Etat continuera à diriger le pays jusqu'à la fin de son mandat, histoire d'exclure toute élection présidentielle anticipée. Au sujet des menaces qui pèsent sur la sécurité de l'Algérie, Ahmed Ouyahia a évoqué l'organisation autoproclamée Etat islamique, Daech, soulignant qu'il s'agit d'« une réalité proche et non d'un fantôme » et que sa « graine s'était propagée de l'Algérie durant les années 90 ». Il a salué à ce propos les forces de sécurité qui ont pu déjouer plusieurs tentatives d'introduction clandestine d'armement lourd en Algérie. « L'Algérie est encore ciblée », a-t-il fait remarquer, ajoutant que les « dangers sont réels ». « Inutile de faire des histoires là où il n'y a rien » Le SG par intérim du RND a indiqué qu'il est inutile de faire des « histoires là où il y a rien », en référence à la lettre adressée par le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, au SG du FLN, Amar Saâdani suite à sa réélection à la tête du parti. Ouyahia regrette que certains aient trouvé de « beaux ingrédients pour en faire une paella ». A partir de là, il a qualifié d'« inquiétante » l'interprétation qui lui a été donnée par certains acteurs politiques qui parlent de « viol des consciences des soldats de l'ANP », allusion aux déclarations de la SG du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. Il a précisé que le président de la République, qui est aussi chef suprême de l'armée, avait adressé un message au FLN. De ce fait, il a déploré que des félicitations deviennent en Algérie des actes politiques. Et pour finir avec cette question, il a indiqué que l'aiguille ne s'arrêtera pas de tourner après cette lettre. Une autre personne qui a défrayé la chronique ces derniers temps par son implication active dans la vie économique du pays : Ali Haddad. Le SG par intérim du RND ne semble pas être dérangé par l'activité du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Il a estimé que l'Algérie a besoin d'entrepreneurs ayant les capacités et les compétences. « Pourquoi nous ne nous intéressons pas aux impôts impayés, à la sécurité sociale des travailleurs qui n'est souvent pas assurée ? Pourquoi nous ne critiquons pas ceux qui introduisent en Algérie des marchandises avariées ? », s'est-il interrogé. « J'assume ! » Le retour aux affaires du deuxième parti de la majorité est-il dicté par des calculs politiciens ? Ahmed Ouyahia est formel : « Mon retour est dicté par des motifs purement internes ». Il a précisé qu'il ne démissionnera pas de son poste de directeur de cabinet du président de la République, affirmant qu'il assumera pleinement ses décisions et ses choix politiques et qu'il ne regrettera rien. L'ancien chef du gouvernement assume également le fait d'avoir fait « la sale besogne ». « Parce qu'il fallait bien que quelqu'un la fasse », s'est-il défendu. Et de terminer par cette phrase qui résume son combat politique qu'il a assimilé à celui des moudjahidine et des chouhada pendant la révolution et à ceux qui ont combattu le terrorisme durant la décennie noire : « dans la vie des peuples, il y a des gens qui doivent mourir physiquement quand il s'agit de libérer le pays. En Algérie, il y en a eu des millions. Et puis, il y a des gens qui doivent mourir politiquement ». Le secrétaire général par intérim du RND a, par ailleurs, déclaré : « Je salue le DRS et je salue Toufik en tant que frère et compagnon, ainsi que les centaines de milliers de personnes qui veillent à la protection du pays et consentent d'immenses sacrifices à cette fin. » Revenant sur son appel à la constitution d'un pôle politique regroupant le RND, le FLN, le TAJ et le MPA, Ouyahia a rassuré qu'il n'y a aucun calcul politicien derrière cette initiative et que son parti ne cherche aucun leadership. « La seule motivation c'est de conjuguer les efforts de tout un chacun dans le respect des programmes politiques propres à chaque parti afin de débattre de tous les défis politiques, économiques, sécuritaires auxquels notre pays est confronté », a-t-il précisé. « L'opposition n'est pas forte » Que pense Ouyahia de l'opposition ? Il a estimé que celle-ci n'est pas forte. Il a indiqué que l'alliance « contre nature » de ces partis n'a qu'une seule obsession : prendre le pouvoir au lieu de l'arracher par la voie des élections. « Il y a une seule voie dans le pluralisme en matière d'alternance au pouvoir, à savoir le peuple », a-t-il martelé. Sur le plan économique, Ahmed Ouyahia a estimé que le pays n'est pas « étranglé » et qu'il existe encore une marge de manœuvre pour faire face à la chute des prix du pétrole. Dans ce sillage, il a souligné la nécessité de se mobiliser et de se serrer la ceinture invitant les Algériens à travailler plus. Sur l'exploitation du gaz de schiste et les oppositions que cela a inspirées, Ouyahia a accusé certaines parties de vouloir parasiter le projet. Il a avancé que certains pays lancent des rumeurs concernant les effets négatifs de cette énergie pour des raisons servant leurs propres intérêts, citant l'exemple « d'un pays ami », un des plus grands producteurs d'énergie nucléaire et que la production de gaz de schiste par l'Algérie risque de désavantager en la matière. Tout en reconnaissant la légitimité de la colère des habitants d'In Salah, il rappelé qu'aux Etats-Unis, ce type d'énergie est exploité sans souci ni agitation. Pourtant, poursuit-il, il n'y a pas dans le monde une société qui défend farouchement ses intérêts autant que la société américaine. A noter que le RND tiendra son congrès extraordinaire en mai 2016.