Pour Ahmed Ouyahia, «le soutien au président de la République n'est pas seulement d'apporter son appui dans la mise en œuvre de son programme, mais de réagir aussi aux atteintes à sa dignité ou à l'image de l'institution présidentielle à travers l'opinion publique nationale et étrangère». La problématique de la santé du président Abdelaziz Bouteflika et sa capacité à gouverner préoccupent. Autant de fois que la question est posée par l'opposition, rejointe dernièrement par le groupe des «16», les réponses et assurances fusent des responsables du gouvernement et des relais politiques du pouvoir. Samedi dernier, c'est le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, qui monte une nouvelle fois au créneau. Interviewé par la chaîne de télévision Dzaïr News appartenant à l'homme d'affaires et président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) Ali Haddad, il a longuement abordé le sujet et rassuré sur «la bonne santé» du chef de l'Etat : «Il se porte bien, gère et dirige le pays.» S'interrogeant sur les objectifs de ceux qui mettent en doute les capacités du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia est catégorique : «Il est en possession de toutes ses facultés pour assumer sa mission.» «Le président Bouteflika n'est pas dans un cachot», affirme le secrétaire général par intérim du RND, en soutenant d'ailleurs que «le gouvernement lui soumet des propositions et agit selon ses orientations et instructions». Le chef de l'Etat, a-t-il affirmé, «dirige les forces armées dans le cadre de ses prérogatives et veille sur la politique extérieure». Même s'il qualifie leur démarche de «non-événement», Ahmed Ouyahia répond bien évidemment aux personnalités nationales qui avaient demandé audience au Président pour «l'alerter sur les dangers qui guettent le pays» et savoir, à l'occasion, «s'il est au courant ou non des décisions prises en son nom». Le chef de cabinet de la Présidence, qui s'exprimait à Dzaïr News sous la casquette de secrétaire général du RND, s'estime même en droit de répondre à ceux qui émettent des doutes sur qui gère le pays. Les personnalités, qui ont sévèrement critiqué ses dernières sorties médiatiques parlent d'un «pouvoir parallèle» et de menaces sur la souveraineté nationale. Pour Ahmed Ouyahia, «le soutien au président de la République n'est pas seulement d'apporter son appui dans la mise en œuvre de son programme, mais de réagir aussi aux atteintes à sa dignité ou à l'image de l'institution présidentielle à travers l'opinion publique nationale et étrangère». Tout au long de l'interview, l'invité de Dzaïr News a essayé de battre en brèche les arguments de Louisa Hanoune, Zohra Drif, Khalida Toumi et Lakhdar Bouragaâ qui n'ont toujours pas reçu de réponse à leur demande d'audience. Mais pas seulement. Le secrétaire général du RND s'attaque aussi à l'opposition qui doit, selon lui, «présenter des programmes et des propositions plutôt que de s'adonner à l'insulte et à l'invective». Dans une langue de bois qui lui est habituelle, Ahmed Ouyahia répond aussi à ceux qui mettent en cause la légitimité du chef de l'Etat en soulignant que l'Algérie «ne peut être prise en otage et n'accepte pas de faire l'objet de surenchères». Faisant clairement allusion à l'ancien chef de gouvernement et président du parti Talaie El Houriat, Ali Benflis, qui demande un retour aux urnes et l'organisation d'une transition, le responsable du RND a indiqué que «l'Algérie ne vit pas un vide constitutionnel pour hâter la démarche de révision de la Loi fondamentale». Il qualifie même la revendication portant sur la tenue d'une élection présidentielle anticipée d'«irrationnelle» et considère que l'appel obéit à une démarche «politicienne parce que l'Algérie est sortie de la transition en 1995». Contrairement à la dernière fois où il s'est exprimé sur le sujet de l'emprisonnement de l'ancien chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan, et du général à la retraite Benhadid, Ahmed Ouyahia s'est astreint au silence au motif que les deux affaires sont entre les mains de la justice. A l'initiative du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, le patron du RND décline gentiment l'invitation pour la simple raison que lui propose une autre forme de regroupement autour du président de la République. Au plan économique, Ahmed Ouyahia ne préconise pas d'autre politique que celle prônée par le gouvernement Sellal. Revenant sur la nécessité de maintenir le droit de préemption et la règle des 51/49%, l'invité de Dzaïr News, qui prévoit que le cours du pétrole ne se redressera pas de sitôt, soutient que certaines choses doivent cesser. Il en annonce quelques-unes : «L'effacement des dettes et les politiques sociales qui profitent aussi bien aux riches qu'aux pauvres.»