Les chefs d'Etat et de gouvernement sont nombreux à avoir quitté Paris, laissant le soin à leurs diplomates et techniciens négociateurs de travailler sur le projet de document de 54 pages, élaboré par la commission de préparation qui s'est réunie à de multiples reprises à Bonn sous la co-présidence de l'Américain Daniel Reifsnyder et du diplomate algérien, Ahmed Djoghlaf. C'est cet expert internationalement reconnu, ancien Secrétaire exécutif des Nations unies pour la biodiversité, qui devrait être l'un des principaux animateurs des négociations qui se déroulent à huit clos. Le rapport final des travaux, qui devrait servir de base à la déclaration ou du traité de la COP21 sera remis au président de la conférence, Laurent Fabius, le 5 décembre. Ce sera un moment crucial qui préfigurera du succès ou de l'échec de l'événement mondial sur les changements climatiques : si de nouvelles propositions ont été incluses pour que la température de la planète ne dépassera +2°C à l'horizon 2100 ; si le principe juridiquement contraignant des engagements à la baisse des gaz à effet de serre sera accepté, malgré les réticences actuelles, voir l'opposition, des Etats-Unis, principal pollueur du monde avec la Chine ; si des solutions ont été trouvées pour que l'aide aux pays en développement atteigne les 100 milliards de dollars en 2020 avec son renouvellement annuel. Pendant que se déroule les négociations à la recherche d'un consensus ou d'une unanimité des 195 membres sur le document final de la conférence, la COP 21 fourmille de rencontres, de séminaires et de tables-rondes tant dans le cadre officiel que du côté de la société civile dans un immense espace «Génération climat». Dans le cadre officiel, deux faits majeurs ont eu lieu depuis dimanche dernier. Ce fut d'abord la création d'une Alliance solaire internationale groupant 121 pays, dont 51 pays africains parmi lesquels figure l'Algérie. Créée dimanche sous la présidence, notamment, de l'initiateur du projet, le Premier ministre indien, Narenda Modi, et du président français, François Hollande, l'Alliance a pour but «de fédérer les efforts des pays en développement, riches en ressource solaire, pour attirer les investissements et les technologies dans ce secteur et développer les usages de l'énergie solaire». Elle prône le «mariage» entre les pays riches comme les Etats-Unis, la France et le Japon qui disposent de financements et de technologies et les pays du Sud possédant un important potentiel solaire. Il s'agit d'un lourd et important projet qui dépendra, une fois de plus, de la sincérité des pays riches à dégager les investissements indispensables pour une énergie renouvelable et non polluante porteuse de développement économique et social. L'autre événement majeur de ce début de la COP21, est la tenue, hier matin, d'un sommet sous le thème «Défi climatique, solutions africaines». Sous la présidence de François Hollande et du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, ce sont douze chefs d'Etat africains, la Présidente de l'Union africaine, des représentants de plusieurs gouvernements et d'institutions internationales, comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, qui se sont penchés sur la nécessité de l'émergence d'un modèle de développement sobre en carbone, la lutte contre la désertification et l'accompagnement à l'adaptation au dérèglement climatiques. A cette occasion, M. Hollande a annoncé que la France s'engage à porter à plus de 2 milliards d'euros son financement aux énergies renouvelables en Afrique sur la période 2016-2020. Dans le domaine de la lutte contre la désertification et l'adaptation au changement climatique «la France triplerait progressivement ses engagements bilatéraux en Afrique pour atteindre 1 milliards d'euros en 2020». Cette aide «portera prioritairement sur des projets s'inscrivant dans les initiatives africaines de Grande muraille verte, ou encore de préservation du lac Tchad et du fleuve Niger». Au cours de leurs allocutions de lundi lors de la première séance plénière de la COP21, les chefs d'Etat africains, directement concernés par ce qui pourrait devenir un drame humain et écologique, ont plaidé leur cause. Le Président tchadien a lancé un véritable cri d'alarme pour sauver le lac Tchad menacé d'une disparition qui mettrait en danger la vie de 30 millions de personnes. M. M.