Merzak Meneceur La France s'est réveillée lundi matin sous le choc d'une percée électorale historique du Front national au premier tour des élections régionales. Sur les treize régions (un nouveau découpage qui succède à l'ancien qui comportait 22), le parti d'extrême-droite est en tête dans six régions, la droite dans quatre et la gauche dans trois. Les scores les plus frappants de «l'ombre brune» comme le dit L'Humanité, sont ceux de Marine Le Pen avec 40% des voix dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, qui a dépassé les 41% dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le plus frappant aussi et surtout est qu'au niveau national le Front national est arrivé en tête avec 30% des voix, soit 6 millions d'électeurs, bien devant la droite, 27%, et les socialistes, 23,5%. En ajoutant les voix des Verts et du Front de gauche, la gauche arrive à 34% environ. Le taux de participation électorale a été de 50%. Potentiellement, le FN peut gagner, dimanche prochain, le deuxième tour, deux, voire trois, régions. Ce sera un séisme politique qui préfigure l'application de programmes économiques et socioculturels rétrogrades et discriminatoires à des millions d'habitants, plus particulièrement aux étrangers. Incontestablement, aujourd'hui la France est frappée d'un lepénisme aigu et les idées des plus rétrogrades avancent. Ses arguments électoraux passent en surfant sur l'absence de résultats de la politique économique et sociale du pouvoir, que symbolise un niveau de chômage insupportable pour la population, le sentiment de peur après les derniers attentats terroristes, il y a de quoi remercier Daesch, une propagande non fondée sur un mouvement migratoire qui viendrait déferler sur la France, la haine du musulman présentait comme un facteur d'insécurité et de danger contre l'identité nationale, etc. La victoire du FN est une défaite cuisante pour la droite qui espérait rafler la mise aux élections régionales et se placer en premier parti de France. Nombreuses sont les voix qui remettent en cause Nicolas Sarkozy, leader des Républicains, à qui est imputée l'échec. Et ses alliés centristes ne sont pas disposés à le suivre dans sa position du deuxième tour : ni fusion, ni retrait des listes arrivées en troisième position, quitte à favoriser la victoire des listes du Front national. Le parti socialiste, comme les autres forces de gauche, partant du principe qu'il faut tout faire pour placer «un barrage républicain» au Front national, a pris la décision de retirer ses listes dans les deux régions où les Le Pen sont arrivées en tête, en position très favorable pour faire main basse sur les deux régions concernées. Le PS a demandé aussi à son candidat de l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine de se retirer car il est en troisième position sans aucune chance de battre le FN ou la droite. Dans un premier sondage publié hier, en cas de triangulaires droite-centre-Front national, 59% des Français voteraient pour la liste des Républicains alliés aux Centristes. Le «sacrifice» des socialistes, en particulier, et de la gauche dans son ensemble, dans l'intérêt de la République et de la démocratie, serait dans ce cas payant. M. M.