Les élections régionales en France qui permettront d'élire les conseils régionaux débuteront dimanche avec en perspective la probable victoire du Front national, conséquence de sa progression et de son implantation. Le scrutin des assemblées délibérantes au niveau des régions (13), sous l'emprise du Parti socialiste actuellement, se déroule cette année dans un contexte d'état d'urgence, décrété depuis les attentats terroristes de Paris, 13 novembre dernier, qui ont fait 130 morts. La campagne électorale avait été interrompue juste après les attentats et plusieurs meetings ont été annulés, laissant place durant une quinzaine de jours aux questions qui intéressent le plus les Français : la lutte contre le terrorisme et la sécurité. Ces élections, qui avaient lieu d'habitude au mois de mars, se déroulent depuis 1986 au suffrage universel et, depuis celles de 2004, dans le cadre d'un scrutin proportionnel de liste à deux tours avec prime majoritaire. Les observateurs de la scène politique française prédisent une forte abstention des Français, en raison de la "démobilisation" de l'électorat qui ne voit pas de résultats dans l'action du gouvernement. Face à la division de la gauche, depuis l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, et la progression du parti de Marine Le Pen, les mêmes observateurs estiment que le FN apparaît d'ores et déjà comme le "grand gagnant" des élections, qui se déroulent jusqu'au 13 décembre. Dans plusieurs régions, le FN est donné en tête au 1er tour, notamment dans le Grand-Est, en Bourgogne Franche-Comté et en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Même en Bretagne, le FN progresse, selon les intentions de vote. Pour contrecarrer la montée en puissance du FN, une mobilisation tout azimut s'est constituée au plan politique et médiatique. Sur le plan politique, l'ancien président Nicolas Sarkozy se dresse comme une alternative à la gauche et l'extrême droite. "La seule alternance, c'est nous", avait-il dit. Au plan médiatique, le journal le Monde a pris position contre le Front national, dans un éditorial signé vendredi par son directeur Jérôme Fenoglio, il dénonce une "imposture" qui "constitue une grave menace pour le pays". Les hebdomadaires l'Express et l'Obs ont également publié cette semaine des éditos contre le FN. Lundi dernier, c'était le grand quotidien régional La Voix du Nord qui avait pris position contre une éventuelle élection de Marine Le Pen à la tête de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Le Monde a affirmé que l'idéologie du FN et ses propositions sont "contraires aux valeurs républicaines, à l'intérêt national, à l'image de la France dans le monde". Pour sa part, le quotidien Libération s'est interrogé samedi sur la probable forte abstention : "Depuis quand la désertion est-elle une solution ? Telle est pourtant la menace qui plane sur ces élections régionales". Pour ce journal, un succès du FN dans ces élection lui "permettrait de gouverner des régions entières et de s'en servir comme tremplin pour la conquête du pouvoir". Le journal de droite, le Figaro a considéré que le parti de Le Pen "ne peut évidemment pas représenter une alternative sérieuse, aux régionales et moins encore à la présidentielle", ajoutant qu'il "refuser toute forme d'alliance avec le PS entre les deux tours et, surtout, refonder sa doctrine de fond en comble. C'est ainsi qu'elle fera revenir ceux qu'elle a fait fuir et réduira l'influence d'un FN qui veut sa mort".