La Russie a, elle, mis en garde contre une possible «course aux armements» dans la péninsule coréenne que susciterait la volonté des Etats-Unis d'y déployer leur système anti-missile THAAD Le lancement, dimanche dernier, par Pyongyang d'une fusée en violation de plusieurs résolutions des Nations unies n'en finit pas de provoquer des réactions. Tokyo a ainsi annoncé, hier, de nouvelles sanctions à l'encontre de la Corée du Nord. Ces mesures comprennent une interdiction d'accès aux ports japonais des navires nord-coréens, «y compris ceux à caractère humanitaire», et de bateaux de «pays tiers» s'étant rendus en Corée du Nord, a déclaré le gouvernement dans un communiqué. La Corée du Nord a testé dimanche une fusée de longue portée, officiellement pour lancer un satellite de communication. Mais de nombreux experts estiment qu'il s'agit d'un essai de missile balistique intercontinental – une violation flagrante des résolutions de l'Organisation des Nations unies interdisant à Pyongyang tout programme nucléaire ou balistique. De son côté, en réponse à l'essai nucléaire et au tir de fusée réalisés par son voisin, la Corée du Sud a également annoncé, hier, qu'elle allait pour la première fois suspendre les opérations dans la zone industrielle intercoréenne de Kaesong. «Nous avons décidé de cesser toutes les opérations sur le complexe de Kaesong afin que (…) nos investissements dans ce complexe ne soient pas utilisés par le Nord pour financer son développement nucléaire et balistique», a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre sud-coréen de l'unification, Hong Yong-pyo. Ouverte en 2004 comme un symbole de la «réconciliation» entre les deux Corées, cette zone industrielle, financée par la Corée du Sud, est une source cruciale de devises étrangères pour Pyongyang. Située à une dizaine de kilomètres de la frontière, côté nord-coréen Kaesong emploie en effet 53 000 Nord-Coréens, dans 124 petites entreprises manufacturières sud-coréennes. Autre réaction, mais pas contre la Corée du Nord. La Russie a, elle, mis en garde, hier, contre une possible «course aux armements» dans la péninsule coréenne que susciterait la volonté des Etats-Unis d'y déployer leur système anti-missile THAAD, Washington ayant déclaré, au lendemain du lancement de la fusée nord-coréenne, que des négociations allaient être engagées avec Séoul pour le déploiement du bouclier anti-missile. «L'installation d'éléments du système global de défense anti-missile américain dans la région, caractérisée par une situation assez difficile dans le domaine de la sécurité, peut provoquer une course aux armements en Asie du Nord-est et compliquer davantage le règlement du problème nucléaire de la péninsule coréenne», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. «Plus globalement, cette mesure est susceptible de renforcer l'influence destructrice du système global de défense anti-missile américain sur la sécurité internationale et la stabilité», estime le ministère. Washington a annoncé, lundi dernier, son intention de déployer «aussi vite que possible» son système sophistiqué anti-missile THAAD (Terminal high altitude area defense) en Corée du Sud. Ce système tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou qu'ils viennent d'y entrer. THAAD a commencé d'être déployé par les Américains à partir de 2008. Les Etats-Unis ont toutefois précisé que très puissant bouclier est un système «défensif» et qu'il est orienté «contre la menace nord-coréenne» non pour la surveillance de la Chine. Ça n'a pas empêché Pékin d'exprimer ses inquiétudes que THAAD soit utilisé contre elle, le considérant comme une manœuvre pour sa propre dissuasion nucléaire. R. C./agences