De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Dans un pays où le gaz est une richesse naturelle qui génère bien des rentrées d'argent et fait le bonheur des citoyens des pays étrangers, il est inconcevable de parler de pénurie de gaz ou de faible taux de pénétration de cette énergie. C'est, pourtant, le cas dans plusieurs villes et wilayas du pays. Oran ne déroge pas à la règle et voit plusieurs communes et localités privées encore de raccordement au réseau du gaz de ville. Et les exemples ne manquent pas à ce sujet. A commencer par une commune située à une encablure de la ville d'Oran. Plusieurs quartiers de cette commune restent dépourvus de gaz de ville. Pourtant, il s'agit de cités nouvellement réceptionnées dans le cadre des programmes sociaux. C'est le cas pour les cités des 50 et 120 logements à El Kerma qui ont été attribuées à leurs bénéficiaires depuis cinq années déjà. Sans électricité, et sans alimentation en eau potable et encore moins le gaz de ville, ces deux cités ont dû patienter plusieurs années pour pouvoir bénéficier de certaines commodités. Jusqu'à l'heure actuelle, ces deux cités, et d'autres à travers la wilaya, attendent toujours d'être raccordées au réseau du gaz. Les travaux de pose du réseau ont été, pourtant, effectués sur le budget de la commune. «Le réseau du gaz est à quelques mètres seulement de nos immeubles», note Redouane, un jeune père de famille. Il existe dans la wilaya d'Oran des centaines d'exemples de ce type, mais aussi d'autres où l'enclavement est total à quelques kilomètres de la plus grande commune du pays. Selon une source de la direction des mines et de l'énergie, «près de 30 000 foyers répartis entre 200 zones d'habitations attendent d'être raccordées au réseau du gaz naturel», note-t-on. Et ce sont, évidemment, les communes et les bourgs ceinturant la ville ou celles encore situées dans les limites des frontières de la wilaya qui subissent les affres de cette situation. Ce qui équivaut à un taux de défaillance en matière de raccordement des foyers au gaz naturel à près de 50%, croit-on savoir. Sur les 26 communes que compte la wilaya, elles sont plus d'une vingtaine qui attendent de bénéficier des bienfaits du gaz naturel. Cela eu égard aux récurrentes pénuries de gaz butane et la cherté de l'énergie électrique pour les petites bourses et les familles démunies. Une telle situation ne manque pas de créer un effet de chaîne, notamment en période hivernale où la consommation de l'énergie électrique croît de manière vertigineuse poussant la Sonelgaz à recourir aux délestages.A priori, plus de six communes de la wilaya sont dépourvues de manière cruelle du réseau du gaz. Il s'agit des communes d'El Braya, Oued Tlélat, Boufatis, Tafraoui, Ben Fréha et Aïn El Kerma. Dans les seules communes d'El Braya, Oued Tlélat et Boufatis, il y a 30 000 habitants qui attendent d'être approvisionnés en gaz naturel. Pour le moment, c'est le calvaire au quotidien pour s'approvisionner en gaz butane. A la Sonelgaz, on argue du fait que les citoyens ne s'acquittent pas de leurs quotes-parts dues au frais de réalisation et d'installation du gaz. Un argument qui ne tient pas la route dans plusieurs localités qui attendent d'être reliées au réseau, comme on a vu avec le cas d'El Kerma. Dans ce cadre, il faut noter l'initiative de la Sonatrach qui a pris à sa charge plus de 65% du budget de raccordement de 4 249 foyers au réseau du gaz naturel dans les communes de Tafraoui, El Kerma, Es Sénia, El Braya, Béthioua, Boufatis, Oudet Tlélat, Bir El Djir sur une distance de 42,652 kilomètres. Le montant global des travaux de raccordement est évalué à plus de 230 millions de dinars. Bien que la localité de Ben Fréha a vu l'implantation d'une usine d'enfûtage de bouteilles de gaz butane, il n'en demeure pas moins que l'hiver à Oran est synonyme de souffrances et de mauvaises conditions de vie pour nombre de foyers et de ménages dans la wilaya et qui ont toujours du mal à s'approvisionner en gaz butane. Certaines familles ont trouvé la parade en gardant plusieurs bouteilles de gaz qui sont entreposées à la maison. Cela leur permet de faire face aux pénuries et/ou aux retards de livraison. Mais qu'en est-il du danger… ?