Alors que de nombreux experts prédisent la persistance de la tendance baissière des prix dans les prochains mois voire des années, des majors pétroliers évoquent un tout autre scénario et n'écartent pas un rééquilibrage des prix au plus tard avant la fin de l'année en cours. Réunies à Londres (Grande-Bretagne) pour l'International Petroleum (IP) week, ces majors expliquent cette amélioration des cours de l'or noir par la forte baisse des investissements, ayant atteint «un niveau dangereux». Ce phénomène de sous-investissement a touché, pour rappel, plusieurs compagnies pétrolières qui ont décidé d'opérer des coupes drastiques afin d'équilibrer leurs budgets et faire face à l'accentuation de la chute des prix. Alors que de nombreux experts prédisent la persistance de la tendance baissière des prix dans les prochains mois voire des années, des majors pétroliers évoquent un tout autre scénario et n'écartent pas un rééquilibrage des prix au plus tard avant la fin de l'année en cours. Réunies à Londres (Grande-Bretagne) pour l'International Petroleum (IP) week, ces majors expliquent cette amélioration des cours de l'or noir par la forte baisse des investissements, ayant atteint «un niveau dangereux». Ce phénomène de sous-investissement a touché, pour rappel, plusieurs compagnies pétrolières qui ont décidé d'opérer des coupes drastiques afin d'équilibrer leurs budgets et faire face à l'accentuation de la chute des prix. Ainsi, cette réduction des investissements prépare le futur rebond des prix, juge Patrick Pouyanné, P-dg de Total. «Nous sommes clairement confrontés aujourd'hui à une crise de surabondance d'offres, un excès de capacité qui s'explique aussi parce que la demande a été plus faible qu'attendu», a déclaré M. Pouyanné lors de cette conférence, selon l'APS. Il explique au passage que «chuter de 120 à 30 dollars le baril (depuis la mi-2014) a divisé par quatre le chiffre d'affaires des entreprises» du secteur pétrolier. Dans le même ordre d'idées, il juge que l'ampleur de ce déclin était inédite, y compris par rapport à la crise traversée par le marché au milieu des années 1980, et qu'elle avait des conséquences sur l'industrie dans son ensemble, l'obligeant à réagir. Le patron de Total, poursuivant ses projections optimistes, est allé jusqu'à prévoir un déficit du marché à court et moyen termes, alors que l'offre est, actuellement, excédentaire à environ 2 millions de barils par jour (mb/j). Le patron du groupe français relativise au passage le niveau des excédents actuels, lesquels ne représentaient, à ses yeux, que 2% de la production du marché, estimée à 90 millions de barils. Il rappelle qu'en 1985, les niveaux comptaient pour 6 à 7% de ce marché. Conclusion du patron de Total : le déclin naturel de la production des champs de pétrole existants, couplé à une hausse de la demande, créeront le besoin d'un million de barils par jour supplémentaires chaque année d'ici 2020. Le même responsable prévoit même un déficit d'offre qui devrait atteindre, d'ici 2020, 5 à 10 millions de barils par jour. Par conséquent, il estime que «si nous continuons comme cela (désinvestissement), nous préparons le prochain rebond» des prix du pétrole. Cette analyse est partagée par le chef du développement de la compagnie italienne ENI qui pense que si l'industrie pétrolière réduit trop drastiquement ses investissements, sur fond de chute des prix du brut, elle court le risque de ne pas pouvoir faire face à la croissance de la demande. «L'effet général (de la chute des cours) est que les dépenses d'investissements en amont ont été réduites à des niveaux dangereux», a-t-il relevé, précisant qu'après une baisse de 20% en 2015, ils devraient être encore réduits de 50% cette année. Pour lui, ce phénomène de sous-investissement «risque (même) de compromettre la structure de l'industrie». Le directeur général de la compagnie pétrolière britannique British Petroleum (BP), Bob Dudley, prévoit, pour sa part, un équilibrage «entre l'offre et la demande au niveau mondial durant la seconde partie de l'année, au troisième ou quatrième trimestre». L'annulation ou le report de quelque 400 milliards de dollars de projets dans le secteur pétrolier en raison de la faiblesse des cours «va provoquer une nouvelle réaction (du marché)», analyse le patron de BP. Côté russe, c'est le patron du géant pétrolier Rosneft qui est venu prévoir un déficit de 500 000 barils par jour d'ici fin 2017. En attendant de probables développements du marché, les prix continuent, eux, à évoluer en dents de scie. Vendredi dernier, ils ont fortement rebondi suite à des rumeurs sur une baisse de production de l'Opep. S. B. /Agences Le ministre émirati de l'Energie s'attend à une stabilisation de l'offre Le ministre émirati de l'Energie Souhail al-Mazrouei a déclaré s'attendre à «une stabilisation» de l'offre de pétrole sur le marché, déprimé par la chute des prix. «Le marché va obliger tous (les producteurs), non à réduire, mais à stabiliser leurs niveaux de production», a déclaré al-Mazrouei. Selon le ministre émirati, dont le pays est l'un des principaux membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la demande mondiale sur le brut devrait augmenter cette année de 1,3 million de barils par jour (mbj), et «il est possible qu'il y ait une baisse de 500 000 barils/jour (bj) [...] dans l'offre des pays non-membres de l'Opep». Il en résulte une demande additionnelle de 1,8 mbj qui «ne trouvera pas une offre équivalente car plusieurs pays ont suspendu les investissements» nécessaires pour augmenter leur capacité de production, a expliqué le ministre émirati. al-Mazrouei se veut «optimiste sur un retour à l'équilibre» sur le marché, qui repoussera les prix à la hausse, sans évoquer l'action qu'entreprendrait à cette fin l'Opep ou encore son pays. Des propos attribués au ministre émirati de l'Energie dans plusieurs titres de presse et selon lesquels l'Opep était en mesure d'abaisser sa production ont alimenté les spéculations sur les marchés.